Bundi, située à 200 kilomètres de Jaipur, est une de ces petites villes en Inde qui vous enchantent tout particulièrement. La cité est ancienne, souvent de bleu vêtue, à la façon de Jodhpur. Le Palais royal trônant majestueusement sur la ville nous rappelle le faste lointain des Maharajas quand ils descendaient à dos d’éléphant les ruelles étroites de la cité.
On pense que la ville de Bundi tire son nom d’un chef de la tribu ‘Meena’ appelé Bunda. À partir du 14e siècle, les Meenas furent écartés et la région sera gouvernée par les Maharajas Hada, des rajpoutes ‘Agnikula’ qui se disent descendants du dieu du feu Agni. En 1342, Rao Deva Hada fondera l’état princier de Bundi, la région sera alors appelée ‘Hadoti’.
Bundi est aussi à l’origine de la création d’un style de peinture miniature très en vogue du 17e au 19e siècle ; les magnifiques fresques du palais royal en sont les parfaites illustrations (voir ci-dessous).
Le festival de Kajli Teej est principalement célébré par les femmes du Rajasthan qui honorent la déesse hindoue Teej (un avatar de Durga), afin qu’elle les bénisse d’une vie conjugale heureuse. Les festivités commencent par une procession lors de laquelle la déesse est portée en procession dans la ville suivie de chars montrant différents aspects de la culture du Rajasthan.
À la vue de cet imposant palais, un des plus beaux exemples de l’architecture rajpoute, on imagine sans peine sa prospérité d’antan.
Le palais principal a été construit par Rao Raja Ratan Singh Hada entre 1607 et 1631. Les dirigeants suivants viendront y ajouter leur touche personnelle. La famille royale de Bundi vécut dans ce palais jusqu’en 1948 et, à l’heure actuelle, très peu de pièces sont restaurées.
Quel dommage ce manque d’entretien, car les parties ouvertes au public nous offrent un fabuleux spectacle pictural avec des fresques raffinées illustrant différentes scènes de la vie courante et les ‘leelas’ du dieu Krishna, toutes provenant de l’école de peinture de Bundi. On y découvre aussi un magnifique plafond d’inspiration chinoise, divisé en forme de pétales et décoré de paons et de divinités.
À partir du palais de Bundi, un petit sentier pavé, vous mène jusqu’au fort de Taragarh. Une vingtaine de minutes de marche vous seront nécessaires pour atteindre le sommet escarpé de la colline.
Ce bastion colossal construit en 1354 est maintenant laissé à l’abandon ; il ne reste ici et là que quelques belles fresques, des vestiges d’un palais et un monumental puits où les singes (attention!) viennent s’abreuver. À son apogée, le fort de Taragarh était réputé pour ses tunnels sillonnant toute la colline.
Cela dit, la vue panoramique sur la ville de Bundi et sur le lac Jait Nagar vaut en elle-même le déplacement.
Bundi était auparavant appelée ‘Bunda-Ka-Nal’, ‘Nal’ signifiant ‘voies étroites’. Il est vrai que les venelles colorées de la ville et ses maisons aux porches magnifiquement décorés sont de véritables joyaux pour les promeneurs comme pour les photographes.
Les innombrables bazars et marchés frétillants de la ville sont aussi une étape obligatoire lors de votre visite de Bundi. Ils vous invitent à la flânerie et aux rencontres improvisées avec les locaux.
Comme les bazars en Inde, ils sont repartis en fonction de leur spécialité. À proximité de l’ancienne porte de la ville, l’Indra market vend surtout des vêtements tandis qu’au Chudi bazar, ce sont les ‘chourias’ les bracelets colorés indiens qui sont à l’honneur.
Et si vous souhaitez toujours plus de clichés typiques sur la vie locale, le marché de gros, à 3 km de Bundi, est fait pour vous !
Les puits à paliers ou à degrés (baoris) sont typiques des zones désertiques du Gujarat et du Rajasthan. Ils servaient de réservoirs pendant les périodes de sécheresse, mais aussi de lieux de festivités pour le Maharaja et sa cour.
Sur la cinquantaine de baoris à Bundi, seuls quelques-uns ont passé l’épreuve du temps et beaucoup d’entres eux sont mal entretenus.
Le Raniji-ki-Baori, le puits de la reine, est le meilleur exemple de l’art des baoris à Bundi. Construit en 1699 par la reine Nathawat ji, il présente des arches délicates de style jaïn et des sculptures hindoues des neuf incarnations du dieu Vishnou.
Juste à côté du puits de la reine se trouve le Dhabhai kund, un immense baori de construction symétrique datant du 17e siècle. Il serait le deuxième plus grand puits à paliers d’Inde après celui de Chand Baori.
On arrive habituellement dans la ville de Bundi par la route qui contourne le lac de Nawal Sagar, là où un temple à Varuna est à moitié immergé ; ça tombe bien, car dans la religion hindoue, Varuna est le dieu de l’eau et de l’océan céleste ainsi que du monde sous-marin. Le lac offre une superbe vue sur le fort et une partie de la ville.
En continuant vers le fort, dans le Sada bazaar, à gauche de la statue colorée d’un éléphant, vous pourrez découvrir le temple jaïn Mahavir ; son extérieur très simple ne laisse pas envisager un intérieur si raffiné doté d’arcades à colonnes vert émeraude et de plusieurs petits sanctuaires. Une belle surprise !
En continuant dans ce même Bazar, à l’angle de deux ruelles, le temple Charbhuja Krishna attire l’attention avec ses couleurs chamarrées. L’intérieur du sanctuaire tout aussi colorée vaut aussi le coup d’œil.
Non loin du temple Charbhuja Krishna, le temple Laxminath Ji, coincé entre deux édifices et caché par des échoppes, passerait presque inaperçu. C’est pourtant le plus vieux temple de Bundi, dédié à Lakshmi, la déesse de la prospérité.
Nous prenons la route pour nous diriger vers la résidence d’été du Maharaja, le Sukh Mahal, érigé en bordure de lac Jait Nagar parsemé de lotus roses et blancs.
Le palais était jadis relié au palais principal de Bundi par un couloir souterrain. Le bâtiment est plutôt simple et la visite s’avère rapide. La résidence est surtout célèbre pour avoir accueilli l’écrivain Rudyard Kipling qui y écrivit quelques pages de son livre ‘Kim’.
En sortant du Sukh Mahal, vous remarquerez les tombes des satis à gauche. La pratique du ‘sati’ qui voulait que les veuves s’immolent sur le bucher funéraire de leur époux a été interdite en 1829. On a noté encore quelques cas isolés après cette date. Cette pratique est en relation étroite avec le statut social des veuves qui avaient alors cours à cette époque. À la mort de leur mari, elles étaient souvent écartées et jetées hors de leur foyer par la belle famille et réduites à mendier voire à se prostituer.
Au sud de Bundi, vous trouverez un cénotaphe royal, particulièrement travaillé, construit en 1740 par le Maharaja de Bundi, Raja Rao Anirudh, comme mémorial pour son frère adoptif, Deva.
Le cénotaphe abrite un temple doté d’un lingam, le symbole du dieu hindou Shiva, surmonté d’une coupole joliment décorée de fresques. La particularité de ce mémorial-temple est qu’il est soutenu par 84 piliers octogonaux. Quatre-vingt-deux de ces piliers sont visibles, les deux derniers sont cachés… À vous de les trouver…
À quelques kilomètres de Bundi, nous trouvons un paisible village réputé pour ses ‘Kumbhakar’ ou potiers.
Les familles de potiers accueillent les visiteurs avec plaisir et sont toujours ravies de vous faire une démonstration du travail de l’argile, du façonnage au martelage jusqu’à la cuisson. Alors que cet artisanat tend à être boudé par la nouvelle génération, certains de ces jeunes potiers ont décidé de créer une école d’apprentissage de la poterie pour que cette tradition ne se perde pas.
Si vous voyagez dans la région de Bundi pendant ou après la mousson* (juillet – septembre) ne manquez pas de vous rendre aux cascades de Bhimlat Mahadev. Les chutes d’eau tombent d’une hauteur de 45 m dans une gorge entourée d’une épaisse forêt… Un lieu absolument enchanteresque.
*En dehors de ces dates, le flux de la rivière est bien moindre et ne vaut pas forcément le déplacement.
La légende raconte que les frères Pandavas de l’épopée hindoue du Mahabharata vinrent se reposer en ce lieu et que l’un des frères, Bhima, frappa le sol du pied pour obtenir de l’eau potable. Un ruisseau jaillit et on dit que cette même source d’eau pure coule encore de nos jours dans le temple de Bhimlat Mahadev, aux pieds des cascades.