Rameshwaram est située sur l’île de Pamban, faisant face au Sri Lanka, au sud-est du Tamil Nadu. Ses eaux cristallines bordées de charmants petits villages de pêcheurs et son temple Ramanathaswamy, un des plus hauts lieux de pèlerinages de l’Inde, en font une étape incontournable lors de votre voyage dans le Tamil Nadu.
La légende raconte que Rameshwaram est l’endroit où le dieu hindou Rama construisit un pont à travers la mer jusqu’au Sri Lanka pour sauver son épouse, Sita, des griffes de son ravisseur Ravana.
Le nom de Rameshwaram « le seigneur de Rama » fut donné à cette ville lorsque Rama rendit hommage au dieu Shiva à son retour du Sri Lanka.
Pour se laver du meurtre du roi-démon Ravana, le seigneur Rama voulut offrir un sanctuaire à Shiva. Il demanda à Hanuman, le dieu-singe à la tête de son armée, de ramener un lingam du mont Kailash, dans l’Himalaya.
Mais, comme cela prit du temps et que la période astrologique favorable pour l’installation du lingam était sur le point d’être dépassée, Sita créa un petit lingam à partir du sable de la plage de Rameshwaram. Quand Hanuman revint enfin et vit le lingam de sable, il fut un peu déçu.
Pour consoler Hanuman, Rama ordonna que tous les rituels soient effectués en premier lieu sur le lingam « Vishwalingam » ramené par Hanuman ensuite sur celui de Sita. Cette tradition se perpétue encore de nos jours dans le temple de Rameshwaram.
Le pont de Rama ou « Rama Sétu » ou encore « pont d’Adam » est mentionné dans l’ancienne épopée indienne du Ramayana sous le nom de « Setubandhanam ». Rama Sétu (« sétu » signifie « pont » en sanscrit) fait référence au pont construit par l’armée des Vanaras (hommes-singes) de Rama qui fut utilisé pour atteindre le Sri Lanka et sauver Sita.
Ce qui n’était qu’une légende devint un peu plus une réalité quand les images satellites de la NASA de 2002 révélèrent effectivement un bras reliant le Sri Lanka à Rameshwaram.
Différents groupes religieux hindous se basant sur ces images affirment que ce pont a bel et bien existé et était construit de main d’homme. Néanmoins, jusqu’à très récemment, de nombreuses études scientifiques confirmées par plusieurs décisions judiciaires en Inde avaient déterminé que ce pont n’était en fait qu’un long banc de sable et de coraux.
Cependant, en décembre 2017, coup de théâtre : plusieurs chercheurs de l’Université de l’Indiana, du Colorado et de l’Oregon ont déclaré qu’il existait bien des roches sous le pont d’Adam et qu’elles étaient plus anciennes que le banc de sable les recouvrant…
Nous ne manquerons pas de suivre le prochain épisode de cette énigme mythologique ! 😉
Le temple Ramanathaswamy est l’un des plus hauts lieux de pèlerinage hindous, et cela, à plusieurs égards :
Il est abrite l’un des 12 « Jyotir lingam » , les très révérés « lingams de lumière »;
C’est l’un des 275 « Paadal Petra Sthalams », c’est-à-dire l’un des temples à Shiva glorifié dans les vers de trois Nayanars (saints tamouls) les plus connus : Appar, Sundarar et Tirugnana Sambandar;
Il fait aussi partie des « Char Dham« , les quatre pèlerinages hindous les plus sacrés de l’Inde.
Le temple abrite deux lingams : le « Ramalingam » créé selon la légende par Sita, résidant en tant que divinité principale, et le « Vishwalingam », celui rapporté par Hanuman (voir plus haut).
Hormis l’aspect spirituel, le temple de Ramanathaswamy est réputé pour sa magnifique architecture dravidienne élaborée au 12e siècle par la dynastie Pandya. Son petit « must » est son couloir aux 1008 piliers, le plus long de tous les temples hindous de l’Inde, sculpté dans le style de Meenakshi à Madurai.
Une autre des particularités de l’île de Rameshwaram est ses 64 « thirthams » ou puits sacrés. Recevoir ces eaux bénites est un aspect essentiel du pèlerinage de Rameshwaram et, d’un point de vue spirituel, ceci est considéré comme équivalent à une longue pénitence.
Selon les Saintes Écritures hindoues, 24 de ces puits sont les plus importants ; 22 de ces thirthams se trouvent dans le temple Ramanathaswamy.
D’après la légende, Rama a créé ces puits après avoir réalisé son erreur d’avoir tué Ravana. Il reconnut que le roi-démon, qui était un grand dévot de Shiva, avait reçu des pouvoirs directement du Seigneur Mahadev ; le tuer était donc un péché.
En réalité, à Rameshwaram, Rama a exécuté un « atma shanti puja » (rituel pour la paix de l’âme des défunts) au nom de Ravana.
Le « yatra » (pèlerinage) commence au ghat « agni thirtham » en face de Ramanathaswamy où les fidèles prennent un bain dans la mer. Puis, ils se dirigent vers le temple où ils passent de puits en puits (22 au total) pour se faire asperger d’eau sacrée.
On dit que le goût et la température de l’eau de chacun de ces puits sont différents ; ils ont aussi une signification spirituelle spéciale.
Situé à 2 km de Ramanathaswamy, Sri Panchmukhi Hanuman fait partie des temples à ne pas manquer à Rameshwaram. Son principal intérêt est sa belle statue de 6 mètres d’Hanuman à cinq têtes ; il n’est pas fréquent de voir cette image du dieu-singe.
La tête centrale de la statue est celle d’Hanuman, trois autres représentent trois des huit incarnations du dieu Vishnou : Varaha (l’homme-sanglier), Hayagriva (l’homme-cheval), Narsimha (l’homme-lion). La quatrième face est celle de Garuda, l’homme-aigle, véhicule divin de Vishnou.
On dit qu’Hanuman a pris cette forme à cinq têtes pour pouvoir tuer Mahiravan, qui avait kidnappé Rama et Lakshmana. Mahiravan était un rakshasa (un être surnaturel mangeur d’hommes) qui avait secrètement emmené Rama et son frère Lakshmana dans le monde souterrain pour les sacrifier sur l’autel de la déesse Mahamaya. Hanuman arriva à temps et sauva la vie des frères divins en terrassant Mahiravan et son armée.
Juste à côté, un petit sanctuaire renferme les mystérieuses « pierres flottantes » qui, d’après les croyants, seraient celles utilisées pour construire le pont de Rama. En fait, et sans vouloir froisser la sensibilité religieuse des fidèles, ces pierres magiques seraient tout simplement des pierres volcaniques qui ont une densité très faible et flottent naturellement sur l’eau.
Pour finir en beauté la visite de Rameshwaram, Dhanuskodi est un must ! Située à la pointe de l’île de Rameshwaram, il vous faudra environ 30 minutes de route (splendide) à partir du centre de Rameshwaram pour atteindre la plage. Là, l’océan Indien (à droite) se marie à la mer d’Arabie (à gauche).
C’est de cette extrémité de l’île que le légendaire pont de Rama aurait été construit (voir en début de page).
La ville d’origine de Dhanushkodi ayant été emportée lors du cyclone de 1964, ils ne restent que les ruines d’une église, de l’ancienne gare et de quelques autres bâtiments, commémorant en quelque sorte ce tragique événement.
Sur le trajet vers la pointe de l’île, plusieurs étapes valent le coup d’oeil :
Le temple Sri Nambunayaki Amman, dédié à la Shakti, posé sur le sable et entouré d’un immense arbre banian.
Le Jada Theertham, un bassin sacré où le seigneur Rama aurait lavé ses cheveux emmêlés, après avoir terrassé le roi-démon Ravana et juste avant de faire des offrandes au dieu Shiva.
Le temple Vibhishan ou Kothandaramaswamy, un des rares édifices restés intacts après le passage du cyclone de 1964. Ce sanctuaire d’environ 500 ans abrite les idoles de Rama, Sita et Lakshmana ainsi que celle de Vibhishana, le frère de Ravana, qui s’était rangé du côté de Rama pendant la guerre du Sri Lanka. La légende raconte que c’est ici que Rama a couronné Vibhishan après avoir vaincu Ravana.