Danses classiques de l’Inde

Tout comme la musique, la danse fait partie intégrante de la culture indienne. Elle est issue des Védas et du Natya Shastra, des recueils sacrés.

Le Natya Shastra, du sanskrit natya (drame) et shastra (traité), est une oeuvre encyclopédique de l’hindouisme composée par Bharata Muni vers le 2e siècle de notre ère donnant les bases du théâtre indien. Il est considéré comme le cinquième Véda.

Kathakali show, danses de l’indy

Maquillage du Kathakali

Le Natya Shastra est divisé en trente-huit chapitres et décrit les règles de prosodie et de diction, les types de personnages, la représentation des sentiments, les mouvements de chaque membre.

Soixante-sept mudras (positionnement des mains), et trente-six mouvements des yeux y sont décrits précisément. Il reste encore aujourd’hui l’ouvrage de base de toute création scénique en Inde.

Le Natya Shastra, ne mentionne pas le nom de toutes les formes de danses classiques reconnues aujourd’hui, mais énumère quatre Pravritti ou danses : Dakshinatya, Audramagadhi, Avanti et Panchali. Le Bharata Natyam dérive du Dakshinatya, l’Odissi de l’Audramagadhi. On connaît peu des deux autres formes Avanti et Panchali.

Les danses classiques ont été formalisées par l’organisme ‘Sangeet Natak Akademi’ mis en place par le ministère de l’éducation en 1952. Les fonctions de l’académie sont de préserver et promouvoir le vaste patrimoine culturel de l’Inde exprimé dans la musique, la danse et le théâtre. Une danse est dite ‘classique’ si elle intègre des techniques énumérées dans le Natya Shastra.

La Sangeet Natak Akademi reconnait 8 styles de danses classiques indiennes : Le Bharata Natyam (Tamil Nadu), le Kathak (Uttar Pradesh), le Kathakali (Kerala), le Mohiniyattam (Kerala), le Kuchipudi (Andhra Pradesh), le Manipuri (Manipur), l’Odissi (Odisha) et le Sattriya (Assam).

Bharata Natyam


Originaire de l’Inde du sud (Tamil Nadu), le Bharata Natyam est considéré comme la plus ancienne forme de danse classique indienne. Son origine remonte au début de l’ère chrétienne.

Si cette forme de danse est très ancienne, le nom de Baratha Natyam, lui, est récent, il remonte au 20e siècle. Il signifie ‘Danse de Bharata’, ‘Bharat’ étant le nom ancien de l’Inde.

Le mot bharatha (bha-ra-tha) serait un acronyme de trois mots tamouls : Bha de bhavam (émotion, expression du visage) ; Ra de ragam (mode mélodique) ; et Ta de thalam (rythme). On l’associe aussi au nom de Bharata Muni, auteur du Natyashstra.

Le mot Natyam est le mot tamoul pour ‘danse’.

Dans les temps anciens, le Baratha Natyam alors appelé Dakshinatya était exécuté dans les temples hindous par les Devadasi (servantes des dieux). Elles étaient spécialisées dans l’exécution des rituels en offrant des danses et chants dans les temples. 

Mais avec l’arrivée du Raj Britannique, la danse Bharatha Natyam ainsi que d’autres danses classiques sont bannies des temples par les colons britanniques qui assimilent les devadasi à des prostituées. La danse Bharatha Natyam est alors en passe de s’éteindre.

Au 20e siècle, avec le mouvement d’indépendance de l’Inde en marche, plusieurs danseuses – notamment Rukmini Devi Arundale, Balasaraswati et Yamini Krishnamurti – font revivre le Bharata Natyam en le sortant des temples pour l’exécuter sur scène. La danse Bharatha Natyam devient alors une discipline académique.

Rukmani Devi

Rukmani Devi Arundale

Comme toute danse classique, le Bharata Natyam demande un long apprentissage d’au moins dix ans. Elle est enseignée aux jeunes filles et garçons par des guru ou maîtres (les nattuvanars).

La chorégraphie est composée de six tableaux dont l’ordre a été établi par la tradition.Les danseurs utilisent tout leur corps y compris le visage et les yeux selon les règles du Natya Shastra.

La scène est également organisée de manière précise. À gauche de la scène se trouvent les musiciens et le(s) chanteur(s) emmenés par le nattuvanar qui imprime le rythme (tala) avec des petites cymbales. Le rythme de la danse sera soutenu par un percussionniste à l’aide d’un mridangam. La musique est de type carnatique. À droite de la scène est installée une statue de Shiva sous sa forme de Nataraja, le dieu de la danse. La danseuse entre par la droite, salue la divinité, la scène, les musiciens et le public.


Odissi


L’Odissi est la danse classique née dans l’état de l’Odisha, dans l’Est de l’Inde. Bien que les origines de cette danse remonte à plus de 2000 ans, tout comme le Baratha Natyam, elle avait quasiment disparue pendant la période coloniale britannique. La danse Odissi moderne est, par conséquent, une reconstruction.

L’indépendance de l’Inde apporta un changement majeur envers la danse indienne. Tout comme les autres arts classiques, la danse fut considérée comme un moyen d’affirmer l’identité nationale de l’Inde.

Le patronage des institutions gouvernementales et non gouvernementales augmenta considérablement et les quelques danseurs Odissi qui restaient firent un énorme travail de reconstruction de la danse Odissi. Cette reconstruction impliqua la lecture soigneuse des textes anciens, et plus important encore, l’examen attentif de postures de danse représentées sur les bas-reliefs des différents temples tels ceux des grottes d‘Udayagiri et Khandagiri.

Un des traits les plus caractéristiques de la danse Odissi est le tribhangi ou pose en ‘S’. Le concept de Tribhang divise le corps en trois parties : la tête, le buste et le torse. Ce concept a créé des poses très caractéristiques qui sont plus souples et plus sensuelles que celle observées dans d’autres danses classiques indiennes.

Les thèmes de l’Odissi sont presque exclusivement de nature religieuse. Ils tournent le plus souvent autour du dieu Krishna.


Kathakali


Le Kathakali est apparu au 17e siècle. C’est une forme de théâtre dansé originaire de l’État du Kerala, dans le Sud de l’Inde. En langue malayalam katha signifie ‘histoire’ et kali, ‘jeu’.

Kathakali

Kathakali, Kochi, Kerala

Ses règles ont été fixées il y a plus de cinq siècles à partir de formes traditionnelles comme le Krishnanattam et le Kutiyattam. Cette danse est une combinaison spectaculaire de drame, de danse, de musique et de rituel.

Les personnages, aux maquillages élaborés et aux costumes raffinés, reconstituent des épisodes tirés des épopées hindoues du Mahabharata et du Ramayana et de la vie de Krishna.

Un spectacle de Kathakali était initialement éclairé par des lampes à huile et durait généralement toute la nuit. Il a été ramenée à 3 ou 4 heures mais certains temples au Kerala continuent cette tradition, particulièrement lors de festivals tels qu’Onam.

Traditionnellement, le Kathakali n’était joué que par des hommes qui tenait aussi les rôles féminins. Depuis plusieurs années déjà, des femmes ont toutefois fait leur entrée dans le cercle fermé des acteurs de Kathakali

Les maquillages, très complexes, sont réalisés à partir de pâtes de riz par des artistes spécialisés et leur élaboration demande plusieurs heures de travail avant la représentation.

Les danseurs sont accompagnés sur scène par des musiciens et deux chanteurs. Les instruments de musique utilisés sont le maddalam (un tambour horizontal), le chenda (un tambour vertical), l’itekka (un petit tambour qui accompagne les personnages féminins) des cymbales et un gong manipulés par les chanteurs.

Pour chanter le Kathakali, le Manipravalam est employé. C’est une forme de liturgie mélangeant le sanscrit et la langue tamile. D’ordinaire, ces chants sont basés sur les ragas de la musique carnatique du sud de l’Inde. Il existe aussi dans la musique kéralaise un style dédié, le sopanam sangitam, basé sur des hymnes védiques.


Mohiniyattam


Le Mohiniyattam littéralement ‘danse de l’enchanteresse’, est une danse sacrée pratiquée au Kerala. Le terme Mohiniyattam provient des mots Mohini qui signifie ‘la femme qui charme la vue’ et attam qui désigne la grâce des mouvements.

Mohiniyattam

Mohiniyattam, Kochi, Kerala

Jadis, le Mohiniyattam était pratiqué par les devadasi dans les temples du Kerala.

Le mohiniattam retrace deux histoires de la mythologie hindoue, mettant en scène le dieu Vishnou. Dans la première, Vishnou prend la forme d’une mohini pour ensorceler les démons asura qui avaient volé aux dieux le nectar d’immortalité. Devant les démons fascinés, Vishnou distribue l’amrita aux autres dieux. Dans un autre récit, Vishnou se transforme en mohini pour troubler l’esprit de Bhasmasura et délivrer le dieu Shiva retenu prisonnier par le démon.

Les mouvements des yeux et l’expression du regard ont une importance particulière dans le mohiniattam, car la danseuse doit ensorceler l’esprit sans éveiller la sensualité.

La danseuse est généralement vêtue d’un sari blanc à bordure dorées, le kasavu.


Kathak


Le Kathak est une danse pure et narrative, traditionnelle de l’Inde du nord. D’origine religieuse, le Kathak évolua durant la période islamique vers une forme plus divertissante.

Le Kathak actuel est ainsi une synthèse de deux sources : sacrée et séculière. Le mot Kathak est dérivé du mot sanscrit katha qui signifie histoire, ou de katthakaqui signifiant celui/celle qui raconte une histoire.

Les conteurs (kathakara) étaient attachés aux temples de l’Uttar Pradesh, où naquit le dieu Krishna. Les textes sacrés, le Ramayana ou la Bhagavad-Gita, étaient chantés et mimés pour être transmis à un public illettré.

Après l’introduction propitiatoire, les passages de danse pure et narrative alternent, et les mouvements circulaires des mains et des poignets confèrent à cet art un style caractéristique. La danse commence progressivement et le rythme s’accélère.

Moins rigide que le Bharata Natyam, le Kathak ne laisse néanmoins que peu de place à l’improvisation. Le danseur doit posséder de grandes qualités physiques tout en gardant une certaine grâce malgré la vitesse d’exécution de sa danse.

Le Kathak est également caractérisé par des mouvements de pirouettes et différentes postures dites ‘statuesques’.


Kuchipudi


Le Kuchipudi est une danse née dans le village de Kuchipudi dans l’État de l’Andhra Pradesh (sud de l’Inde). Comme la plupart des danses classiques indiennes, elle se tenait dans les temples.

Autrefois réservée aux brahmanes (prêtres), qui tenaient aussi les rôles féminins, cette danse s’ouvre peu à peu aux femmes.

Cette danse tient sa renommée à la fluidité des mouvements des danseurs. Elle est accompagnée d’une musique du type carnatique (Inde du Sud) très rythmée.

Parmi les nombreuses figures qui composent une représentation, on peut noter le tarangam ou la danse du plateau. Il s’agit d’une pièce dans laquelle la danseuse démontre ses prouesses rythmiques en dansant sur le rebord d’un plateau en laiton.


Sattriya


Là où d’autres danses ont du être reconstruites, la Sattriya, elle, est restée une tradition vivante depuis sa création au 15e siècle par le fondateur du néo-vishnouisme, Mahapurusha Sankardeva.

La danse Sattriya a été introduite dans l’état de l’Assam comme un puissant outil de propagation de la foi vishnouïte (culte au dieu Vishnou).

Cette danse théâtrale a été, pendant des siècles, nourrie et préservée avec beaucoup d’engagement par les sattras ou monastères vishnouïtes. De là provient le nom de la danse.

La danse Sattriya est en grande partie déterminée par des principes classiques combinés aux folklores des différentes ethnies de l’Assam (Mishings, Bodos entre autres) lui donnant ainsi son caractère unique.


Manipuri


Le manipuri est originaire de l’État de Manipur (nord-est de l’Inde). C’est une danse locale et traditionnelle jouée dans les temples.

La tenue des danseuses de manipuri constitue un élément à part entière. Elles sont vêtues de voiles et d’une robe très large circulaires sur laquelle sont cousus de petits miroirs.

Cette danse se veut plus théâtrale que les autres danses traditionnelles indiennes. Elle est basée sur un rythme lent ; le visage de la danseuse reste immobile, affichant un regard insouciant et un sourire satisfait.

La danseuse est accompagnée d’un musicien percussionniste qui danse lui aussi tout en jouant de son instrument. Il est torse nu, et contrairement à la danseuse, ses mouvements sont beaucoup plus rapide, plus rythmés, ce qui crée un fort contraste entre les deux danseurs.

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