Dès le 8e siècle, le jaïnisme s’affirme comme une puissante force culturelle sous le patronage des dirigeants Rajpoutes. À Jaisalmer, c’est sous le règne des Bhattis que la foi jaïne s’épanouit. En raison de sa situation, le long des anciennes routes commerciales, Jaisalmer offre un environnement favorable au développement économique des riches marchands jaïns qui, avec la complicité des souverains, affichent leur prospérité en commissionnant de remarquables dérasars dans la cité d’or.
Quand on arrive à Jaisalmer, le complexe de sept temples Svetambara jaïns nichés au cœur du fort de Jaisalmer constitue généralement la première étape de la visite.
Construit entre le 12e et le 15e siècle EC, chacun de ces édifices est une œuvre d’art à part entière, excellemment taillée dans le grès jaune, signature architecturale de Jaisalmer.
Ces dérasars sont dédiés à 7 différents Tirthankara, les maîtres éveillés de la foie jaïne : Parsvanatha, Sambhavanatha, Shitalanatha, Shantinatha, Kunthunatha, Chandraprabha et Rishabhanatha
Ce premier dérasar est dédié à Parshvanatha, le 23e Tirthankara, celui qui a le pouvoir d’éliminer les obstacles des fidèles.
On entre dans le temple via une magnifique torana, un arche finement sculptée de nymphes apsaras dans des positions voluptueuses.
Le sanctuaire abrite l’idole de Parshvanatha enduite avec un mélange de poudre de perle blanche qui lui donne un aspect laiteux.
Parshvanatha est protégé par un serpent à plusieurs têtes, déployé comme un parapluie, c’est ainsi que l’on reconnaît ce saint. Son iconographie est généralement accompagnée de Dharnendra et de Padmavati, le dieu et la déesse serpent du jaïnisme.
Nous traversons une cour où les officiants jaïns préparent la pâte de santal sur des mortiers en pierre. Puis une pièce sombre nous mène au derasar de Sambhavnath, le troisième Tirthankara jaïn, dont l’emblème est un cheval.
On pense que ce temple a été construit au 16e siècle EC par Askaran Chopra, un riche marchand jaïn. Il abrite plus de 600 idoles de Sambhavnath en grès jaune et également une bibliothèque souterraine, contenant environ un millier d’anciens manuscrits d’une grande valeur.
Le temple de Chandraprabha, dédié au 8e tirthankara a été construit au 16e siècle EC sur une plate-forme surélevée. L’idole en marbre blanc est représentée par un symbole de croissant de lune (« chandra ») à ses pieds. Les piliers de son mandapa sont intensément sculptés.
Ce temple joliment décoré est dédié à Rishabhanatha, le premier tirthankara. On pense qu’il a été construit au 12e siècle EC, c’est donc l’un des plus anciens bâtiments de Jaisalmer. Le symbole de Rishabhanatha est un taureau.
Ce temple est connu pour ses sculptures complexes. Il est dédié au 10e tirthankara du jaïnisme.
On pense que ce temple a été construit au 15e siècle. Il est dédié au 17e tirthankara, Kunthunatha.
Ce temple est dédié au dixième Tirthankara Shantinath. Il est souvent représenté par une statue dorée avec une biche à ses pieds. La voûte du sanctuaire est ajourée laissant passer un filet de lumière ; sûrement l’un des plus beaux temples du complexe.
Informations pratiques : visite de 8 h à 12 h seulement. Le prix d’entrée dans le complexe jaïn est de 10 INR. Les frais d’appareil photo : 50 INR / Vidéo : 100 INR.
Je l’avoue, malgré mes dizaines de visites à Jaisalmer, je n’ai exploré ce temple que récemment. Il était sur ma liste depuis longtemps, j’avais donc de grandes expectations… Je n’ai pas été déçue ! Ce dérasar vient s’ajouter à la longue liste des merveilles jaïnes avec cependant une architecture bien différente des autres ; en cela, il mérite le détour.
Situé à une vingtaine de kilomètres de Jaisalmer, ce temple est la seule structure qui reste de Lodruva, l’ancienne capitale du clan rajpoute Bhatti, bâtie au 8e et 9e siècle EC. Il a été construit en même temps que la ville. Lodruva fut détruite par les invasions Mogholes.
Construit en grès jaune, il arbore, à l’entrée, une splendide torana ornée de fines sculptures de divers personnages.
La particularité de dérasar vient de ses jalis (écrans de pierre sculptés) disposés en accordéon tout autour du sanctuaire principal. Cela donne à l’édifice un côté très graphique digne des meilleures architectures contemporaines.
La mulnayak (divinité principale) du temple est une idole en marbre noir du 23e Tirthankara, Shri Lodrava Parshvanatha avec sa coiffe serpent.
Selon la croyance jaïne, un serpent vient s’abreuver chaque soir des offrandes de lait laissées aux pieds de la statue.
L’édifice abritant le Kalpavriksha, un arbre divin exauçant les vœux exhibe aussi une architecture spécifique sous forme de pyramide, sculptée de motifs de soleil sur les extrémités des murs.
A quelques kilomètres de Lodruva, nous tombons sur Amar Sagar, un autre dérasar de toute beauté.
Construit en 1928 par Patwa Seth Pratapchand Ji Bapna (la même famille que le Patwon ki haveli) ce sanctuaire jaïn est relativement récent ; on dit cependant que l’idole d’Adhinath, le premier tirthankara, date de l’époque du roi Samprati.
Ce temple à deux étages à l’allure d’un petit palais rajpoute, avec des balcons à encorbellement et des jalis d’une grande finesse.
Le temple est posé sur les rives d’un lac, asséché lorsque je m’y suis rendue, où se trouvent deux autres dérasars ainsi qu’un palais conçu par le Maharaja Akhai Singh au 17e siècle pour honorer l’un de ses ancêtres.