Les Chhatardis Royaux des Jadejas de Bhuj

Pour une raison que j’ignore, certains guides font l’impasse sur les chhatardis de Bhuj. Et, pour peu qu’on soit mal renseigné par les locaux, on pourrait passer à côté de ces remarquables cénotaphes édifiés en mémoire des Maharaos Jadejas du district de Kutch au Gujarat.

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Le site des Chhatardis de Bhuj, en partie en ruine

Les chhatardis sont situés à 5 minutes à vol d’oiseau seulement du temple de Swami Swaminarayan, un des lieux phares de Bhuj ; il serait donc dommage de se priver d’une telle visite.

Le site a été fortement endommagé lors du tremblement de terre de 2001. Les vestiges des cénotaphes restent malgré tout très intéressants au niveau architectural. Un vrai coup de cœur pour moi.

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Le chhatri du roi Lakhpatji, le plus important du site

« Chhatardi » est la version Gujaratie de « Chhatri » qui signifie « parapluie » en hindi et fait référence à la forme des dômes des cénotaphes. Les toits « parapluie » qui coiffent des pavillons sont typiques de l’architecture Rajpoute et trouvent leur origine au Rajasthan, un des états voisins du Gujarat.

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Détails du mur extérieur du chhatri du Maharao Lakhpatji

Un cénotaphe, contrairement à un mausolée, est un tombeau vide qui est élevé à la mémoire d’un mort. Les derniers rites funéraires sont bien effectués sur le site des chhatardis (crémation), mais il n’y a pas d’inhumation des cendres, elles sont dispersées dans des rivières sacrées comme le Gange.

Une des deux entrées du chhatri du Maharao Lakhpatji

Les Chhatardis de Bhuj ont été édifiés au 18e siècle par les souverains de la dynastie Jadeja. Comme l’architecture rajpoute a été fortement influencée par le style moghole, on trouve des éléments de l’architecture islamique tels des jalis (panneaux en pierre ajourés) ou des arches polylobées.

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L’allée qui mène au centre du chhatri du Maharao Lakhpatji

Le site des cénotaphes royaux de Bhuj comprend une trentaine d’édifices, celui du roi Lakhpatji est le plus important. Pendant son règne (de 1741 à 1752 EC) ce souverain jadeda s’est entouré des meilleurs artistes. C’est ainsi qu’il fit appel à Ram Singh Malam, un navigateur, architecte et artisan pour construire le palais d’Aina de Bhuj ainsi que son cénotaphe. Ram Singh Salam ayant vécu en Hollande, il ramena en Inde diverses influences artistiques et architecturales qui ont fait sa réputation.

Le cénotaphe de Lakhpatji est conçu tel une temple, posé sur une plateforme surélevée polygonale avec deux galeries. L’extérieur est richement sculpté de motifs floraux et de personnages de la vie quotidienne tels que des danseurs, musiciens et courtisanes.

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Le Maharao Lakhpatji au centre sur son cheval entouré de ses nombreuses femmes

Les deux entrées du chhatardi sont surplombées d’une arche polylobées, flanquées de deux gardiens.

Une allée à colonnades nous mène directement au cœur du Chhatri où se trouve une représentation du Maharao à cheval entourée de part et d’autre de ses nombreuses épouses.

Une des statues de femmes grandeur nature au centre du Chhatri du Maharao Lakhpatji

Le centre du cénotaphe est orné de belles statues de femmes et d’hommes grandeur nature sculptées sur des piliers. C’est peut-être ce qui impressionne le plus dans ce cénotaphe. Les personnages présentent des détails précis sur le mode vestimentaire et les bijoux de cette époque, une véritable remontée dans le temps.

Une des statues d’hommes grandeur nature au centre du Chhatri du Maharao Lakhpatji

D’autres chhatardis du site méritent le détour. Juste à côté de celui de Lakhpatji, on peut admirer un cénotaphe coiffé d’un dôme avec des faïences dans les tons bleus, là aussi influencé par l’architecture islamique.

Un dôme orné de faïences colorées

Les Chhatardis de Desarji et Raydbanji II, en cours de restauration, font parties des plus élaborés du site. Ils présentent tous deux de fins écran de pierre embellis de motifs floraux et de personnages.

Les Chhatardis de Desarji et Raydbanji II

L’un deux est flanqué de deux éléphants en relief sur les pans extérieur de son escalier. Le mouvement de la tête de l’éléphant est très réaliste et semble sortir de la scène pour venir à notre rencontre.

Détail du Chhatardi du Maharao Raydbanji II

Vous l’aurez compris, ce site des Chhataris est un incontournable à Bhuj ! Il n’y a aucun panneau indiquant le lieu, insistez un peu auprès de votre guide ou chauffeur pour qu’il vous y emmène. Vous ne serez pas déçu.e. !

A voir de préférence au coucher du soleil quand la pierre rouge et ocre semble s’embraser sous les derniers rayons de la journée.

Détail du Chhatardi du Maharao Raydbanji II
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2 Comments on “Les Chhatardis Royaux des Jadejas de Bhuj”

  1. Merci Mathini, encore une raison de retourner au Gujarat, mais faut-il en chercher tant cet Etat regorge de merveilles !
    S’agissant ici de cénotaphes royaux, qu’en est-il de leurs femmes ? Satis or not satis ? Abolition réelle du rite Sati en 1829 ?
    Bonne journée

    • Hello Patricia, merci de votre message ! Le Gujarat se déguste en effet sans fin 😉 Oui, malheureusement leurs femmes étaient des satis, je ne l’ai pas mentionné tant je trouve cette tradition terrible. Elle a perduré bien après son abolition… À bientôt !

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