A 29 ans, Siddharta Gautama, prince de Kapilvastu, délaisse sa vie matérielle et mondaine pour trouver la vérité de l’existence. C’est sous un ficus, à Bodhgaya, que Siddharta Gautama met fin à ses années d’errance et devient le « Bouddha » c’est-à-dire « celui qui sait ». Le bouddhisme ou philosophie du juste milieu prend donc naissance à Bodhgaya, dans l’état du Bihar. Elle compte maintenant plus de 300 millions d’adeptes de part le monde. Cette cité est l’une des quatre plus hauts lieux de pèlerinage bouddhistes avec Kushinagar, Lumbini et Sarnath.
Quand Siddharta Gautama quitta son royaume, il se rasa la tête, revêtit d’humbles vêtements et mena une vie d’ermite empreinte de sévères austérités ; il s’affama et s’infligea des mortifications.
Au bout de 6 ans, il réalisa que soumettre son corps à de telles souffrances physiques n’est pas la bonne voie pour obtenir l’illumination, mais la voie de la vérité est celle du juste milieu.
Siddharta Gautama utilisa la métaphore de l’instrument de musique pour expliquer la voie du milieu : “si la corde est trop tendue alors elle casse, si elle est trop détendue alors il n’y a pas de son juste. »
On pense que Bouddha séjourna dans les grottes de Dungeshwari (également appelées grottes de Mahakala) lors de ses 6 années d’austérités. Elles se trouvent à 15 km de Bodhgaya. Les pèlerins viennent de loin pour profiter de l’aura du lieu.
Choisissant la voie du milieu, Siddharta Gautama mit fin à ses 6 années d’austérités en acceptant du kheer (riz au lait) d’une jeune fille, gardienne de troupeau, du nom de Sujata. En souvenir de ce moment, un immense stupa en briques de 65 m de diamètre, a été érigé, à 3 km de Bodhgaya.
L’édifice a été bâti en trois phases, de l’empire Gupta au Pala. A l’origine, il était recouvert de chaux et entouré d’une barrière en bois. Les excavations ont mis à jour de nombreux artéfacts qui sont maintenant exposés au musée d’archéologie de Bodhgaya (voir ci-dessous).
Après la fin des austérités, Siddharta Gautama continua sa quête spirituelle. Un jour, alors qu’il cheminait, il alla s’asseoir sous un arbre pipal ou figuier des pagodes (l’arbre de la Bodhi) et prit la résolution de ne se lever de cet endroit que quand il aurait trouvé l’éveil spirituel.
Il resta ainsi en méditation pendant 49 jours sans bouger menant plusieurs batailles contre le démon Mara (l’illusion). Puis, la nuit de la pleine lune de Vésak (mai-juin), à l’âge de 35 ans, il devînt le « Bouddha », celui qui est « éveillé ».
L’éveil ou illumination spirituelle est décrit comme un état de plénitude complète et de profonde sagesse. La personne n’est alors aucunement affectée par les tourments de la vie et vit chaque chose avec équanimité.
L’arbre de la Bodhi se trouve dans le complexe du temple Mahabodhi. Il est entouré de hautes barrières et contient le Vajrasana (trône de diamant) construit au 3e siècle par l’empereur Asoka, là où le bouddha s’assit en méditation jusqu’à son illumination.
L’arbre actuel n’est pas celui où médita le Bouddha. L’arbre originel fut détruit à quatre reprises ; il aurait été replanté à chaque fois à partir d’une bouture du descendant de l’arbre originel ramenée du Sri Lanka.
Au 3e siècle av. J.-C., une branche de l’arbre de la Bodhi fut apportée à Anuradhapura (Sri Lanka) par la fille de l’empereur Ashoka, Sanghamitta, où elle fut plantée par le roi du Sri Lanka, Devanampiya Tissa. Cet arbre est l’arbre de la Bodhi actuel.
Pendant les 7 semaines qui suivirent l’illumination, le Bouddha resta en méditation dans différents endroits autour de l’arbre de la Bodhi ; ces lieux se trouvent tous dans le complexe du temple.
Pendant 1 semaine de plus il resta en méditation sous l’arbre de la Bodhi.
La deuxième semaine, il médita debout en fixant sans cligner des yeux l’arbre de la Bodhi. Cet endroit est marqué par un temple abritant une image du Bouddha connu sous le nom de « Animisa Ceti” (le sanctuaire de la fixation).
La troisième semaine, le Bouddha pratiqua une méditation ambulante (un va-et-vient de l’arbre de la Bodhi jusqu’au temple Animisa Ceti), appelée Cankamana. On dit que des fleurs de lotus émergeaient à chaque pas du Bouddha.
Pour symboliser l’endroit de cette marche méditative, une structure surélevée avec des fleurs de lotus, connue sous le nom de « Ratanacankama Cetiya » (promenade des joyaux) a été érigée.
On peut également voir juste à côté, sur le sol, les pierres originelles qui contenaient les lotus, créées du temps de l’empereur Ashoka.
La quatrième semaine, le Bouddha médita sur la « Patthana » ou loi de cause à effet dans le « Ratanaghara » (le temple des joyaux) situé au nord-ouest de l’arbre de la Bodhi.
Un rayon de six couleurs, bleu, jaune, rouge, blanc et orange ont émané de son corps lors de cette profonde méditation. Ces sont ces couleurs qui ornent maintenant le drapeau bouddhiste.
Près de l’entrée du temple de Mahabodhi se trouve un pilier qui marque l’endroit où le Bouddha passa la cinquième semaine en méditation sous un arbre banyan (Ajapala Nigrodha).
C’est ici aussi qu’il répondit à un Brahmana qu’on ne naît pas Brahmana mais que seules nos actions nous font devenir un Brahmana.
Au sud-est du temple un bassin (Muchalinda Sarovar) marque l’endroit où le Bouddha passa la sixième semaine en méditation.
Alors que le Bouddha méditait, une violente tempête éclata ; Muchalinda, le roi des serpents, est sorti de sa demeure et s’est dressé, protégeant le Bouddha avec sa collerette déployée. Cette anecdote est symbolisée par une effigie du Bouddha et de Muchalinda située au milieu du bassin ; un don de pèlerins birmans.
Le Bouddha passa la septième et dernière semaine en méditation sous l’arbre Rajayatna, au sud du temple. On dit que deux marchands de Birmanie nommés Tapassu et Bhallika vinrent offrir des gâteaux de riz et du miel au Bouddha et devinrent les premiers dévots laïcs du bouddha.
Adjacent à l’arbre de la Bodhi se tient le temple Mahabodhi Mahavihara connu aussi sous le nom de « Grand Stupa ». Aux environs du 3e siècle av. J.-C., 200 ans après que le Bouddha ait atteint l’illumination, l’empereur bouddhiste Asoka visita Bodhgaya afin d’établir un sanctuaire sur le site sacré. Il construisit le trône de diamants (voir plus haut).
Au 2e et 1er siècle av. J.-C., la barrière en pierre autour de l’arbre de la Bodhi fut offerte par les souverains Sunga. Un monastère et un stupa furent aussi bâtis. Le temple actuel date du 5e (période Gupta).
Mahabodhi Mahavihara était initialement entièrement construit en briques, c’est une des plus anciennes structures en Inde possédant ce type d’architecture.
La tour centrale du temple de Mahabodhi s’élève à 55 mètres entourée de quatre petites tours construites dans le même style. Le temple est entouré sur les quatre côtés par une barrière en pierre d’environ deux mètres de haut. La barrière originelle se trouve maintenant au musée archéologique (voir plus bas).
L’intérieur du temple possède une grande statue dorée du Bouddha Shakyamuni (bouddha de l’éveil). Cette effigie est censée être vieille de plus de 1700 ans.
Lorsque le bouddhisme commença à s’éroder en Inde (à partir du 12e siècle ap. J.-C.), le temple tomba en désuétude. Au 19e siècle, le temple était à l’état de ruine.
Les rois birmans vinrent à sa rescousse suivit, en 1880, de Sir Alexander Cunningham, un ingénieur de l’armée britannique qui se passionna pour l’histoire et l’archéologie de l’Inde. Il fondera ce qui devait devenir plus tard la Archaeological Survey of India (institut de préservation du patrimoine Indien).
Le musée d’archéologie de Bodhgaya, situé près du temple de Mahabodhi, a été créé en 1956 pour préserver les artéfacts trouvés sur le site du temple de Bodhgaya, mais aussi ceux d’autres lieux comme celui du stupa de Sujata (voir ci-dessus).
Le musée contient de remarquables sculptures du Bouddha sous différentes formes (Maitreya, Manjusri, Tara..) datant de la période Pala (du 8e au 12e siècle) et quelques sculptures hindoues.
L’attraction principale est la barrière originelle en grès rouge et granit qui entourait le temple Mahabodhi. Elle date de l’empire Sunga (2e -1e siècle av. J.-C.) et de la période médiévale (6e et 7e siècle ap, J.-C.).
Autour du temple Mahabodhi, plusieurs monastères ont été construits par les missions bouddhistes de différents pays (Japon, Chine, Bhoutan, Thaïlande..). Ils reflètent les diverses cultures et styles d’architectures bouddhistes de part le monde.
À mon avis, la palme de l’élégance architecturale revient sans nul doute au monastère Wai (Thaïlande). Il a été construit en 1957 par le roi de la Thaïlande pour commémorer les 2500 ans du bouddhisme.
L’autre grande attraction de Bodhgaya est le « 80-feet Grand Buddha » inaugurée en 1989 par le Dalaï Lama.
La statue de 25 m du Bouddha a été conçue au Japon selon un modèle créé par un artiste indien de Calcutta ; c’est la plus grande statue du Bouddha en Inde. A l’intérieur de l’édifice, 20000 petits Bouddhas en bronze ont été placés dans des niches après avoir été sanctifiés.
Dans la ville de Gaya, à une quinzaine de kilomètres de Bodhgaya, se trouve un temple hindou dédié à Vishnou, posé sur les rives de la rivière Falgu. On ne connait pas la date exacte de sa construction mais on sait qu’il fut rénové par la reine d’Indore, Devi Ahilyabai au 18e siècle.
Le temple aurait été érigé autour de l’empreinte de pied de 40 cm du dieu Vishnou gravée dans une roche de basalte, connue sous le nom de Dharmasila. On dit que l’empreinte marque l’endroit où Vishnou a placé son pied sur la poitrine du démon Gayasur pour le terrasser.
Ce sanctuaire est un haut centre de pèlerinage non seulement pour les vishnouites mais aussi pour les bouddhistes qui considèrent que l’empreinte de pied est celle du Bouddha.
Le temple n’est pas accessible aux non-hindous mais les ghats (rives) du temple où sont effectués les rites funéraires sont intéressants à observer.
En face du temple de Vishnou, en traversant la rivière Falgu, un ensemble de temples nommés « Sita Kund » sont dédiés à l’épouse de Vishnou, Sita.
On dit qu’à cet endroit la déesse a effectué les « Shraadh », les derniers rites funéraires pour son beau-père, Dasharatha, le roi d’Ayodhya.
Dans le temple principal, la toute petite effigie de la déesse Sita est représentée offrant des boules de sable de la rivière Falgu (Pind daan) au roi Dasharatha qui est symbolisé par une main sortant de terre pour accepter l’offrande.
Au sud du temple de Vishnupad, sur la colline de Bhasmakoot, se tient le temple de Mangala Gauri, un autre haut lieu de pèlerinage. C’est une des 18 maha shakti-peeth. Selon la mythologie hindoue, un des seins de la déesse Devi est tombé en ce lieu.
…l’art d’aimer un bien si précieux qu’aucun gemme ne peut égaler……
Exactement, le point central mais qu’on oublie malheureusement …