Si vous souhaitez étendre votre découverte de la région autour de Jaipur (Rajasthan), voici quelques idées de balades qui ne vous décevront pas : sites historiques, palais somptueux, ville des nawabs et cité hantée…
Nous commençons la visite de la région de Jaipur par le village de Samode, à une quarantaine de kilomètres de la ville rose. Nichée au cœur des monts Aravallis, Samode doit sa renommée à son palais du même nom, un splendide exemple de l’architecture indo-sarrasine du 19e siècle, toujours détenu et géré par des rajpoutes apparentés à la famille royale de Jaipur.
Les propriétaires du palais de Samode font partie de ces familles en Inde qui ont su garder et développer leur héritage patrimonial en reconvertissant leur demeure en hôtel 5 étoiles.
Si votre budget le permet, vous pourrez profiter amplement du lieu en réservant une des chambres au somptueux décor sinon, vous pourrez toujours visiter les différentes salles ouvertes au public en présence du « butler » de l’hôtel pour une centaine de roupies seulement.
Et quelle visite ! Difficile de ne pas tomber en admiration devant le raffinement des intérieurs : sols en marbre, piliers décorés de fines peintures miniatures, murs en mosaïques, tapis anciens et mobilier judicieusement choisi en fonction de l’atmosphère de chaque pièce.
Au sein de cette profusion artistique, les deux joyaux de la couronne sont incontestablement la galerie des glaces (Sheesh Mahal) incrustée de miroirs finement travaillés et le Durbar hall (salle d’audience) orné de belles fresques relatant la mythologie hindoue.
Si vous souhaitez poursuivre la visite un peu plus loin, un sentier pavé à partir du palais vous mènera jusqu’à l’ancien fort en ruine de Samode qui vous offre une vue imprenable sur la vallée et les monts environnants.
Avant de quitter la petite cité, prenez le temps de flâner dans le village de Samode, il est réputé pour ses textiles imprimés aux blocs de bois (block-printing), mais aussi pour sa fabrication de « chourias », les bracelets colorés en résine.
Sur la route menant à Agra, à 90 km de Jaipur, ne manquez pas de vous arrêter au Chand Baori d’Abhaneri, le plus grand et le plus ancien puits à degrés de l’Inde.
On attribue la construction de cet édifice au roi légendaire Chanda au cours des 8e et 9e siècles EC, mais il n’y a aucun écrit attestant de son commanditaire.
Le puits compte 3 500 marches étroites disposées en parfaite symétrie, qui descendent jusqu’à 20 mètres de profondeur ; là, la température est d’environ 5 degrés de moins qu’en haut du puits.
Ce remarquable édifice, qui n’était qu’utilitaire à la base, a, par la suite, été aménagé pour la famille royale avec la construction dans les étages supérieurs d’un petit haveli (maison de maître). Pendant l’époque moghole (18e siècle EC), des arcades à colonnes et une galerie d’art ont été ajoutées tout en haut du Chand Baori.
Les puits à paliers ou à degré, appelés baori ou bawri en Hindi, sont typiques des régions du nord-ouest de l’Inde qui, du fait de leurs conditions climatiques et géographiques connaissaient régulièrement des pénuries d’eau. Aujourd’hui, ces puits ne sont plus utilisés, mais l’architecture parfaite de ces édifices continue d’attirer et d’émerveiller les voyageurs.
En sortant du puits, à droite, nous découvrons un temple hindou tout aussi ancien que le puits, dédié à Harshat Mata, considérée comme la déesse du bonheur.
Le temple a été considérablement endommagé par les invasions turques ; une grande partie des statues qui ornaient le temple se trouvent maintenant au musée de Jaipur. Cependant, celles qui sont encore en place témoignent du raffinement artistique de l’époque.
Harshat Mata, qui est un temple en activité, accueille un grand nombre de fidèles locaux lors de sa foire annuelle de trois jours en l’honneur de la déesse.
En direction de la réserve de tigre de Sariska, à 84 km de Jaipur, nous tombons sur le fort de Bhangarh. Il a été construit au milieu du 16e siècle EC, par le souverain Rajpoute, Bhagwant Das, comme résidence pour son deuxième fils, Madho Singh, qui était le frère cadet de Man Singh, le général de l’empereur Moghol Akbar. Avec la chute de l’empire Moghol, le fort fut annexé en 1720 par Jai Singh II, le fondateur de Jaipur et, après la famine de 1783, il tomba dans l’oubli.
Le fort, qui était alors protégé par des trois remparts successifs, n’a pas résisté à l’épreuve du temps ; quelques temples hindous sont encore debout comme celui de Gopinath ainsi que des vestiges ce qui était autrefois des échoppes, des restaurants, des havelis, une mosquée et un palais.
Bhangarh est surtout connu pour être le fort le plus hanté de l’Inde ; d’ailleurs, sur l’écriteau à l’entrée, il est inscrit qu’il est strictement interdit d’y rentrer entre le coucher et le lever du soleil, car on dit que des esprits envahissent le lieu à la nuit tombée.
L’origine de cette croyance remonte à une légende locale. On dit qu’un prêtre tomba fou amoureux d’une princesse d’une beauté inégalée. Mais ne pouvant attirer l’attention de la belle princesse, il essaya alors d’utiliser la magie noire. Un beau matin, alors qu’elle revenait du marché, le prêtre jeta un sort sur la fiole de parfum qu’elle venait d’acheter afin qu’elle tombe amoureuse de lui. Cependant, la princesse fut mise au courant de cette manœuvre et se débarrassa de la bouteille sur le champ. Le sort se retourna contre le prêtre qui fut transformé en rocher ; il eut juste le temps de maudire la princesse, sa famille ainsi que tous les villages environnants.
Depuis, les locaux pensent qu’à cause de ce sort toutes les constructions dans et autour du fort (à l’exception des temples) voient leurs toits s’effondrer et, par conséquent, personne n’ose rien construire autour du fort de Bhangarh.
Tonk est une destination encore très peu connue, à 96 kilomètres de Jaipur et pourtant, cette petite bourgade surnommée aussi la « Lucknow du Rajasthan », regorge de petits trésors laissés par les descendants des Pachtounes d’Afghanistan.
La visite qui s’impose à Tonk est le Sunehri Kothi (la demeure en or) construit par le Nawab de Tonk, Mohammed Ibrahim Ali Khan (1867-1930), dans l’ancien complexe du palais afin d’y donner des récitals de poésie, de danse et de musique. Cette magnifique salle est décorée de miroirs incrustés, de verre doré et de vitraux venant de Belgique.
Un autre monument emblématique de Tonk est sa mosquée Jama Masjid commencée en 1246 EC par le Nawab Amir Khan et achevée en 1298 par son fils Nawab Wzirudhoula. Avec ses quatre minarets imposants et ses décorations délicates, c’est certainement l’une des plus belles mosquées que compte l’Inde.
Tonk abrite aussi le premier Institut de recherche arabo-persan de l’Inde engagé dans la promotion des études arabes et perses. Cet institut a été créé par le gouvernement du Rajasthan en 1978 dans le but de préserver et de conserver les manuscrits persans et arabes récupérés dans tout l’état du Rajasthan. L’attraction principale de cet institut est la calligraphie d’art faite sur des cheveux, des grains de riz et à l’intérieur de bouteilles en verre transparent.
À 30 kilomètres de Tonk, en direction de l’est, on tombe sur un monument tout à fait étonnant, le Hathi Bhata, un immense monolithe d’un éléphant construit en 1200 EC par un certain Ram Nath Slat. Comment le sait-on ? L’histoire de cette belle sculpture est gravée sur l’oreille droite de l’éléphant !
S’il vous reste un peu de temps pour la visite, continuez 60 km plus loin, vers la ville de Bisalpur connue pour son temple Gokarnesvara édifié par le souverain Chahamana Vigraharaja IV au 12e siècle EC. Il est maintenant posé sur les rives du lac artificiel de Bisalpur et il arrive qu’il soit inondé lors des crues de la mousson.
Juste avant Bisalpur, ne manquez pas de vous arrêter à Todaraisingh où vous pourrez admirer le Hadi Rani Boari, un puits à degrés rectangulaire du 12e et 13e siècle.
….Tellement extraordinaire de vous lire ….quelle belle documentation !
Tous nos meilleurs voeux pour 2022.
Pourvu que les voyages puissent reprendre…
Françoise et Jean François
Namaskar ! Merci à vous Françoise et Jean-François ! Au plaisir d’une rencontre en Inde ! 🙂 Bien cordialement, Mathini
Bonjour
Encore un beau reportage magnifique
Merci de nous faire rêver.
Cordialement
Merci beaucoup Ady 🙂