Le Mount Abu, situé près de la frontière du Gujarat, est la seule station de montagne du Rajasthan, nichée à 1 220 m d’altitude dans les monts Aravalli. Véritable oasis dans le désert, ses hauteurs abritent des lacs, des cascades, des forêts de conifères et une riche faune. Outre cette nature généreuse, ce petit paradis sur terre possède aussi de nombreux temples fascinants, aux légendes millénaires.
Historiquement, le Mount Abu fut la terre de guerriers régionaux. Les premiers rois, les Dhumrajas, formèrent la dynastie Parmar en 916 de notre ère. Ils devinrent, par la suite, les vassaux des puissants Solanki du Gujarat, qui construisirent les splendides temples jaïns de Delwara (voir plus bas).
La conquête du Mount Abu en 1311 par Rao Lumba de la dynastie Deora-Chauhan mit fin au règne des Parmars et marqua également le déclin du Mont. Les Britanniques redécouvrirent le Mount Abu et, après la Seconde Guerre Mondiale, la région connut alors un regain d’intérêt.
La légende raconte que la vache Nandini du Sage Vashisth tomba dans un gouffre. Vashisth invoqua alors le seigneur Shiva pour l’aider à sauver sa vache. Le dieu envoya alors Saraswati, la rivière divine, qui inonda la gorge et fit remonter la vache à la surface.
Vashisth décida alors de s’assurer qu’un tel incident ne se reproduise plus. Il demanda à la montagne Nandi Vardhan, le plus jeune fils de l’Himalaya, de venir s’installer ici et de combler le gouffre de façon permanente. Nandi Vardhan accepta et arriva sur le dos du puissant serpent volant, Arbud Naag. Ce dernier demanda à ce que la montagne prenne son nom en reconnaissance de ses services. Cet endroit fut alors connu comme le mont Arbud et a ensuite évolué vers son nom actuel, le Mount Abu.
Situé à 1 200 m au-dessus du niveau de la mer et entouré de collines rocailleuses, le lac Nakki est l’une des principales attractions de la ville. On raconte que le lac a été créé par les dieux pour se protéger d’un démon ; ils utilisèrent leurs ongles pour le creuser. « Nakh » signifie « ongle » en hindi, de là vient le nom du lac.
Au bord du lac Nakki, se tient le temple de Raghunath dédié au dieu hindou Rama. On dit qu’il protège ses disciples de toutes les calamités naturelles et libère des peines de la vie.
Sur une colline dominant le lac, on peut apercevoir un rocher en forme de crapaud, c’est le « Toad Rock » (le rocher du crapaud). Il y a deux façons de s’y rendre, escalader la roche ou emprunter les marches qui partent du lac Nakki Lake, près du temple de Ragunath. En haut de la colline, une vue splendide sur le lac vous attend.
Sur l’autre rive du lac, en face du « Toad Rock », se trouve un temple dédié à la mère patrie, l’Inde (Bharat Ma). Il offre un beau panorama sur le lac.
Nous prenons la route pour nous rendre aux temples jaïns de Dilwara, haut lieu de pèlerinage. Le complexe se compose de 5 temples consacrés à cinq tirthankaras (saints jaïns) qui furent construits par Vimal Shah, ministre des souverains solanki du Gujarat, entre le 11e et le 16e siècle. Ils sont célèbres pour la profusion de leurs détails ornementaux taillés dans le marbre blanc qui frôlent la perfection.
Petite anecdote : pour la construction de ces temples, les énormes blocs de marbre ont été transportés jusqu’au mont Abu à dos d’éléphants depuis les collines d’Ambaji, à 50 km de là !
À NOTER ! Les temples jaïns Dilwara sont ouverts pour les touristes de 12 heures à 15 heures seulement. Les photos ne sont pas autorisées à l’intérieur du complexe.
Le temple Adhar Devi, situé à trois kilomètres du centre du Mount Abu, exige de grimper 365 marches creusées dans la montagne. L’aventure ne s’arrête pas là, car l’autel se tient tout au fond d’une grotte dont l’accès se fait en rampant à travers une petite ouverture.
Le temple est dédié à la déesse Durga et la légende raconte que ‘l’Adha’, la moitié du corps de cette divinité est tombée ici. Outre l’aspect spirituel du lieu, l’endroit offre une vue panoramique sur les monts vallonnés des Aravallis.
Achaleshwar, situé à huit kilomètres du Mount Abu, est un de mes coups de cœur au Mount Abu ! Il ne reste que quelques vestiges du fort construit par la dynastie Parmar, l’intérêt du lieu se concentre maintenant sur ses temples hindous et jaïns
Commençons par le plus énigmatique d’entre eux, le temple d’Achaleshwar. Bien que dédié à Shiva, son sanctuaire n’abrite pas un Lingam qui est le symbole traditionnel du dieu, mais, à la place, se trouve une fosse.
La légende raconte que, pour stabiliser le Mount Abu, le seigneur Shiva a dû étendre sa jambe droite de Bénarès jusqu’à ce temple. Il laissa l’empreinte de son gros orteil droit qui correspond à la fosse actuelle. On dit qu’elle descend jusqu’au centre de la terre.
L’idole de Nandi à l’entrée (taureau divin) est tout aussi singulière. Elle est constituée de cinq métaux, à savoir, l’or, l’argent, le cuivre, le laiton et le zinc et pèse plus de quatre tonnes.
Le temple est entouré de plusieurs autres sanctuaires et de ruines qui témoignent de l’ancienneté de l’endroit, qu’on dit millénaire.
Près du temple d’Achaleshwar trois massifs buffles en pierre attirent notre attention. Ils se tiennent fièrement sur un des côtés du bassin de Mandakini qui n’est rempli qu’à la mousson. Il aurait été construit au 14e siècle par un des descendants de la dynastie des Deoras de Sirohi.
Selon une légende locale, ces trois buffles représenteraient des personnages mythologiques. On dit que, dans les temps anciens, le lac était rempli de ghee (beurre clarifié) et que des démons déguisés en buffles seraient venus s’y abreuver jusqu’à ce qu’ils soient découverts et abattus par le roi Adi Pal.
Juste en face du bassin de Mandakini, se dresse le temple jaïn d’Achalgarh dédié à Adinath, le premier des 24 Tirthankars (saints jaïns). Le temple est de construction récente, mais l’architecture raffinée des temples jaïns vaut toujours le coup d’oeil.
Guru Shikhar est le pic le plus élevé de la chaîne des Aravallis (1722 m). Un chemin nous conduit jusqu’à son sommet où se trouve une grotte-temple dédiée à Dattatreya (combo des dieux Brahma, Vishnou et Shiva). La vue de ce pic est imprenable.
À mi-chemin, vous pourrez aussi visiter le sanctuaire dédié à Ahilya, la mère de Dattatreya qui a une atmosphère bien particulière.
L’ashram de Vashisth est mon deuxième coup de coeur de la région après Achaleshwar, pour l’ancienneté du lieu ainsi que pour sa sérénité. L’Ashram se niche au fond d’une vallée entourée d’une épaisse forêt sauvage. Pour l’atteindre, il vous faudra descendre 700 marches escarpées … Puis les remonter. Mais, quelle belle découverte !
À l’arrivée, un joli bassin d’ablution, le Gaumukh Kund, nous accueille. L’eau de source cristalline sort de la bouche du taureau divin Nandi sculptée dans du marbre blanc.
Ce bassin est lié à une légende : on dit que deux sages étaient engagés dans un débat métaphysique. La rivière sacrée Saraswati choisit de soutenir le sage Vashisth. Ceci rendit l’autre sage Vishwamitra si furieux qu’il maudit la rivière ; son eau serait à l’avenir sale et impie. La rivière Saraswati pria alors le sage Vashisth de lui rendre sa pureté. Vashisth répondit que, pour cela, il fallait qu’elle lui touche les pieds et coule près de son ashram. Depuis ce temps, on dit que la mythique rivière Saraswati coule sans interruption près de l’ashram de Vashisth, dans le bassin de Gaumukh, qu’un roi construira par la suite.
L’ashram a été construit en hommage du saint Vashisth. Il est entretenu et habité par des sadhus (renonçants) et comprend plusieurs temples.
On dit aussi que c’est là que les Agnikulas, les quatre clans rajpoutes descendants du dieu du feu (Chauhan, Pratihara, Parmar et Solanki), sont nés du yagam (rituel de feu) effectué par le sage Vashishta.
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