Gwalior, quatrième plus grande ville de l’État du Madhya Pradesh, doit sa renommée à sa forteresse perchée à 100 mètres de haut que l’empereur Moghol Babur surnomma « la perle de l’empire ». Pôle culturel, elle fut la demeure du musicien-poète Tansen et le berceau d’une des plus vieilles gharana ou écoles de musique classique hindoustanie.
On dit que Gwalior doit son nom à une légende. Suraj Sen, un prince du clan Rajpoute Sikarwar du 13e siècle, fut guéri de la lèpre par le sage Gwalipa. En remerciement, le prince aurait donné le nom du sage à sa nouvelle ville.
Gwalior a été, au fil des siècles, le berceau de plusieurs dynasties.
En 1231, les musulmans envahissent Gwalior et la cité reste sous leur domination jusqu’au 13e siècle. En 1375, la dynastie des Tomar est au pouvoir avec Raja Veer Singh. C’est l’âge d’or de Gwalior. Le Sultanat de Delhi en 1516 gouverné par les Lodis fait tomber Gwalior à nouveau.
Les moghols, sous Babur, arrivent à leur tour et prennent la ville. Ils en gardent le contrôle jusqu’au 18e siècle.
Dans les années 1730, les Marathes de Ranoji Scindia s’emparent de Gwalior qui restera un état princier pendant la colonisation britannique. Le maharaja actuel, Madhav Rao, descend de cette même dynastie.
De cette histoire tumultueuse, la ville a hérité d’une richesse culturelle et patrimoniale remarquable. Elle a été le mécène de poètes et musiciens comme Tansen ; certains de ses ragas sont toujours considérés parmi les meilleurs de la musique classique indienne hindoustanie.
Ce festival de musique classique de quatre jours a lieu chaque année en décembre près du tombeau de Tansen. Il rend hommage au grand maître de musique Tansen. Des artistes de toute l’Inde viennent s’y produire. Tansen est l’un des grands musiciens et compositeurs de l’Inde. On dit qu’il a opéré beaucoup de réformes et d’inventions dans la musique classique hindoustanie.
Perché sur une colline, à une centaine de mètres de hauteur, le fort de Gwalior est assurément un des plus impressionnants de l’Inde. Il s’étale sur trois kilomètres carrés, entouré d’une solide muraille en grès.
A son apogée, le fort de Gwalior était considéré comme la forteresse la plus invincible de l‘Inde du Nord.
Construit par le roi Man Singh Tomar au 15e siècle, il est passé entre les mains d’une dynastie à une autre : des Tomars aux Moghols, des Marathes aux Britanniques pour finalement revenir à la famille Scindia (Marathes).
Le fort de Gwalior renferme un palais, plusieurs temples et un Gurdwara.
Le palais de Man Singh s’élevant au-dessus de la falaise est l’une des plus belles architectures que compte l’Inde.
Construit par le roi Tomar Man Singh au 15e siècle, il comprend quatre étages dont deux souterrains utilisés surtout lors des fortes chaleurs estivales.
La particularité du palais est ses façades extérieures ornées de frises de carreaux bleus ; c’est pour cela qu’il a été surnommé « Chitra Mandir », le « palais peint ».
Sasbahu sont deux temples construits en parallèle populairement surnommés « temple à la belle-mère » et « temple à la belle-fille ». Ils sont en fait sont dédiés pour le premier à Sahasrabahu, le dieu Vishnou aux mille bras et pour le deuxième à Shiva.
Le Seigneur Vishnou était vénéré par l’épouse du roi Kachchhapaghata alors que sa belle-fille était une fidèle du Seigneur Shiva. Ainsi, un temple à Shiva a été rajouté à côté de celui de Vishnou.
Les deux temples présentent une belle architecture de style Bhumija, c’est-à-dire que, les tours sont décorées d’éléments coniques, en rangées horizontales et verticales.
Teli Ka est un temple qui surprend par sa sikhara (tour) d’une hauteur de 30 m. Il marie l’architecture dravidienne (Inde du Sud) avec des motifs décoratifs du nord de l’Inde.
C’est le plus ancien temple du fort. Il a été construit au 9e siècle durant le règne du roi Mihira Bhoja de la dynastie Pratihara.
Ce Gurdwara sikh est associé à l’emprisonnement de Guru Har Gobind Sahib au Fort de Gwalior mais surtout de sa fameuse libération lors de laquelle il réussit à sauver 52 rois emprisonnés depuis longtemps dans le fort.
Le mot Bandi signifie « emprisonné », et Chhor « libération ».
Les pèlerins de toute l’Inde visitent ce lieu saint pour rendre hommage à ce héros.
Une des curiosités du fort est un ensemble remarquable de grottes jaïnes du 15e siècle excavées dans une de ses falaises. On en compte une centaine, de tailles très diverses qui abritent des statues des tirthankaras, les saints du jaïnisme.
Jai Vilas a été construit à grand frais par le maharaja Jayaji Rao Scindia en 1874.
Le maharaja actuel de Gwalior réside toujours dans une partie du palais ; 35 pièces ont été transformées en musée.
Conçu par l’architecte britannique Sir Michael Filose, c’est un bel exemple d’architecture européenne, incluant des éléments toscans, italiens et corinthiens.
Le palais est particulièrement célèbre pour son grand « Durbar Hall » décoré de meubles dorés, d’un immense tapis et de lustres gigantesques de plus de trois tonnes chacun.
Né au 16e siècle, Mohammad Ghaus est l’un des grands maîtres soufis de l’Inde. On dit qu’il aida le sultan moghol Babur à s’emparer du fort de Gwalior.
Juste à côté du tombeau de Mohammed Ghaus se tient celui de Tansen.
Tansen (1506-1589), est le plus célèbre des musiciens de la cour d’Akbar. On le considérait comme l’un des neuf joyaux de la cour de l’empereur. Un grand nombre de réformes et d’inventions dans la musique classique indienne hindoustanie seraient dues à Tansen.
Le festival de musique « Tansen Sangeet Samaroh » est organisé sur ce site. Il révèle le riche héritage de la musique classique à Gwalior.
De construction récente, ce temple tire son inspiration du célèbre temple du soleil de Konark dans l’Odisha.
Il est situé dans un jardin bien entretenu qui offre une balade agréable.
Une grande lacune de cet article est l’oubli des magnifiques mosquées comme Moti masjid ou Shahi Jama masjid, etc. Attention : les hindoucrates du Madhya pradesh s’efforcent d’effacer la mémoire de l’héritage indo-islamique qui est d’une importance capitale à Gwalior. N’appauvrissons pas la culture indienne en la privant d’un de ses éléments constitutifs !
Bonjour Gaspard, merci de votre message. La liste des monuments que je cite dans mes articles n’est pas exhaustive, ce n’est pas un guide touristique. Je ne fais aucune discrimination ; j’inclus ce qui m’inspire le plus. Par exemple, le mausolée soufi de Mohammad Ghaus est, à mes yeux, d’une architecte exceptionnelle. Bien à vous, Mathini.