Jaisalmer est un diadème d’or et de sable posé avec grâce sur les terres arides du désert du Thar au Rajasthan. La beauté de cette ville couleur miel n’a d’égal que le lumineux désert environnant qui vit jadis les caravanes chamelières, chargées de précieuses denrées, fouler ses dunes dorées.
Déclarée patrimoine de l’humanité en 2013, Jaisalmer signifie littéralement « le fort de Jaisal » tiré du nom de son fondateur Rawal Jaisal Singh, un souverain du clan Rajpoute Bhati (ou Bargala). Les dirigeants Bhati gouvernaient à l’origine des parties de l’Afghanistan ; on pense que leur ancêtre Rawal Gaj a fondé la ville de Ghazni. Les rois Rajpoutes régnèrent à Jaisalmer de 1156 à 1949 date à laquelle leur royaume fut intégré à l’état du Rajasthan.
Le surnom de « cité dorée » provient de la couleur des pierres en grès jaune avec lesquelles la ville tout entière est construite. Cette particularité, ainsi que son architecture d’un raffinement époustouflant, donnent à cette cité du désert un charme et une atmosphère uniques.
La richesse patrimoniale de Jaisalmer est due à son rôle d’étape caravanière sur la route commerciale entre l’Inde, le monde arabe et l’Afrique. Des denrées telles que la soie, l’indigo, le sucre, les fruits secs ou encore l’opium transitaient par cette oasis.
Pendant trois jours, en janvier ou février suivant les années, Jaisalmer devient la vitrine colorée de la culture folklorique Rajasthanie. Le festival débute par une parade partant de l’entrée du fort jusqu’au stade Singh Shahid Poonam menée par les chameaux somptueusement décorés des gardes-frontières…
LIRE LA SUITE +La ville est scindée en deux partie, la ville haute comprise dans l’enceinte du fort et la ville basse tout autour du fort.
Commençons cette visite par la perle de Jaisalmer, son « Sonar Quila » ou fort doré. Il se dresse à 76 mètres de haut sur la colline Trikuta, ceinturé par des remparts de cinq kilomètres de long. C’est l’un des plus grands forts au monde et il n’est pas sans rappeler la cité de Carcassonne dans le sud de la France.
Le fort a été construit en 1156 par Rawal Jaisal Singh, le fondateur de Jaisalmer, dans un style architectural Rajpoute et Moghol et renferme des édifices remarquables tels que le « Raj Mahal » (le palais royal) et les temples jaïns (voir ci-dessous).
L’ensemble de la ville fortifiée est un festin pour les yeux. Je ne me lasse jamais de flâner dans le dédale de ses venelles aux maisons colorées. Je vous recommande d’ailleurs de réserver un hôtel au sein du fort, pour la convivialité des habitants tout d’abord, car c’est comme un petit village dans la ville, mais aussi pour la vue imprenable sur la ville basse, particulièrement en beauté au lever et coucher de soleil.
Situé juste après la quatrième porte du fort, on tombe sur le palais Raj Mahal construit au 15e siècle, un des plus beaux exemples de l’architecture si spécifique de Jaisalmer.
L’édifice de sept étages, qui était la demeure de la famille royale de Jaisalmer, offre un bel aperçu de la vie des souverains d’alors. Sur le toit du palace, une vue plongeante sur la ville basse de Jaisalmer et ses remparts vous attend.
Les temples jaïns du fort de Jaisalmer sont une visite à ne manquer sous aucun prétexte.
On trouve là sept splendides sanctuaires interconnectés construits entre le 15e et le 16e siècle. Ils sont dédiés à sept Tirthankars (saints jaïns) : Chandraprabhu, Rikhabdev, Parasnath, Shitalnath, Shantinath et Kunthunath.
L’intérieur dont chaque recoin est finement ciselé n’a rien à envier au temple jaïn de Ranakpur.
Les havelis (maisons de maître) de Jaisalmer sont parmi les plus beaux de tout le Rajasthan, c’est donc une visite incontournable. Trois de ces demeures sortent du lot, le Patwah ki haveli, le Nathmal ki haveli et le Salam Singh ki haveli. Tout autour de ces havelis, vous trouverez aussi de beaux édifices, certes plus modestes, mais qui valent aussi le coup d’œil. Pour cela, perdez-vous dans les ruelles de la ville basse et n’hésitez pas à demander aux habitants si vous pouvez visiter leurs maisons ; il se pourrait même qu’en plus de la visite, vous soyez invités à savourer un chaï avec toute la famille.
Le Kothari Patwa est le plus impressionnant des trois havelis et l’un des plus grands du Rajasthan. Il fait partie d’un ensemble de cinq havelis alignés dans un passage étroit commencé en 1800 par les Patwas. Sa construction durera 55 ans.
La famille Patwa connut un immense succès dans la finance et dans le commerce du brocart et de l’opium si bien qu’à un certain moment, ils furent même appelés à éponger le déficit public de la ville. Cependant, après un revers de fortune, ils vendirent leur haveli à Jeevanlalji Kothari, un natif de Jaisalmer.
Les façades de cet ensemble d’havelis sont époustouflantes de raffinement avec de fins jalis (panneaux ajourés) et de nombreuses loggias, balcons et tourelles dentelés surmontés de toits voûtés. L’intérieur, d’inspiration rajpoute, moghole et victorienne, est tout aussi somptueux avec des objets décoratifs importés de divers pays et de très belles peintures murales.
Le deuxième haveli, le Nathmal ki haveli, construit au 19e siècle, fut utilisé par les premiers ministres du royaume de la cité.
On raconte que deux frères, les architectes de cet haveli, commencèrent à construire l’haveli simultanément, chacun de leur côté. Lorsque le bâtiment fut achevé, la symétrie de l’haveli s’avéra imparfaite, ce qui rajoute à son charme.
L’extérieur de l’haveli est minutieusement ciselé dans le grès jaune avec deux éléphants-gardiens de part et d’autre de la façade. L’entrée au milieu de l’édifice mène à une belle cour à loggias.
La demeure étant privée, seule une salle au 1er étage est ouverte au public. Elle accueille maintenant une boutique d’objets en os de dromadaire, mais, à l’origine, c’était la salle de réception de l’haveli. Elle garde de ce temps de fines sculptures dentelées et de délicates peintures racontant la vie du dieu hindou Krishna.
Salim Singh est le dernier des trois plus importants havelis de Jaisalmer.
Le bâtiment a été construit en 1815 par Salim Singh, le Premier ministre du royaume et a ensuite été occupé par les Mehta de Jaisalmer, une famille très influente en son temps.
L’haveli se compose de 38 balcons tous de conceptions distinctes. La façade avant de l’haveli ressemble à la poupe d’un navire, d’où son surnom de « Jahaz Mahal » ou le « palais navire ».
Gadi Sagar est un lac artificiel, à 2 km du fort, qui servait auparavant de réservoir pour collecter les eaux de pluie. Il a été creusé en 1367 par Rawal Gadsi Singh, le premier Maharaja de Jaisalmer. Jusqu’en 1950, c’était la seule source d’approvisionnement en eau de la villes.
On y accède par le porche « Tillon Ki Pool » construit à la fin du 19e siècle par un courtisan du nom du même nom.
Le lieu comprend plusieurs édifices dont des temples et de petits pavillons posés sur le lac qui lui donnent un charme fou.
Le petit musée du lac, qui se trouve à droite de la porte Tillon Ki Pool, est tenu par un particulier et s’avère être une mine d’informations sur la culture du Rajasthan.
L’hôte, dont le père est à l’origine de ce musée, vous fera visiter les différentes pièces dans un français impeccable teinté de quelques touches d’humour.
Le Bada Bagh (grand jardin) regroupe les cénotaphes ou « chhatris » des Maharajas de Jaisalmer depuis 1743. Il se trouve à 6 km au nord de la ville dorée. C’est un endroit plaisant, à voir de préférence au coucher du soleil quand la pierre jaune des édifices devient flamboyante.
Le temple jaïn de Lodhruva se trouve dans le village du même nom, à 15 km au nord-est de Jaisalmer. Lodhruva fut la première capitale des souverains Bhati avant qu’ils ne s’établissent à Jaisalmer.
L’édifice, construit au 12e siècle EC et rénové au 17e, est dédié à Parshvanath, le 23e Tirthankara (saint jaïn). Tout comme les monuments de Jaisalmer, ce temple est une petite merveille avec de beaux jalis (panneaux ajourés) tout autour du temple et une torana (arche) à l’entrée finement sculptée.
Sur la route des dunes de Sam, à 20 km de Jaisalmer, se tient la cité fantôme de Kuldhara. Le désert a englouti une grande partie de la ville, mais il reste encore de-ci de-là quelques beaux vestiges témoignant de sa richesse d’autant.
On raconte que les 300 âmes de Khuldara, des Brahmines Paliwal, ont déserté le village en une seule nuit pour ne pas avoir à offrir à un tyran local une jeune fille différente chaque soir. En vérité, personne ne sait réellement pourquoi les villageois ont subitement quitté ce village… Le mystère reste entier…
À 15 km de la cité fantôme, on trouve un fort qui était autrefois habité par la même communauté Brahmines qui a fuit Kuldhara. Autour du fort, on voit encore les ruines leurs habitations, une centaine de familles vécut là pendant plus de 200 ans.
L’endroit offre peu d’attraction si ce n’est la vue imprenable sur le désert ainsi qu’un petit musée exposant quelques objets d’artisanat.
Les dunes de Sam et Khuri offrent un bel aperçu du désert du Thar, mais sont bien trop touristiques. Insistez auprès des agences pour qu’elles vous amènent dans d’autres parties plus sauvages du désert ou mieux, contactez-moi ! Le désert du Thar est une de mes spécialités.
Bonjours je nabite pas à Jaisalmer.
Oh ok, donc ce sera au hasard d’une rencontre. Bien à vous. Mathini
Bonjours c’est très intéressé merci de nous avoir partagé ça. Mais j’ai vue que vous avez fait une petite faute d’orthographe, sa ne s’écrit pas » bhatti »mais « bhati » je sais ça car je suis une des Bhati mon ancêtre jairam était le frère de Jaisal.
bonjour Namita, oui en effet il y a une faute d’orthographe sur le nom Bhati, je rectifie tout de suite. Peut-être pourrions-nous nous rencontrer lors de ma prochaine visite à Jaisalmer. Bien cordialement, Mathini.
Très intéressant. Blog très documenté et pourtant accessible à tous.
Merci beaucoup Bernadette ! 🙂