Ce n’est plus un secret, la région du Shekhawati est un de mes coups cœur absolus au Rajasthan. C’est non seulement la terre natale de ma belle-famille, mais c’est surtout un trésor inépuisable de bijoux architecturaux. Le temple de Khemka Shani situé dans la cité de Ramgarh, à deux heures de Jaipur, fait partie de ces joyaux merveilleux.
Le temple de l’extérieur est très sobre. On devine tout de même, avec les vestiges de fresques, qu’à son origine, l’édifice était entièrement peint, comme c’est le cas de toutes les demeures de maître de la région du Shekhawati.
Même s’il paraît plus ancien, le temple a été construit au milieu du 19e siècle par l’opulente famille de marchands Khemka qui, depuis, a migré vers Indore dans le Madhya Pradesh.
La première entrée qui se trouve en contrebas de la route est surplombée de plusieurs jharokhas, les balcons en encorbellement typiques du Rajasthan.
La deuxième entrée nous en dit déjà un peu plus long sur la merveilleuse suite de la visite. Elle est ornée de part et d’autre de fresques dans les tons vert et lapis-lazuli ainsi que de mosaïques de miroirs.
La statue de Ganesha, le dieu hindou à tête d’éléphant, trône au-dessus de la porte entouré de ses deux parèdres Riddhi et Siddhi.
La famille Brahmine qui s’occupe du temple, trois femmes, la mère et ses deux filles, vient nous accueillir.
Dès le premier pied posé dans la cour du temple, c’est l’émerveillement ! Les milliers de miroirs incrustés à chaque recoin du temple font scintiller tout l’édifice. C’est comme ouvrir une grande malle aux trésors.
Les fresques délicates sont peintes dans des tons harmonieux de bleu, rose et vert. Leur beauté vient en partie du fait que ce sont encore les peintures d’origines utilisant des pigments naturels comme le neel (indigo) pour le bleu ou le gerou (terre) pour le rouge.
Les fresques sont composées de motifs floraux et de mythologie hindoue décrivant la grande épopée indienne du Mahabaratha ou des épisodes de la vie des déités Krishna et Radha : on peut y voir notamment Krishna soulevant le mont Govardhan sur son petit doigt.
Pour parfaire l’esthétisme du lieu, des panneaux floraux en verre poli incrusté ont été ajoutés à la base des murs.
Plus on avance vers le garbhagriha (le saint des saints) plus l’ambiance est sombre et mystérieuse, c’est typique des temples dédiés à Shani.
Dans l’hindouisme, Shani est une déité très redoutée. Elle est la personnification divine de la planète Saturne et fait donc partie des « Navagrahas« , les neuf planètes ou phénomènes astronomiques qui, dans le système cosmologique indien, sont supposés influencer les destinées humaines.
Shani représente le karma et la justice ; en d’autres termes, ce dieu peut causer malheur et perte à ceux qui le méritent ou peut également conférer des bienfaits et des bénédictions à ceux qui en sont dignes.
Shani est généralement d’apparence noire ou bleu portant un arc, une flèche et un trident et il est assis sur un corbeau, son vahana ou monture divine.
Comme Shani symbolise Saturne, le samedi est considéré comme le meilleur jour pour vénérer cette déité. Les fidèles viennent lui offrir de l’huile de sésame versée dans des lampes à huile.
La déité de Shani dans le temple de Kemkha Ramgarh est comparable à l’ensemble du temple, d’une grande finesse. Elle est posée sur un trône d’argent protégé par un Chhatri sur lequel sont incrustés des centaines de miroirs… L’effet est spectaculaire.
Le visage noir sévère de la statue est couronné d’un diadème en argent surmonté d’une plume de paon, rappel que Shani est aussi considéré dans certains textes hindous comme l’incarnation du seigneur Krishna. Par exemple, dans le « Brahma Vaivarta Purana », Krishna est également appelé Saneeshwar, ce qui signifie « le Seigneur de Saturne ».
En sortant du temple, une dernière surprise nous attend. La gardienne nous montre un bol en laiton, visiblement ancien, au milieu duquel l’enfant Krishna et peut-être son père adoptif, Nanda sont assis.
La dame commence à verser de l’eau dans ce bol. Rien ne se passe jusqu’à que l’eau touche le pied gauche de Krishna : l’eau s’écoule alors par un trou en dessous du bol.
C’est magique, nous dit-elle ! Même si nous voyons vite l’astuce, nous nous laissons bien volontiers illusionner par « Magik India »…
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