Kuas, les puits perses du Shekhawati

Dans les zones semi-désertiques comme le Shekhawati, au nord du Rajasthan, la gestion de l’eau est un élément vital. Ainsi, outre les puits à degrés et autres réservoirs, de nombreux « kuas » (prononcer Koua) ont fleuri dans toute la région. Avec leurs tours de style perse ornementés de fresques raffinées, ces puits uniques étaient, aux 18e et 19e siècles, le reflet de l’opulence des riches marchands Marwaris. Nœuds communautaires, ils servirent aussi de caravansérail pendant un demi-siècle sur la route commerciale à travers le désert du Thar.

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Le kua du temple Lal kuwa Balaji – Ramgarh avec un bel haveli en arrière-plan

En Inde, comme dans la plupart des sociétés traditionnelles, l’eau est considérée comme sacrée. C’est l’un des cinq Panch Maha-bhuta ou les cinq éléments de la nature, les quatre autres étant le feu (Agni), l’air (Vayu), l’ether (Akash) et la terre (Prithvi). Les fleuves sont aussi déifiés et les temples hindous de l’Inde ancienne sont toujours pourvus d’un « kund », un réservoir d’eau où les rituels et les ablutions prennent place.

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Le kua du temple de Kher à Nawalgarh avec plusieurs chhatris (pavillons)

\Dans la région du Shekhawati, on trouve plusieurs sortes de points d’eau : les kunds des temples, les puits à degré (baori) et les « kuas » qui font l’objet de cet article.

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Kua à Nawalgarh et son temple à Hanuman

Le kua est propre à la région du Shekhawati. Les dimensions de ces puits varient dans toute la région, néanmoins la même caractéristique se retrouve pour chacun d’entre eux : posés sur une plate-forme surélevée, ils sont surplombés de deux ou quatre tours de style minaret, une architecture absolument unique en Inde.

Rappelons-le, l’architecture du Rajasthan a été fortement influencée par l’école Rajpoute, combinant des éléments de style moghol (islamique) et hindou. Cette spécificité a été reproduite sur les kuas avec des tours ressemblant à des minarets peintes de fresques illustrant la mythologie hindoue.

Ces puits furent commandités par les banias, des commerçants marwaris qui firent fortune sur la nouvelle route commerciale passant dans la région (voir en bas de page).

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Les tours minarets du kua de Lal kuwa Balaji – Ramgarh

Les puits à quatre tours indiquaient qu’ils étaient pour l’usage public avec deux poulies pour être plus efficaces et les puits à deux minarets étaient pour l’usage privé.

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Kua possédant deux tours seulement, Ramgarh
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détails du kua

Les kuas les plus élaborés possèdent des « chhatris », c’est-à-dire, des pavillons semi-ouverts rectangulaires, ainsi qu’un sanctuaire, le plus souvent dédié à Hanuman ji, le dieu-singe de la foi hindoue. Pourquoi Hanuman ? J’ai longuement cherché avant de trouver un élément de réponse de la part de M. Sham Singh ji, guide réputé de la région du Shekhawati, maintenant à la retraite. Hanuman symbolise la force, le courage et la dévotion. Avant de creuser le puits, un temple à Hanuman était édifié pour protéger les ouvriers et leur donner du cœur à l’ouvrage.

Le kua et le temple Lal kuwa Balaji dédié à Hanuman

Ainsi, on le voit, les puits-kuas du Shekhawati servaient non seulement à la gestion de l’eau, mais étaient également associés aux rituels religieux. Ils fonctionnaient aussi comme nœud communautaire, les habitants s’y réunissaient et des festivités y avaient lieu.

Le temple Lal kuwa Balaji et son sanctuaire dédié à Hanuman, le dieu-singe de l’hindouisme

Dans les années 1740 à 1800 EC, ces kuas eurent une autre fonction et pas des moindres, ils servirent de caravansérail sur la nouvelle route commerciale établie par les Thakurs (seigneurs) du Shekhawati.

Si vous avez lu mon article sur la région du Shekhawati, j’explique comment, pendant la seconde moitié du 18e siècle, les Thakurs du Shekhawati détournèrent la route commerciale Delhi-Sindh passant normalement par Ajmer, Bikaner et Jaisalmer en réduisant considérablement les taxes sur le commerce à travers leurs territoires. Cela fit la richesse de toute la région.

Un kua abandonné, comme tant d’autres, à Nawalgarh

Les kuas, tout comme les magnifiques demeures palatiales du Shekhawati, sont pour la plupart abandonnés ; guère sont ceux qui font vraiment attention à ces petites merveilles qu’ils ont pourtant sous leurs yeux. Un classement au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO permettrait de sauvegarder cet héritage ô combien précieux et unique.

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2 Comments on “Kuas, les puits perses du Shekhawati”

  1. Bonsoir
    J’espère le visiter bientôt
    il y a des Havelis je pense de toute beauté.

    • Namaskaram Ady, oui la région du Shekhawati, à visiter sans faute ! Et si vous l’avez déjà visité, il y a des lieux hors sentiers battus… Nous contacter 😉 À bientôt ! Mathini

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