Le désert de Thar, aussi connu comme le « grand désert indien », est le neuvième plus grand désert subtropical au monde et couvre principalement le Rajasthan (nord-est de l’Inde), mais s’étend également dans le Gujarat (Région du Kutch), le Pendjab et l’Haryana. N’y cherchez pas des dunes sahariennes, car, à quelques exceptions près, le Thar est plutôt plat, jalonné ici et là de maisons en pisé ou en gré jaune comme à Jaisalmer, la ville la plus proche. L’aridité de cette région est teintée de peuples multiples qui partagent des traditions folkloriques encore bien vivantes.
Je me souviens encore très bien de ma toute première visite dans le désert du Thar : un Californien que j’avais rencontré à Jodhpur m’avait proposé de faire du co-voiturage jusqu’à Jaisalmer. Nous avions cheminé ensemble jusqu’à un petit resort qui venait tout juste de sortir de terre ; ce même resort que je visiterai plusieurs fois après, jusqu’à ce qu’il soit racheté par un grand groupe hôtelier et perde malheureusement toute son authenticité.
Posé au beau milieu du désert, non loin de la cité fantôme de Khuldera, le resort comprenait cinq ou six huttes rondes fabriquées en matériaux traditionnels avec, sur le devant, une petite pergola sur laquelle des fleurs grimpantes s’accrochaient ; elle abritait un vieux charpai (lit traditionnel) bien utile pour les siestes.
Le lieu était alors tenu par un homme du désert, dont le visage pourtant jeune était déjà sillonné de rides profondes, témoignages de la rudesse du désert.
A cette époque, l’internet était aux abonnés absents dans le Thar ; les journées, ancrées dans le moment présent, étaient comme de longues méditations contemplatives interrompues seulement par la pause chaï et les repas simples, mais savoureux, cuits au feu de bois.
Le pain chapati, épais, telle une galette, assorti de « Kachri » (courges du désert) furent, pour moi, une véritable découverte culinaire et mon palais garde, même 8 ans après, le délicieux souvenir de ces saveurs délicatement épicées et fumées.
Entre deux repas et suivant le bon vouloir du maître des lieux, qui avait un tempérament plutôt sanguin, nous partions en jeep vers des villages reculés du désert à la rencontre des habitants, un véritable kaléidoscope de peuples.
Ici des femmes Banjaras m’accueillaient avec leurs chants aigus et leurs danses gracieuses, là des musiciens Saperas, tentaient de m’envoûter avec le son de leur Bin, la flûte-calebasse des anciens charmeurs de serpents.
Les habitants d’habitude chaleureux, m’invitaient timidement à l’intérieur de leur maison : peu d’Occidentaux avaient visité cette partie du Thar ; certains enfants, effrayés, allaient vite se cacher dans les jupes de leur mère.
La glace brisée, les sourires revenaient sur les visages et, quand il fallait partir, des enfants espiègles papillonnaient autour de moi dans l’espoir de jouer encore un peu, si bien qu’il était parfois difficile d’avancer jusqu’à la voiture.
Et puis le soir, ah le soir ! Dans la pièce commune du resort, des musiciens locaux venaient faire un « jam » pendant que le dîner cuisait. C’est à cette occasion que j’entendis pour la première fois le son de l’algoza, la double flûte du désert qui utilise la technique de la respiration circulaire. Tout simplement ensorcelant.
Les nuits, après ces concerts improvisés, se passaient souvent à la belle étoile, un simple matelas posé sur le toit plane de la pièce principale avec, devant moi, l’écran grandiose de la voie lactée, si claire dans le désert.
Le matin, ce sont les bergers qui nous réveillaient avec leur troupeau ; ils venaient partager un chaï avec le maître des lieux. Parfois, entre deux gorgées, ils entonnaient des chants traditionnels a cappella.
À maintes reprises, plongée dans le silence vibrant du désert, je me suis mise à rêver d’une vie dans le Thar : cette simplicité et cette authenticité avaient trouvé un écho en moi. Le vent du destin m’a finalement portée vers Udaipur, mais cet amour pour le désert du Thar ne m’a plus jamais quittée.
VOYAGEZ DANS LE DÉSERT DU THAR AVEC MOI !