Khajuraho est un village de l’état du Madhya Pradesh, au nord de l’Inde, connu pour ses somptueux temples édifiés sous la dynastie des rois Chandelas. Classés au patrimoine mondial de l’humanité, leur renommée dépasse largement les frontières de l’Inde en raison de leurs voluptueuses sculptures de « l’art de l’amour ».
Khajuraho est sans aucun doute un des plus beaux sites que compte l’Inde. Les Chandelas, des souverains Rajpoutes du centre de l’Inde, firent ériger ces splendides édifices sur une période s’étalant du 10e au 11e siècle. On en comptait 85 à l’origine, cependant 22, seulement, subsistent de nos jours. Ils sont consacrés aux cultes hindous et jaïns.
Les temples de Khajuraho restèrent en activité jusqu’à la fin du 12e siècle. Au 13e siècle, l’armée du Sultanat de Delhi, sous le commandement du sultan Qutb-ud-din Aibak, attaqua et saisit le royaume Chandela.
Du 13e siècle au 18e siècle, la région fut dominée par les différentes dynasties musulmanes. Pendant cette période, un bon nombre de monuments hindous furent profanés. C’est une chance que ceux de Khajuraho aient été épargnés. Les historiens pensent que l’isolement du site l’a protégé de la destruction.
Les temples furent peu à peu oubliés et, au fil des siècles, la nature reprit ses droits, engloutissant le village.
C’est un géomètre anglais, T.S. Burt, qui redécouvrira les différents sites de Khajuraho en 1840. Les travaux de rénovation démarreront au 20e siècle et dureront une quinzaine d’années.
Le site de Khajuraho est divisé en trois groupes dits groupe ouest, groupe est et groupe sud.
Les temples les plus importants se concentrent dans la partie ouest. Parmi eux, celui de Kandariya Mahadeva, dédié à Shiva, est le plus remarquable.
Construit au milieu du 10e siècle, sa tour principale est constituée de petits urushringas ou tours secondaires qui s’appuient sur la principale.
Cependant, l’attraction majeure du temple de Kandariya Mahadev est ses nombreuses fresques érotiques (voir plus bas) qui, loin d’être vulgaires, sont de véritables pièces d’art reflétant l’ouverture d’esprit de l’époque.
Juste à côté, le temple de Lakshmana, reposant sur une large plate-forme est le seul du site à être entouré de plusieurs petits sanctuaires annexes.
On remarquera notamment celui de Vahara, l’avatar du dieu Vishnou sous la forme d’un sanglier. Le corps de l’animal est entièrement orné de figurines du panthéon hindou.
Les groupes est et sud renferment aussi des édifices intéressants : Parshvanath, Adinath, Shantinath ou Chaturbhuja.
Parshvanatha est le plus grand des temples jaïns de Khajuraho. Il présente de belles sculptures de couples, de danseurs, de musiciens et aussi de dieux hindous, marquant la bonne entente des deux religions.
À droite du temple de Parshvanath, on trouve celui d’Adinath, plus petit, mais tout aussi joliment sculpté, avec une statue en schiste noire représentant le premier des vingt-quatre maîtres du jaïnisme.
Dans le même complexe de temples jaïns, un édifice blanc avec plusieurs tours attire notre attention. C’est le temple de Shanti Nath. Si l’extérieur semble récent, Shanti Nath abrite cependant une statue d’Adinath, haute de 4,50 m, qui daterait de 11e siècle.
Tous les temples de Khajuraho, sans exception, sont richement ornés de statues finement travaillées qui illustrent de nombreux aspects de la vie humaine ainsi que le panthéon hindou.
Khajuraho est cependant connu pour un autre type de sculptures, celles représentant des scènes du kamasutra, maintenant célèbres dans le monde entier.
En réalité, ces scènes ne représentent qu’une portion infime de la décoration des temples et on ne saurait réduire ces monuments à de simples édifices érotiques.
Bien qu’elles n’égalent pas celles de Khajuraho, ce genre de sculptures subjectives se retrouvent dans un très grand nombre d’édifices en Inde tels les temples du soleil de Konark ou Modhera, pour ne citer qu’eux.
Plusieurs théories ont été mises en avant pour expliquer la présence de telles sculptures dans les temples hindous et jaïns.
Selon la thèse spirituelle, les figures sensuelles rappellent que l’énergie sexuelle doit être transcendée pour atteindre un état d’éveil spirituel. L’être humain doit se centrer sur son univers intérieur plutôt que de dépendre de ses cinq sens qui le mènent vers l’acquisition sans fin de choses matérielles.
Du point de vue du tantrisme, le sexe est sacré. Il reproduit l’acte ultime de la création, l’union du masculin et féminin. Le sexe est la cause de la création et manifestation de l’univers.
Certains évoquent aussi que ces temples avaient (ont) une valeur éducative. Parler de sexualité est souvent un sujet tabou. L’art du sexe peut être appris à travers ces sculptures.
Khajuraho organise un festival de dance qui a lieu chaque année en février-mars dans le cadre spectaculaire des temples de Khajuraho, magnifiquement mis en lumière pour l’occasion.
Ce festival culturel est une vitrine de la richesse des différents styles de danses classiques indiennes comme le Kathak, le Bharatha Natyam, l’Odissi, le Kuchipudi ou le Manipur. De la danse moderne a également été ajoutée récemment au programme.
Les récitals de danse sont exécutés dans un auditorium en plein air, généralement en face du temple Chitragupta dédié à Surya (le Dieu Soleil) et du temple Vishwanatha dédié à Shiva.