Surnommée « la porte d’entrée du Kérala », Kochi (Cochin) possède cette atmosphère éclectique propre aux villes ayant été exposées à de nombreuses influences extérieures au cours du temps. Ville de négoce, elle a depuis des temps immémoriaux attiré les convoitises : les Arabes, les Chinois, les Britanniques, les Néerlandais et les Portugais ont laissé leurs empreintes sur l’histoire et le développement de Kochi. Elle reste encore de nos jours la capitale commerciale et industrielle du Kérala et l’une des villes portuaires les plus importantes de la côte ouest de l’Inde.
Le patrimoine touristique reflète les influences passées de Kochi : ici les filets de pêches chinois côtoient les synagogues ainsi que les palais hollandais et les églises baroques.
Kochi est aussi adossée aux verdoyants ghats occidentaux et parcourue par un réseau de « backwaters » (canaux) qui font d’elle une étape tout autant fascinante que relaxante pour le voyageur.
Lors de « Atham », le premier jour du festival d’Onam, une procession colorée a lieu dans la ville de Thripunithura. Toutes les formes d’arts folkloriques et classiques du Kerala sont représentées. Tripunithura était la capitale de la famille royale de Kochi et, jadis, le festival d’Athachamayam était célébré en l’honneur du roi.
LIRE LA SUITE +Kochi-Muziris est une exposition internationale d’art contemporain. Elle se tient dans différents espaces à Kochi, Muziris et sur les îles environnantes. Parallèlement à l’exposition, la Biennale propose un riche programme de conférences, séminaires, projections, musique, ateliers et des activités éducatives pour les enfants et les étudiants.
Le carnaval de Kochi, dont l’origine remonte aux Portugais, a lieu au cours de la dernière semaine de décembre à Fort Kochi ; il accueille le nouvel an kéralais. Pendant plusieurs jours, différentes manifestations culturelles sont au programme. Le point d’orgue du carnaval est la procession du nouvel an : un éléphant caparaçonné conduit la procession accompagné de percussions, de groupes de musique et suivi de chars colorés.
Indira Gandhi race est une compétition annuelle de bateaux. Elle est organisée lors de la dernière semaine de décembre dans les backwaters de Kochi. Cette course est l’une des plus populaires Vallamkali (course de bateaux-serpents) du Kerala. Le trophée de la course est nommé d’après Indira Gandhi, l’ancienne première ministre de l’Inde.
Malayatoor Perunnal est célébré lors des mois de mars ou avril. Il tombe le dimanche après la Pâques et est organisé par l’église catholique de Malayatoor, située près de la ville de Kochi. Bâtie au sommet de la colline Malayattoor, à une hauteur de 600 m, cette église est dédiée à Saint-Thomas, le fameux apôtre de Jésus-Christ. On dit que le saint homme prit l’habitude de prier dans cette église quand il débarqua au Kerala. Pendant les célébrations, les pèlerins grimpent les pentes de la colline jusqu’à de l’église en portant de lourdes croix en bois.
Les filets de pêche chinois (carrelets ou cheenavala en langue malayalam) sont une curiosité spécifique de Kochi. On ne les trouve en effet que dans cette partie de l’Inde.
On pense que les commerçants de la cour du souverain chinois Kublai Khan ont introduit ces filets lors de leurs multiples voyages à Kochi.
Ces carrelets ont un fonctionnement bien particulier qui requiert la force de plusieurs hommes : le filet est plongé dans le courant grâce à un système de poulies, de contrepoids et bras articulés en bois. C’est un beau spectacle en soi.
Datant de 1503, Saint François est la plus ancienne église construite par les Européens en Inde.
Vasco da Gama, qui découvrit la route maritime de l’Europe vers l’Inde, débarqua à Kappad près de Kozhikode (Calicut) en 1498. Il fut suivi par Pedro Alvares Cabral et Afonso de Albuquerque.
Ils construisirent, avec la permission du roi, un fort à Kochi. En son sein, ils édifièrent une église avec une structure en bois qui fut dédiée à Saint-Barthélemy. Le quartier, de ce fait, est maintenant connu comme « Fort Kochi ».
L’église a été maintes fois reconstruite et dédiée à différents saints. En 1516, la dernière version de l’église fut consacrée cette fois-ci à St François.
Petite anecdote : lors de sa 3e visite au Kerala, Vasco da Gama tomba gravement malade et décédera à Kochi. Il sera enterré dans cette église. Plus tard, en 1536 EC, son corps fut rapporté au Portugal et il repose maintenant dans le monastère des Jéronimos à Lisbonne. La dalle de sa tombe temporaire est encore visible dans l’église saint Francis.
L’église d’origine, située à Fort Kochi, a été édifiée par les portugais en 1505.
Elle fut détruite par les colons britanniques en 1795. La structure actuelle a été reconstruite en 1905 et élevée au rang de basilique par le pape Jean-Paul II en 1984.
L’histoire de la basilique de Santa Cruz commence en 1500 avec l’arrivée des missionnaires portugais et de la deuxième flotte portugaise d’Alvares Cabral. Le roi Trimumpara du royaume de Kochi les reçut très chaleureusement. Cela provoqua la guerre entre le royaume de Kochi et celui de Calicut gouverné par les Zamorins. L’armée portugaise vainquit les Zamorins et en retour, ils reçurent la permission de construire un fort à Kochi.
En 1505, Don Francisco de Almeida le premier vice-roi portugais obtint l’autorisation du roi de Kochi pour la construction de l’édifice. La première pierre de l’église de Santa Cruz fut posée le 3 mai 1505, le jour de la fête de l’Invention-de-la-Sainte-Croix, d’où elle tire son nom.
Bien qu’il soit surnommé « palais hollandais », cet édifice a été construit par les Portugais et offert au roi de Kochi autour de 1555.
Les Néerlandais ont, par la suite (en 1663), réalisé quelques extensions et rénovations du palais d’où son nom. Aujourd’hui, il abrite une galerie de portraits des rois de Kochi ainsi que de remarquables fresques murales mythologiques.
Le palais est une structure quadrangulaire construit dans le style Nalukettu, l’architecture traditionnelle du Kerala, avec une cour au milieu où se dresse un petit temple dédié à « Pazhayannur Bhagavati », la déesse protectrice de la famille royale de Kochi.
Deux autres temples entourent le palais, l’un dédié au seigneur Krishna et l’autre à Shiva.
La Synagogue Paradesi, située dans une impasse de la vieille ville juive, a été construite en 1568.
C’est l’une des sept synagogues des Yehudan Mappila ou communauté juive de Kochi. En 1662, elle fut détruite par les Portugais puis reconstruite, deux ans plus tard, par les hollandais.
Le mot Paradesi signifie « étranger » ; il se réfère aux Juifs séfarades ou Juifs de langue espagnole. Les Yehudan Mappilar de Kochi formaient une communauté prospère au Kerala, ils contrôlaient en effet la majeure partie du commerce des épices.
La synagogue compte plusieurs antiquités rares : les lustres en verre du plafond retiennent particulièrement l’attention, ils sont du 19e siècle et ont été importés de Belgique. Le sol de la synagogue est pavé de carreaux de céramique bleus peints à la main, tous différents les uns des autres ; ils ont été ramenés de Chine au 18e siècle par Ezéchiel Rahabi, un homme d’affaires juif de renom.
Une chaire avec des rails en laiton se tient au centre de la pièce. Des arches en teck abritent quatre rouleaux de la Torah (les cinq premiers livres de l’Ancien Testament).
Kochi possède plusieurs théâtres où l’on peut assister à un spectacle de Kathakali, une des danses classiques indiennes les plus connues du Kerala. Ces spectacles, bien que très touristiques, sont une belle introduction à cet art ancestral.
Près de Veli Maidan à Fort Kochi, dans la principale laverie de la ville, des hommes et femmes s’activent assidûment à la tâche : ce sont les « dhobis » ou laveurs de vêtements.
Un chemin étroit mène à un hangar où des draps et vêtements sont repassés et empilés avec grande dextérité. Juste à côté, le linge est lavé dans des bacs d’eau en béton avec une technique qui nous rappellent nos lavandières d’antan. Plus loin, une multitude de vêtements sèchent au soleil sur des grands étendoirs ou sur l’herbe.
Certains dhobis ont des contrats avec des hôpitaux, hôtels ou des administrations gouvernementales, d’autres font du porte-à-porte.
Cherai est une plage pittoresque, située au nord de l’île de Vypeen à 25 km de Kochi. Idéale pour la baignade, elle est entourée de cocotiers et de rizières et des dauphins y font parfois une brève apparition.
Juché en haut d’une colline que l’on atteint par une série de marches, ce palais de 1865 était la résidence de la famille royale de Kochi.
Il a été remis au gouvernement du Kerala par la famille et reconverti en musée en 1980 par le département d’Archéologie.
Le complexe du palais compte 49 bâtiments construits sur 54 acres de jardins soigneusement entretenus. Il dispose d’un musée archéologique, d’un musée du patrimoine, d’un parc de cerfs, d’un parc préhistorique et d’un parc pour enfants.
La principale attraction de ce complexe est la chambre renfermant la couronne royale en or incrustée de pierres précieuses.
Ouvert en 2009 par une organisation à but non-lucratif, le musée d’Ernakulam est un véritable trésor qui met en valeur le riche patrimoine du Kerala à travers ses nombreuses formes d’arts tels entre autres les masques, sculptures, costumes traditionnels de danses.
Le bâtiment en lui-même incite à la visite et ne passe pas inaperçu. Il est construit sur trois étages suivants différents styles architecturaux du Kerala. L’entrée de cette structure est faite à partir des ruines d’un temple tamil du 16e siècle et de sculptures en bois collectées à travers le Kerala.
Située à 35 km de Kochi, dans un petit village paisible, ce petit bijou de synagogue vaut vraiment le déplacement.
Elle a été construite en 1614 pendant l’inquisition portugaise et était entourée d’un haut mur qui servait probablement à sa protection.
La synagogue de Chennamangalam reflète l’architecture traditionnelle du Kerala. Son élégant autel se distingue par son travail complexe. Un balcon en bois avec de beaux balustres rehausse encore la finesse architecturale de ce lieu.
La communauté juive de Chennamangalam s’est établie sur les côtes du Kerala il y a plusieurs siècles. On pense même que les premiers Juifs sont arrivés au 1er siècle ap. J.-C. suite à la destruction du second temple de Jérusalem.
Le Palais Paliam était autrefois utilisé comme résidence des « Paliath Achans », les Premiers ministres des rois de Kochi.
Pendant le 16e siècle, lorsque la sécurité du roi fut menacée par les Portugais, les Paliath Achans assurèrent sa sécurité en l’amenant incognito à Chendamangalam. Les Néerlandais ont, par la suite, rénové ce bâtiment dont son surnom de « palais hollandais’.
Il abrite une collection de documents historiques et reliques.
Chendamangalam est également connu pour son tissage à la main des « dhotis* mundu » (dhoti avec une bordure dorée) et des saris « neriyathu » (sari blanc avec une bordure dorée). Plusieurs ateliers sont ouverts à la visite.
* Le « dhoti » est un vêtement à l’usage des hommes qui consiste en une pièce rectangulaire de cotonnade fine d’environ 5 m sur 1,20 m nouée autour de la taille.
Comme dans d’autres parties du Kerala, les tisserands de Chendamangalam étaient jadis sous le patronage officiel de la famille aristocratique de Paliam, dont les membres étaient les principaux ministres des rois de Kochi.