S’il y a bien une région fascinante, c’est celle de Kutch (Kachchh), située au nord-ouest de l’état du Gujarat. La proximité du Sindh et l’emplacement idéal de la région sur une partie navigable de la mer d’Arabie ont fait du district de Kutch la plaque tournante d’échanges culturels qui se reflètent dans sa population hétéroclite. On dénombre une cinquantaine d’ethnies différentes à Kutch, sans compter les nombreuses subdivisions, autant dire qu’il est impossible de les citer toutes dans cet article, aussi mon choix s’est porté sur les peuples les plus emblématiques de la région, à savoir les Meghwals, les Jats, les Ahirs et les Rabaris.
La communauté Meghwal (également connue sous le nom de Megh et Meghraj) n’a que peu d’histoire écrite qui puisse retracer son origine.
Ce que l’on sait tout de même est que les Meghwals prétendent descendre du Rishi Megh, un saint qui avait le pouvoir de faire tomber la pluie par ses prières. Le mot «Meghwal» est, en effet, dérivé de «Meghwar», «Megh» signifiant nuage ou pluie en sanscrit et «war», un groupe. Ainsi, « Meghwal » évoque un peuple qui appartient à la lignée Megh.
Les Meghwals viendraient du Sindh, une région qui faisait autrefois partie de l’Inde avant la partition de 1947 et qui est maintenant située au sud du Pakistan, entourée du Baloutchistan à l’ouest, du Pendjab au nord, du Rajasthan à l’est et enfin du Rann de Kutch au sud. Pas étonnant donc que l’on retrouve cette même communauté dans la vallée du Cachemire, au Pendjab et au Rajasthan.
Avec l’avancement de l’éducation en Inde, un nombre croissant de Meghwals partent travailler dans les grandes mégalopoles, mais traditionnellement, leurs activités principales étaient l’agriculture, l’élevage, le tissage et la broderie.
Il reste toutefois quelques lieux dans le district de Kutch, notamment dans la région de Banni, où nous pouvons encore observer une poignée de villages typiques (bien qu’un tantinet touristiques) et l’art de la broderie Meghwal.
Les femmes de cette communauté portent des tenues traditionnelles flamboyantes généralement dans les tons rouges (obtenus à l’aide d’un pigment local) avec une exubérance de broderies et l’incorporation d’aabhla (petits miroirs ronds). Les vêtements brodés constituaient auparavant le trousseau de mariage des jeunes filles Meghwal.
Les bijoux des femmes Meghwals sont tout aussi remarquables en particulier leur large anneau de nez en or souvent ornés de pierres précieuses telles que des rubis, des saphirs et des émeraudes. Il est donné en cadeau de mariage par la belle-mère de la mariée.
Les maisons traditionnelles des Meghwals portent le nom de « Bhunga » et sont dignes de figurer dans un livre de contes de fées. Posée sur une plate-forme surélevée, cette hutte circulaire au toit conique est construite de telle manière qu’elle puisse affronter les vents du désert qui affectent les plaines non abritées de cette région.
Le Bhunga, qui ne dispose que d’une seule pièce circulaire d’environ 6 m de diamètre, fonctionne comme une maison bioclimatique pouvant résister aux fortes températures estivales tout comme aux hivers rigoureux. Elle est effectivement construite en briques de boue séchées au soleil, la charpente est recouverte de chaume et l’isolation intérieure du toit est constituée de tige de bambous ainsi que d’herbes séchées.Tous les matériaux sont bien sûr récupérés localement.
L’intérieur du Bhunga est tout simplement féerique. Le mur circulaire est orné de « lippan », des décorations en relief, façonnées dans la boue puis recouvertes d’argile blanche ou de chaux et parsemées de petites mosaïques de miroirs… Un délice pour ceux et celles qui, comme moi, ont gardé leur âme d’enfant !
Malgré un espace très restreint, les effets personnels de toute la famille sont soigneusement organisés le long du mur circulaire intérieur. Ainsi, dans un désordre ordonné, les ustensiles de cuisine côtoient les photos de familles, les images pieuses et les accessoires de beauté.
Les Jats de Kutch sont des éleveurs de bétail sunnites. À l’origine, on pense que les Jats vivaient dans la région d’Halaf en Iran. Il y a cinq cents ans, ces bergers ont migré de Halaf vers le Sindh (Pakistan actuel) puis dans un second temps à Kutch à la recherche de nouveaux pâturages. Ils ont traversé le Rann de Kutch et se sont installés dans la région de Banni ; ils se sont alors lancés dans l’agriculture.
Les Jats de Kutch sont divisés en trois grands groupes basés sur les lieux où ils habitent : les Banni Jat (Danethis ou Danetha), les Kutchchi Jat (Girasias) et les Lakhpat Jat (Fakiranis). Ces trois groupes sont subdivisés en de nombreux sous-clans : les Badajang, Podani, Aamar, Vangayi, Mudrag, Bhallad et Hallayi pour ne citer qu’eux.
Les femmes Danetha se distinguent par leur imposant anneau de nez accroché à une mèche de cheveux traversant le front. Assurément très photogénique pour les photographes, on se demande tout de même si cet élément de beauté n’est pas opprimant pour les femmes. On s’aperçoit justement, qu’un nombre croissant de jeunes femmes issues de tribus abandonnent certaines coutumes ancestrales, comme les tatouages claniques par exemple, pour pouvoir s’intégrer dans la société indienne moderne. Perte des traditions ? Homogénéisation de la population ? Émancipation de la femme ? C’est tout un débat.
Les Fakiranis, qui constituent la plus petite des trois communautés Jats, sont des nomades qui se sont spécialisés dans l’élevage de dromadaires. Si les habits traditionnels des hommes Fakiranis sont plutôt simples, ceux des femmes, par contre, affichent des couleurs vives et des motifs brodés. Un long voile venant couvrir la chevelure tressée des femmes et un anneau de nez ainsi qu’un collier massif en argent viennent parfaire leur tenue.
Les Ahirs appelés aussi Yadav dans d’autres états l’Inde se considèrent comme les descendants du Seigneur Krishna qui appartenaient au clan Yadu. On dit que leurs ancêtres vivaient à Mathura avec Krishna et qu’ils l’ont accompagné sur le chemin menant à Dwarka, la dernière demeure du dieu au visage sombre.
Lors de leur migration, ils se séparèrent en plusieurs groupes et s’installèrent dans diverses régions du Gujarat. Ce critère géographique a donné naissance à différents sous-clans Ahirs : par exemple, ceux qui s’installèrent à Morbi (Saurashtra) au bord de la rivière Macchu sont connus comme les Macchoya Ahir et ceux qui habitaient la région de Parathar sont les Parathadiya Ahir.
Outre les activités traditionnelles comme l’agriculture et l’élevage*, les femmes de cette communauté sont également connues pour leur superbe travail de broderie utilisant des couleurs très vives avec différents motifs larges, notamment floraux et l’utilisation, là aussi de petits miroirs, une particularité récurrente à Kutch.
* À l’heure actuelle une grande partie de la jeune génération Ahir est éduquée et ne reprend que très rarement la profession de ses parents.
Les Rabaris sont sûrement le peuple le plus emblématique de Kutch. L’origine exacte de cette communauté reste encore un mystère et elle est toujours sujette à débat. Certains historiens pensent que les Rabaris sont des descendants de peuples des plateaux iraniens et auraient migré en Inde au 4e siècle dans la région du Marwar (Rajasthan) puis au Gujarat.
Bien que leur origine soit identique, on distingue deux grands groupes de Rabaris, sur la base de critères géographiques : les Rabaris du Rajasthan (aussi connus sous le nom de Raika, Dewasi, Desai) et les Rabaris du Gujarat (région du Nord, de Saurashtra et de Kutch) appelés tout simplement « Rabari ».
Les deux clans sont eux-mêmes divisés en 133 groupes. Dans la région de Kutch, par exemple, on distingue trois sous-groupes de Rabaris : les Vagadiya, les Kachhi et les Dhebariya qui sont encore semi-nomades…. ….> Lire la suite dans mon article sur les Rabaris
VOYAGEZ DANS LA REGION DE KUTCH
Namasté Mathini
Merci beaucoup de nous faire rêver .
Cordialement
Merci à vous ! Dans ce monde de dingues, il est bon de rêver et de nourrir l’esprit de belles choses ! bien à vous, Mathini
Region et peuples tres interessants.
A très bientôt Mathini pour les Harijan, Maldari, Dangi ……
l’´Inde n’en finira jamais de nous faire rêver
Patricia
Oui c’est une région que je parcours depuis plusieurs années et les nouvelles découvertes sont toujours au rendez-vous. Oui à bientôt Patricia, je travaille sur de nouvelles belles surprises, Rabaris Saurashtra, Maldaris de Gir.. Mais chut! c’est encore un secret ! 😉
Sasan Gir et ses lions « évasifs », terme amusant employé sur un site internet.
Pour nous, ces lions ont réellement été très « évasifs », voire invisibles mais, à défaut nous avons pu rencontrer avec plaisir durant 2 jours les Maldari, peuple très intéressant et agréable.
Quant aux Rabaris Saurashtra, inconnus pour moi, il n’en faut pas plus pour m’occuper la journée à la recherche d’informations.
Merci encore et très bonne journée
PATRICIA
J’ai mes coins pour les lions et ils ne sont pas du tout évasifs… 🙂 à suivre 😉