L’Inde célèbre plus de 10 millions de mariages chaque année, autant dire que l’industrie du mariage se porte bien au pays de Gandhi ! Avec un chiffre d’affaires annuel de 50 milliard d’euros par an, c’est le plus grand marché matrimonial après les États-Unis (70 milliards). On l’aura donc compris, le mariage est l’une, sinon LA cérémonie la plus importante dans la vie des Indiens. Loin d’être uniforme, elle varie selon les régions et comporte une kyrielle de rituels très codifiés. Dans cet article, je m’en tiendrai au mariage hindou célébré au Rajasthan et plus particulièrement à celui de la région du Mewar (Udaipur), là où je vis.
Le Dharma hindou énonce quatre « Purusarthas » (quatre buts fondamentaux dans la vie) : le Dharma (devoir, les valeurs morales), l’Artha (la prospérité), le Kama (le plaisir, l’amour) et la Moksha (la libération, les valeurs spirituelles). Le but du mariage est d’accomplir donc le Purushartha de « Kama » puis d’évoluer progressivement au cours de sa vie vers la « Moksha ».
En Inde, les mariages sont à 90 % arrangés, c’est-à-dire que les familles se chargent de trouver un « bon parti » pour leurs enfants en âge de se marier ; de nos jours, la décision finale reste toutefois aux futurs mariés. Dans la société indienne, les mariages arrangés sont considérés comme plus stables à tout niveau, car, généralement, les futurs partenaires sont choisis avec soin par les parents.
Lors du mariage, c’est aussi la réputation de la famille qui est en jeu. Ainsi, les parents n’hésitent pas à dépenser une somme faramineuse pour cette cérémonie, environ 10 000 euros pour des foyers faisant partie de la classe moyenne, une fortune en Inde ! Au Rajasthan, par exemple, il n’est pas rare que la liste d’invités compte plus de 1000 personnes !
Après ce petit topo, voyons maintenant les principales étapes du mariage « à la Rajasthanaise » ; je tiens à préciser cependant que la liste ci-après n’est pas exhaustive, car d’autres rituels mineurs viennent s’intercaler entre ces grandes phases.
La cérémonie du Tilak au Rajasthan est le moment où le mariage est officiellement annoncé. Les deux familles se réunissent chez la future mariée. S’en suit un échange de cadeaux : costumes, saris et bijoux en or si la famille est aisée. Ensuite, les deux pères respectifs des fiancés apposent un tilak (marque rouge) sur le front de ces derniers. Il y a aussi parfois un échange de bagues appelée Sagaï.
Quelques semaines avant le mariage, certaines villes du Rajasthan comme Udaipur, Jaisalmer, Bundi ou Pushkar ont gardé cette belle tradition d’orner l’entrée de la maison des futurs mariés* de belles fresques qui, soit décrivent une procession de mariage, soit représentent Ganesha, le dieu de bon augure.
C’est non seulement une autre façon d’officialiser le mariage, mais c’est aussi une jolie manière d’embellir la maison pour accueillir les nouveaux mariés.
*En Inde, la femme mariée va vivre dans sa belle-famille.
Quelques jours avant le mariage à proprement parlé, plusieurs cérémonies prennent place. La toute première étant celle de Ganapati Sthapana.
Selon la tradition hindoue, aucun événement ne peut se dérouler sans un premier rituel à Ganesha autrement nommé Ganapati, le dieu à tête d’éléphant, symbole de bon augure. Ganesha est toujours invoqué avant tous les autres dieux de la mythologie hindoue, car on dit qu’il a reçu le fruit de la sagesse de ses divins parents, Shiva et Parvati.
La cérémonie du mariage commence donc par une prière à Ganesha : on l’invite à entrer dans la maison de chaque futur marié pour qu’il puisse bénir le mariage.
Au Rajasthan, un poster de Ganesha est fixé sur un des murs de la maison situé à l’Est. Plusieurs rituels et offrandes s’en suivent ayant chacun son propre symbolisme.
À la fin de la cérémonie, un Mangal Kalash est préparé. C’est un élément récurrent des rituels hindous, son origine remonterait aux védas, un ensemble de textes millénaires, à l’origine de l’hindouisme.
Le Kalash se présente sous la forme d’un pot en métal ou en terre cuite (comme au Rajasthan) que l’on rempli de céréales, d’eau, de pièces de monnaie et parfois même d’or ainsi que de pierres précieuses.
Le Mangal Kalash est, selon la mythologie hindoue, le pot qui contient l‘Amrita, l’élixir de vie. À ce titre, il est considéré comme un symbole d’abondance, de sagesse et d’immortalité. Il représente également l’utérus de la femme et, par conséquent, la fertilité. Un fil est noué sur le col du pot signifiant l’amour qui lie la famille.
Tout comme l’invocation à Ganesha, le mariage hindou ne peut se dérouler sans la cérémonie du Pithi Dastoor ou Haldi.
Une pâte à base de curcuma, d’huile, de poudre de santal et d’eau de rose est préparée par les femmes mariées qui l’appliquent ensuite de façon ludique sur le visage et pieds des futurs mariés (pendant cette cérémonie le couple est séparé).
Le curcuma est connu pour avoir des propriétés curatives et pour donner un ton éclatant à la peau. Le mélange est aussi censé bénir le couple avant le mariage, car le curcuma est considéré comme de bon augure et protecteur.
Cette cérémonie est également accompagnée de chants et de danses traditionnels (le plus souvent remplacés par des chansons Bollywood) et le code vestimentaire, ce jour-là, est de porter du jaune, rappel de la couleur du curcuma.
Pas de mariage sans henné en Inde, et cela, toute foi confondue !
Le rite du henné est très ancien, il serait originaire de Mésopotamie et son utilisation était aussi très répandue du temps de l’Egypte ancienne (on en a retrouvé des traces sur les momies égyptiennes).
Certains chercheurs affirment que la décoration du corps au henné était déjà courante dans l’Inde ancienne, mais ce qui est le plus unanimement reconnu est que cette tradition a été introduite en Inde par les Moghols originaires de Perse au 12e siècle de notre ère.
En Inde, l’application de motifs au henné sur les bras et les pieds marque toutes les grandes étapes de l’existence et est majoritairement effectuée sur les femmes. Ce n’est pas qu’une simple ornementation, les Indiens lui prêtent également des pouvoirs magiques et de protection contre les forces négatives.
Cet art minutieux peut prendre jusqu’à 4 heures ! Les designs effectués dépendent des desiderata de la future mariée… Les créations sont infinies !
Le Sangeet est une soirée où les membres de la famille et amis se réunissent pour profiter d’une soirée de musique et de danse traditionnelles. De nos jours, les danses dites « Bollywood » sont plus en vogue et il est souvent demandé aux proches de préparer une chorégraphie à l’avance pour l’exécuter sur scène. Cette soirée est généralement accompagnée d’un buffet.
Voici donc venu le jour du mariage.
La mariée, en général de rouge et d’or vêtue, arrive en premier sur le lieu du mariage avec une procession.
Le marié habillé tel un prince avec son turban et son sabre monte un cheval blanc (ou un éléphant parfois) et se rend sur le lieu du mariage accompagné d’un cortège nuptial composé des membres de la famille et des amis.
Une fois que le marié atteint le lieu du mariage, il est accueilli par sa belle-famille qui effectue un aarti (offrande de flamme) devant lui.
Le marié est ensuite conduit vers sa future épouse. Ils échangent alors une guirlande de fleurs (jaimala) puis se dirigent vers le mandap où les cérémonies de mariage vont s’effectuer
Un mandap de mariage est une structure carrée couverte soutenue par quatre piliers et temporairement érigée dans le but du mariage. Le havan kund (feu sacré) est posé au centre.
Sous le Mandap, une myriade de rituels sont alors effectués, puis vient celui qui scelle le mariage : les Phéras (tours).
Tout d’abord, le prêtre noue le chunni (voile) de la mariée au châle (dupatta) du marié, symbolisant leur union éternelle (Granthi Bandhan).
Attachés l’un à l’autre, les mariés font alors sept fois le tour du feu sacré pendant que le prêtre récite des mantras védiques. Le marié en dirige quatre et la mariée trois.
Le Saptapadi (« sept pas » en sanscrit), est le rituel le plus important du mariage hindou, car il représente sa partie légale. Le mariage n’est valide qu’après ces 7 tours effectués autour du feu sacré.
Il y a plusieurs explications symboliques liées à ces 7 tours. L’une d’elles énonce qu’un cercle est de 360° et que ce nombre peut être divisé par tous les chiffres de 1 à 9, mais pas par 7. Ainsi, en tournant 7 fois, la relation du couple devient alors indivisible !
Bonjour,
Nous sommes invités à un mariage au Rajasthan en début 2023 sur une durée de 3 jours. Pourriez-vous me donner une idée de l’enveloppe financière à donner aux mariés? Merci!
Bonjour Eric, merci de votre message. Tout dépend de la relation que vous avez avec les mariés. si ce sont des amis proches, vous pouvez offrir un cadeau sous forme de sari pour la mariée par exemple. Si vous les connaissez de loin, vous pouvez leur donner chacun (futurs mariés) 500 roupies dans une enveloppe. Tout dépend aussi du standing du mariage, si c’est un mariage chic, alors vous pouvez augmenter jusqu’à 1000 rs. En règle générale, on ne vous demandera rien, c’est à vous de voir 🙂 Bien cordialement, Mathini
merci Veronique pour tous ces renseignements très intéressants ♥️
Merci à vous, Bien cordialement, Mathini
Récit très intéressant et complet sur les détails du mariage Hindou au Rajasthan + photos colorées à l’appui
Merci pour le partage
Jai Hind !
Merci Véronique ! Namaskar ! Mathini