Le Meghalaya, littéralement « la demeure des nuages » fait partie des sept états du Nord-Est de l’Inde que l’on surnomme amicalement les « sept sœurs ». Cette région, la plus humide de l’Inde, commence peu à peu à s’ouvrir au tourisme et à faire des émules parmi les amoureux de nature sauvage et préservée. Que ce soit lors de la mousson, quand les hauts plateaux sont recouverts d’une brume intense, ou pendant la saison sèche, le Meghalaya offre au voyageur une boite à merveilles remplie de trésors naturels : forêts primaires luxuriantes, cascades cristallines et ponts de racines ingénieusement tressés par les peuples autochtones.
La saison de la mousson, de mi-juin à octobre, offre au voyageur le spectacle le plus grandiose de l’année : des cascades par centaines jaillissent des hauts plateaux et se jettent dans des gorges bouillonnantes. Les nuages s’accrochent langoureusement aux massifs montagneux et les prairies déroulent un tapis vert intense.
La saison sèche, de novembre à juin, présente des paysages aux couleurs automnales, mais non moins attractifs. S’il est vrai que certaines chutes d’eau sont asséchées, le temps clair et ensoleillé de cette période permet de visiter certains lieux qui sont autrement plongés dans la brume. L’idéal est de visiter le Meghalaya lors des deux saisons.
CONSEIL : je vous suggère de louer les services d’un guide local, il/elle connaît les endroits les plus attractifs du Meghalaya, mais aussi les plus authentiques. Le transport en taxi, surtout dans les collines de Jaintia, est recommandé, c’est un gain de temps considérable et il vous permet d’accéder à tous les endroits, même les plus reculés.
CONTACTEZ-MOI POUR UN GUIDE LOCALLe Meghalaya, « la demeure des nuages » doit son nom aux brumes de la mousson qui s’accrochent aux hauts plateaux. Il mériterait aussi le surnom de « demeure des mille et unes cascades ». Le Meghalaya possède sans conteste les plus belles de l’Inde avec le Kérala et le Chhattisgarh.
On doit ces nombreuses chutes d’eau au haut taux de précipitations (moyenne annuelle de 10 000 mm) ; le Meghalaya est l’état le plus arrosé de l’Inde.
Le paysage est par conséquent façonné par ce climat : 70 % du territoire est recouvert de denses forêts primaires contenant une des plus riches faunes et flores d’Asie.
Le Meghalaya est célèbre dans le monde entier pour ses ponts tissés par les peuples Khasi et Jaintia à partir des racines aériennes de l’arbre caoutchouc (ficus elastica). Ces types de ponts ont également été découverts dans l’état voisin du Nagaland (Inde) et en Indonésie.
C’est un ingénieux moyen naturel permettant de relier deux berges d’un ruisseau en pliant et tressant les jeunes pousses du ficus jusqu’à ce qu’elles se renforcent et puissent supporter le poids d’une personne. Dans des conditions idéales, un pont de racines peut durer plusieurs centaines d’années ; le pont s’auto-renouvelle naturellement à mesure que ses racines se développent.
Les peuples autochtones constituent la majorité de la population du Meghalaya. Les trois principaux peuples de l’état sont les Khasis, suivis des Garos puis des Jaintias. Ces communautés sont aussi appelées « tribus des collines », car elles vivent respectivement dans les collines de Khasi, Garo et Jaintia.
Christianisée au 19e siècle, environ 75 % de la population au Meghalaya pratique maintenant le christianisme.
Dans les forêts luxuriantes du Meghalaya, on trouve ce qu’on appelle des « bosquets sacrés » (sacred groves).
Ces poches de forêt ancienne ont été préservées par les communautés locales Khasi, en raison de croyances religieuses et culturelles. Ces bois sont/étaient réservés aux rituels religieux et restent généralement protégés de toute exploitation. Ils abritent de nombreuses espèces végétales rares.
Le Meghalaya ainsi que le Mizoram sont les deux états en Inde où l’écart entre les genres est le plus faible, selon un rapport du McKinsey Global Institute.
Les filles sont plus libres que dans la grande majorité de l’Inde encore très conservatrice ; elles ressentent moins la pression du mariage.
Autre fait unique en Inde, certaines tribus, c’est le cas des Khasis, pratiquent la descendance matrilinéaire. Les femmes se voient attribuer un rôle dominant : par exemple, la plus jeune fille de la famille, la « Ka Khadduh » hérite de toute la propriété ancestrale. Après le mariage, l’époux vit dans la maison de la belle-mère et le nom de famille de la mère est donné aux enfants.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, le système matrilinéaire n’est pas un matriarcat. Les femmes Khasis restent très minoritaires dans les postes à haute responsabilité et, même au niveau local, peu de femmes siègent dans les conseils de village.
Le Meghalaya est découpé en plusieurs districts (voir carte en début de page). Les collines de Khasi Est est la partie la plus visitée de l’état, car on y trouve de fabuleuses cascades et les fameux ponts de racines.
Commençons la visite par la capitale du Meghalaya : Shillong. Cette petite ville offre guère de visites passionnantes si ce n’est le « Don Bosco Museum of Indigenous Cultures », un musée sur 4 étages qui donne un bel aperçu des modes de vie des peuples autochtones du Nord-est de l’Inde.
Le vibrant marché Iewduh, ou Bara Bazaar, où sont négociés toutes sortes de produits alimentaires vaut aussi le coup d’œil ainsi que le parc ward et le terrain de golf, l’un des plus grands d’Asie.
Chaque état de l’Inde possède sa petite touche d’originalité : au Meghalaya, les cerisiers fleurissent en automne ! Cette particularité est due à une certaine variété de cerisier : le « prunus yedoensis » du Japon fleurit au printemps alors que le « prunus cerasoides » de Shillong et de ses environs se pare de rose et de blanc en automne.
Soucieux de faire de cette particularité un atout touristique, l’état du Meghalaya organise depuis deux ans à Shillong, le festival international des cerisiers (India International Cherry Blossom Festival). Programmes culturels des peuples du Meghalaya, concerts de rock et cuisine ethnique sont au menu.
A Shillong, j’ai eu la chance de rencontrer un très bon guide local de la communauté des Khasis, avec un nom qui ne s’invente pas : « Earlyborn » (né tôt) parce qu’il est justement né très tôt dans la matinée. C’est avec lui, sa bonne humeur et ses précieux conseils que j’ai visité le Meghalaya.
La visite suivante me conduit dans le village de Mawphlang à environ 20 kilomètres de Shillong où se trouve un bois sacré. On dit qu’il est protégé par la divinité locale Labasa. Un guide de la communauté des Khasis Lyngdoh me fait visiter le lieu qui, bien qu’il ne soit plus en activité, conserve son atmosphère mystique. En me déplaçant dans la forêt, je tombe sur des monolithes recouverts de mousse qui marquent l’endroit où des rites et sacrifices étaient effectués.
En face du bois, on peut visiter le « Heritage Village » qui expose les différents habitats des tribus Khasis.
Nous reprenons la route, direction Cherrapunji (Sohra), à 50 km de Mawphlang. Sohra est la région la plus fréquentée du Meghalaya et pour cause, elle est parsemée de magnifiques cascades et on y trouve aussi les fascinants ponts de racines.
La route longeant la vallée de Shillong jusqu’à Cherrapunji offre une vue majestueuse sur les collines vallonnées de Khasi Est. Pour admirer ces paysages, les voyageurs s’arrêtent souvent au pont de Duwan Singh Syiem, utilisé dans le tournage du film Bollywood « Qurban ». Si vous aimez les montées d’adrénaline, une zip-line plongeant dans la vallée a été aménagée.
Sur la route, nous apercevons de loin le village de Lad Mawphlang qui est l’arrivée d’une randonnée célèbre au Meghalaya : le sentier David Scott.
Le sentier David Scott est l’un des itinéraires de trekking les plus populaires du Meghalaya, il a été nommé en l’honneur de David Scott, un officier britannique qui découvrit cette voie muletière qui mène jusqu’au Bangladesh, dans la première moitié des années 1800. Elle s’étend sur plus de 100 km et prend environ 5 jours de marche.
Ce sentier est cependant divisé en de plus petites randonnées comme celle qui débute au village de Mawphlang (voir ci-dessus) et finit 16 km plus bas au village de Lad Mawphlang. Cet itinéraire est parsemé de belles chutes d’eau, de villages Khasi typiques, de forêts et de prairies.
CONTACTEZ-MOI POUR CE TREKLes visites suivantes nous mènent à plusieurs cascades. Elles sont souvent associées à des légendes dont elles tirent leur nom.
Cette chute d’eau est située à Umstew. On dit qu’autrefois deux fées vivaient dans cette cascade : une noire et une blanche et qu’elles se promenaient les jours de marché incognito essayant d’hypnotiser les jeunes hommes.
La cascade tire son nom de « U Thlen », un serpent légendaire de taille gigantesque qui habitait dans une grotte près des chutes. On dit qu’on peut encore voir les profondes cicatrices laissées sur les rochers de la cascade suite à une longue bataille contre le démon-serpent.
En contrebas de la cascade de Dainthlen, après un court trek plutôt pentu et glissant, se dévoilent les chutes d’eau à trois paliers et trois bassins de Wei Sawdang : une petite merveille aux eaux limpides encore peu connue.
Cette longue chute d’eau plongeant dans un bassin d’eau turquoise a pourtant une histoire tragique : on dit qu’une mère accablée par le chagrin s’est jetée dans ces chutes suite au meurtre de sa fille.
En continuant notre chemin en direction de Mawsmai, nous faisons un court arrêt pour photographier l’église presbytérienne de Nongsawlia qui est le premier lieu de culte chrétien établi au Meghalaya, elle date de 1846.
Les chutes de Nohsngithiang ou de Mawsmai, sont situées à 1 kilomètre au sud du village de Mawsmai. Elles sont également appelées cascade des « sept sœurs« , car elles se divisent en sept filets d’eau (il y en a en réalité bien plus que sept) qui jaillissent des falaises de calcaire des collines de Khasi et retombent 300 mètres plus bas. Un éco-Parc (payant) a été construit sur le plateau au sommet des chutes, mais on peut très bien les apercevoir de la route longeant les falaises.
Situées à environ 6 km de Cherrapunji, ces grottes de 150 mètres présentent quelques formations de stalactites et stalagmites intéressantes, mais sont loin d’émerveiller. Si vous avez un agenda serré, vous pouvez très bien faire l’impasse sur cette visite.
Le clou du spectacle à Cherrapunji est sans conteste le double pont de racines vivantes. Mais attention, il se mérite ! On l’atteint en descendant 3 500 marches qui traversent les villages de Nongthymmai et de Mynteng.
Il se trouve dans le village de Nongriat où des guesthouses bon marché vous accueillent pour quelques nuits.
Après avoir admiré sous toutes ses facettes l’habile tressage du pont, on peut continuer la marche 6 km plus loin, pour découvrir la cascade à l’arc-en-ciel, qui mérite bien le trek soutenu pour l’atteindre.
La baignade dans ses eaux bleues cristallines est un must. Le trek de retour s’avère plus ardu surtout quand il faut remonter les 3 500 marches finales.
Nous retournons sur nos pas, à Shillong, pour prendre la route nationale 6 qui nous mène aux collines de Jaintia Ouest.
Ces collines situées au Sud-est de l’état sont divisées en deux districts : Jaintia Est et Jaintia Ouest. Elles furent le siège du royaume du Jaintia qui s’étendait de l’Est du plateau de Shillong jusqu’aux plaines du Sud et jusqu’au Nord de la vallée de Barak en Assam. Les collines sont jalonnées de forêts subtropicales, de rivières limpides et de villages typiques.
Pour atteindre les cascades de Krangshuri, nous devons parcourir une distance d’environ 80 km à travers les vallons de Jaintia. Avec ses eaux turquoise, les cascades de Krangshuri sont sûrement les plus belles du district. Le site est aménagé, donc payant. Des cabines pour se changer sont disponibles et un maître nageur surveille la baignade.
Quarante kilomètres plus loin en traversant de belles forêts luxuriantes composées de pins, de bambous et de palmiers à bétel, nous atteignons un endroit hors du temps : Schnongpdeng, si justement surnommé « clear water » (eaux claires).
Une balade sur les eaux calmes et cristallines de la rivière Dawki parsemée de pêcheurs assis dans de longues pirogues a l’effet d’une profonde méditation contemplative.
Après 10 km, nous tombons sur le passage frontalier de Dawki entre l’Inde et le Bangladesh.
C’est une frontière plutôt amicale qui vous permet d’admirer la beauté de la nature. Ici, les eaux bleues de la rivière Dawki du Meghalaya se jettent dans le fleuve Goyain situé au Bangladesh. La vue sur les plaines du Bangladesh est juste splendide.
Nous quittons les collines de Jaintia pour la dernière étape de mon voyage et mon dernier coup de cœur situé dans les collines de Khasi Est.
Plutôt que de me rendre à Mawlynnong, connu pour être soi-disant le village le plus propre de l’Asie – ce qui est à mon avis un bel attrape-touristes – mon ami Earlyborn me conduit à quelques kilomètres plus loin dans le petit hameau de Nohwet, où une belle maison d’hôte traditionnelle m’attend… Dépaysement total ! Sérénité, générosité des habitants et exquise cuisine khasi sont les points forts de ce séjour chez l’habitant.
Dans ce même village, on trouve une maison traditionnelle Khasi vieille de plus de 200 ans. Cette demeure, en bambous et teck, équipée de différents ustensiles de la vie quotidienne est un véritable musée vivant de la vie traditionnelle des peuples Khasis.
C’est aussi à Nohwet que se tient un autre pont de racines de 30 mètres de long surplombant la rivière Thyllong considérée sacrée par les autochtones.
Mon voyage au Meghalaya se termine là, il reste encore une multitude d’endroits à découvrir, mais ce sera pour une prochaine fois. Maintenant direction l’Assam, une autre des sept « sœurs » du Nord-est de l’Inde…
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Bonjour
Superbe région de l’Inde
Magnifique
Oui, une de mes préférées. Le nord-est de l’Inde est encore peu connu et pourtant un véritable joyau !