Parasrampura, les plus anciennes fresques du Shekhawati

Parmi les innombrables petits joyaux architecturaux du Shekhawati, le Chhatri de Parasrampura figure en bonne place. Il abrite les fresques les plus anciennes de la région, illustrant de façon simple, cependant exquise, la vie princière des Thakurs du 18e siècle et des épisodes de la mythologie hindoue.

Parasrampura est un village du district de Jhunjhunu, située à une trentaine de kilomètres au sud-est de Nawalgarh, une autre ville culturellement importante de la région du Shekhawati.


Le Chhatri de Parasrampura


Le petit bourg possède bien un havelis et un temple ancien (voir plus bas), mais le principal intérêt se trouve ailleurs, sous la coupole d’un « Chhatri » (cénotaphe) érigé en 1750 en mémoire du Thakur Shardul Singh (seigneur local) par ses héritiers.

Parasrampura
Le Chhatri (cénotaphe) du village de Parasrampura

De loin, le Chhatri a peu d’attrait, posé au milieu d’une cour laissée à l’abandon et entouré de plusieurs petits pavillons. Si mon guide n’avait pas attiré mon attention sur cet édifice, j’aurais pu facilement passer à côté de ce petit trésor.

Parasrampura
Sous la coupole du Chhatri, une foison de fresques

Alors qu’on se rapproche du cénotaphe, il dévoile enfin toute sa beauté. Douze piliers octogonaux soutiennent un large dôme à l’intérieur duquel une foison de peintures miniatures sont peintes dans des tons ocre et noir. Et c’est là aussi toute son unicité. Ici, pas de couleurs flamboyantes, ni de fioritures, la simplicité par excellence.

Parasrampura
Les fresques du cénotaphe de Parasrampura
Parasrampura
Une autre vue des fresques du chhatri de Parasrampura avec le panneau inférieur

Ces fresques dépeignent des événements de la vie du Thakur Shardul Singh, mêlés à des épisodes de la mythologie hindoue. Une grande partie des peintures illustre l’avant-dernière bataille du Ramayana*, lors de laquelle Rama et ses armées de singes et d’ours combattent Ravana et ses hordes de démons.

*Le Ramayana est la plus courte des deux épopées mythologiques de langue sanskrite composées entre le 3e siècle av. J.-C. et le 3e siècle de notre ère. Attribuée au sage Valmiki, elle est constituée de sept chapitres et de 48 000 vers. Le Ramayana est, comme le Mahabharata, l’un des textes fondamentaux de l’hindouisme. Il raconte, en bref, la naissance et l’éducation du prince Rama, septième avatar du dieu Vishnou, son mariage avec Sita, son exil, l’enlèvement de Sita par le démon Ravana, sa délivrance et le retour de Rama sur le trône.

Parasrampura
Fresque dépeignant l’avant dernière bataille du Ramayana avec l’armée de singes et d’ours combattant les démons

Les scènes de batailles de la fresque montrent certains membres de l’armée d’Hanuman (le dieu-singe) s’engageant dans des combats meurtriers, tandis que d’autres transportent des pierres pour construire le pont terrestre de Rameshwaram vers Lanka (Sri Lanka), nécessaire pour le siège final de la forteresse de Ravana et le sauvetage de Sita, l’épouse de Rama.

Parasrampura
Le dieu-singe Hanuman en haut au centre portant une des pierres pour construite le pont entre Rameshwaram et Lanka

Le panneau inférieur de la coupole, en partie endommagé, se compose de divinités peintes dans des niches. On y voit notamment une fine illustration de Saraswati, déesse des arts et de la connaissance, qui monte, en amazone, un signe, son « vahana » ou véhicule divin. Elle tient dans ses quatre mains ses attributs traditionnels : la veena (sorte de luth), un mala (chapelet), et des écritures saintes.

Le déesse Saraswati posée sur un signe, son véhicule divin

On y aperçoit également, les images du dieu à tête d’éléphant Ganesha et les trois déités singulières déités du fameux temple de Puri : Jagannatha (le dieu Vishnou), Balabhadra (son frère) et Subhadra (sa sœur).

Les déités du temple de Puri (à gauche)
Au centre : Ganesha, le dieu à tête d’éléphant symbolisant la sagesse et la bonne fortune

Un autre dessin illustre une scène du Kaliya Daman où le seigneur Krishna danse sur la tête du roi serpent Kaliya.

Dans la mythologie hindoue, le Kaliya est un serpent-démon qui faisait bouillir les eaux de la rivière Yamuna, créant une brise toxique qui tuait tout sur son passage. Krishna dansa sur sa tête pour arrêter ses méfaits et purifier l’esprit du démon.

Scène du Kaliya Daman où le dieu Krishna danse sur la tête du serpent Kaliya

Le temple et l’haveli


En entrant dans Parasrampura, sur la droite, au fond d’une venelle, nous tombons sur un temple dédié à Radha-Krishna qui, de l’extérieur, ne paie pas de mine.

Le temple à Radha-Krishna de Parasrampura, très sobre à l’extérieur

Son principal intérêt est son plafond, recouvert de belles fresques dans les tons bruns et émeraude.

Le plafond du temple est entièrement peint de fresques

Tout comme le Chhatri, les fresques racontent des scènes de la mythologie hindoue et l’épopée du Ramayana, notamment la bataille finale où le roi-démon Ravana est terrassé.

Fresque décrivant la bataille finale du Ramayana où Ravana est terrassé
Scènes de la vie courante et mythologie hindoue ; on y voit, entre autres, les déités Ganesha, Saraswati et Durga

À quelques mètres du temple et juste avant le chemin qui nous mène au Chhatri, se trouve un bel haveli dont le sympathique propriétaire nous ouvre les portes avec plaisir. La maison de maître est encore habitée par la même famille d’origine qui a eut à coeur de conserver ce précieux patrimoine.

L’haveli de Parasrampura

La bâtisse de l’extérieur est imposante avec quelques vestiges de fresques en hauteur.

Nous ne pouvons visiter que la première cour qui est décorée de scènes d’époque avec des personnages « So British » et des épisodes de la vie du dieu Krishna.

La deuxième entrée de l’haveli qui donne sur les pièces privées de la famille

A ne pas manquer lors de votre visite de Parasrampura…

On retrouve des éléments de la colonisation anglaise sur les murs de l’haveli
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2 Comments on “Parasrampura, les plus anciennes fresques du Shekhawati”

  1. un grand merci à vous Mathini, ainsi qu’à votre guide, pour m’avoir permis d’admirer ces merveilles, inconnues pour moi à ce jour. Une telle débauche de divinités, une telle minutie, un pur ravissement !!

    • Merci Patricia pour vos messages toujours aussi sympathiques. Pour la petite histoire, mon guide pour ce lieu est devenu mon mari par la suite 😉

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