Située sur la côte de Coromandel, au sud-est de l’Inde, Chennai (anciennement Madras) est la capitale du Tamil Nadu. La ville est non seulement considérée comme un centre économique majeur en Inde, mais également dotée d’un patrimoine culturel et artistique important : la musique classique indienne dite « carnatique » et la danse « Bharata Natyam » en sont les parfaits exemples. Chennai est à découvrir, comme une mise en bouche de la culture tamoule.
Chennai a été le siège du pouvoir de nombreux royaumes de l’Inde du Sud à travers les âges : Pallavas, Cheras, Cholas et Pandyas, pour ne citer qu’eux.
Cependant, l’histoire documentée de la ville ne commence qu’à l’époque coloniale, lorsque les Britanniques s’installent à Fort Saint George en 1644. Madras est, par la suite, le théâtre de batailles entre les forces coloniales britanniques et françaises pour l’administration de la ville.
A la fin du 18e siècle, Chennai devient un port majeur et un centre administratif puissant. Après l’indépendance, la ville s’impose comme un choix évident pour être la capitale du Tamil Nadu.
Le Bharata Natyam, une des huit formes de danse classique de l’Inde a pris naissance dans le Tamil Nadu et Chennai est l’un des centres majeurs pour l’apprentissage de cet art millénaire.
Le Bharata Natyam est représenté ici par la Fondation Kalakshetra, une académie des arts et de la culture dédiée à la préservation des valeurs traditionnelles de l’art et de l’artisanat indien, en particulier dans le domaine de la danse et de la musique. L’académie a été fondée en janvier 1936 par la célèbre danseuse Rukmini Devi Arundale.
Chennai tient aussi un rôle particulier en ce qui concerne la musique classique dite « carnatique » ou musique classique de l’Inde du Sud. En 1927, la « Madras Music Academy » inaugure ce qui va devenir le plus grand festival de musique carnatique au monde : le « Madras December Season ».
En 1930, pour la première fois en Inde, l’Université de Madras introduit un cursus en musicologie.
Chennai est aussi réputée pour être la base de l’industrie cinématographique tamoule, connue sous le nom « Kollywood ».
Kollywood est une contraction de « Kodambakkam », un quartier de Chennai, centre de l’industrie du film tamoule, et de « Hollywood ».
En nombre de films réalisés, Kollywood est l’une des industries cinématographiques les plus importantes en Inde et elle est souvent perçue comme une concurrente du cinéma en langue hindi, dit « Bollywood« . Les premiers films produits en langue tamoule, datent de 1916. Ils sont maintenant diffusés dans la majeure partie de l’Inde et s’exportent dans le monde entier.
Saint Thomas est l’un des douze apôtres de Jésus qui douta de la résurrection de Jésus-Christ, ce qui fait de lui le symbole de l’incrédulité religieuse.
Selon la croyance, mais historiquement non prouvé, il aurait porté la « bonne nouvelle » jusqu’en Inde du Sud où il est considéré comme le fondateur de l’Église Chrétienne.
Saint Thomas aurait débarqué en Inde vers l’année 52 ap. J.-C. ; il y visite la communauté juive de Cochin et établit des communautés chrétiennes au Kerala.
De 52 à 63 ap. J.-C, il fonde au total sept Églises au Kérala ainsi qu’au Tamil Nadu et au Sri Lanka.
Il serait mort en martyr, aux environs de l’an 70 ap. J.-C., sur la colline qui s’appelle aujourd’hui le Mont Saint-Thomas, près de Mylapore. Son tombeau se trouve dans la crypte de la basilique Saint-Thomas (voir plus bas).
Kapalishvarar est l’un des sanctuaires hindous les plus vénérés du Tamil Nadu. Il se trouve à Mylapore, un faubourg au sud de la ville de Chennai, et est dédié au dieu Shiva et à son pendant féminin la déesse Karpagambal.
Le temple d’origine, construit au 7e siècle EC par les rois Pallavas, était situé à l’endroit où l’église Saint-Thomas se trouve actuellement. Le temple originel a été démoli par les Portugais en 1546 et reconstruit par les rois Vijayanagar. Il présente de beaux gopurams (tours) richement décorés dans le style architectural dravidien.
Pour la petite anecdote, la légende raconte que la déesse Uma avait pour habitude de vénérer Shiva sous la forme d’un paon (Mayil en tamoul), de là vient le nom de ‘Mylapore’. Il y a une représentation de ce mythe sous l’arbre punnai (un takamaka) dans la cour du temple.
Construit par les Pallavas au 8e siècle et élargi au 15e siècle par les Cholas et les rois Vijayanagara, Parthasarathy est l’un des 108 « Divya Desams », c’est-à-dire un des temples glorifiés dans les vers du « Nalayira Divya Prabandham », une œuvre poétique écrite par les Alwars, des érudits tamouls de l’époque médiévale.
Selon les Écritures Saintes hindoues, le temple aurait aussi été vénéré par les « Sapta Rishi », les sept saints fondateurs du védisme, prédécesseur de l’hindouisme.
La divinité qui préside ce temple est Parthasarathy Venkatakrishna, une forme du Seigneur Krishna. Le nom « Parthasarathy », en sanscrit, signifie « l’aurige d’Arjuna », se référant au rôle de Krishna dans l’épopée du Mahabharata.
Saint-Thomas est située dans le quartier de Mylapore. Un premier édifice portugais construit au 16e siècle a été remplacé par une église néo-gothique construite en 1893 : c’est l’édifice que l’on voit aujourd’hui. Elle est depuis 1952 la cathédrale de l’archidiocèse de Madras-Mylapore.
Dans une crypte sous l’autel principal se trouve le tombeau présumé de l’apôtre Saint-Thomas (voir en haut de page).
Marina Beach est une plage naturelle bordant la ville. Elle couvre une distance de 13 km ce qui fait d’elle la plus longue plage urbaine du pays. La baignade est interdite en raison de dangereux courants marins.
La plage Elliot ou « Bessie » est située au sud de Marina Beach. Elle est plus tranquille et plus romantique que la Marina Beach. Le point de repère sur cette plage est le « Karl Schmidt Memorial », nommé d’après le marin hollandais qui a perdu la vie en tentant de sauver des personnes de la noyade.
La colline du mont Saint-Thomas se trouve dans la banlieue sud-ouest de Chennai. Étant le lieu présumé du martyre et de la mort de l’apôtre Saint-Thomas, elle est devenue un lieu de pèlerinage assidument fréquenté par les chrétiens de l’Inde.
Une petite église construite au 16e siècle, érigée à l’endroit même où l’apôtre aurait été assassiné, abrite une croix dite de Saint-Thomas. C’est la plus ancienne que l’on connaisse. Datée du 6e ou 7e siècle ap. J.-C, elle est sculptée dans du granite et entourée d’une inscription en palhévi*.
* Le pahlévi désigne l’écriture utilisée au moyen-persan.
Le monastère de Ramakrishna est le premier centre de la branche de l’Ordre Ramakrishna en Inde du Sud. Ramakrishna est considéré par les hindous comme l’un des plus grands maîtres de sagesse de l’Inde.
Lancé en 1897 par Swami Ramakrishnananda, un disciple direct de Sri Ramakrishna, le Math est un endroit approprié pour la pratique de la contemplation et de la méditation. C’est un symbole d’unité, un endroit où toute personne est la bienvenue, sans distinction de caste, race, nationalité ou religion.
Chennai Central, autrefois « Madras Central », est le principal terminus de chemin de fer de la ville de Chennai. C’est un édifice intéressant pour son architecture indo-sarracénique.
La station, construite en 1873 par George Harding à Parktown, est une combinaison de styles gothiques et romans. Elle a été déclarée édifice patrimonial par le gouvernement indien.
Le Fort Saint-George, ou historiquement « White Town », est le nom de la première forteresse de l’Inde anglaise, construite en 1639.
Il s’agit d’un complexe de bâtiments qui comprend une église (l’église Sainte-Marie), un musée, la « Wellesley House » et les services administratifs du gouvernement de l’état du Tamil Nadu.
La construction du Fort en bord de mer, donna une forte impulsion aux activités commerciales grâce à la présence du port et supplanta le comptoir portugais de São Tomé de Meliaporeun un peu plus au sud. La ville s’est peu à peu développée autour du fort.
L’église arménienne de la Vierge-Marie, construite en 1712 dans l’ancien quartier de St George’s town, est l’une des églises chrétiennes les plus anciennes de l’Inde et est, de ce fait, est classée monument historique.
Les Arméniens forment un peuple d’Asie centre-occidentale converti au christianisme dès le début du 4e siècle. Portés principalement sur le commerce, les Arméniens formaient des communautés prospères dans les grandes villes (surtout portuaires) de l’Asie, et participaient aux grandes caravanes commerciales qui traversaient le continent. Ainsi ils étaient présents en Inde, entre autres à la cour des empereurs Moghols, bien avant l’arrivée des Portugais et Anglais. A Chennai, ils font le commerce de la soie, des épices et pierres précieuses. Le quartier de la vieille ville de Chennai où la communauté arménienne s’était établie est encore appelé Armenian street.
La communauté arménienne ayant émigré dans sa presque totalité au début du 21e siècle, le culte n’est que rarement célébré dans l’église de la Vierge-Marie.
Le musée gouvernemental de Chennai est situé dans le quartier de Egmore.
Construit en 1851 dans un style indo-sarracénique, c’est le deuxième plus ancien musée en Inde après celui de Kolkata (Calcutta).
Il est particulièrement riche en trésors archéologiques et numismatiques. Il possède aussi la plus grande collection d’antiquités romaines hors Europe.
Posée sur la Anna Salai Road, la mosquée des mille lumières s’étend sur une superficie de 1 hectare ; c’est l’une des plus grandes mosquées en Inde.
Elle a été construite par Nawab Umdat-ul-Umra en 1810 et est devenue, au cours du temps, un haut lieu de pèlerinage pour les musulmans chiites.
On dit qu’autrefois, 1000 feux devaient être allumés pour éclairer la salle de prière, d’où son nom.
Valluvar Kottam a été construit en 1976 en mémoire de Thiruvalluvar, poète et saint tamil, qui a écrit la célèbre oeuvre philosophique « Thirukkural », il y a environ 2000 ans.
Le mémorial est une réplique de 39 m de haut du char du temple de Thiruvarur dans le sud du Tamil Nadu. Une statue grandeur nature de Thiruvalluvar y trône.
Devant le char, un immense auditorium a été construit pouvant accueillir environ 4 000 personnes. Les 133 chapitres et 1 330 versets du Thirukkural sont inscrits sur le bas-relief du hall.
Le bâtiment de la Haute Cour de justice de Chennai est un exemple exquis de l’architecture indo-sarracénique, les plafonds peints et les portes en verre teinté sont des chefs-d’œuvre en soi. Il a été construit en 1892 et conçu par J.W. Brassington et plus tard par le célèbre architecte Henry Irwin.