Rajim est un endroit à part, à 45 kilomètres de Raipur, doté d’un ensemble de beaux temples hindous. Cette cité ancienne est située au point de confluence de trois rivières, ce qui fait d’elle un des lieux les plus sacrés du Chhattisgarh. Ici, la ferveur spirituelle culmine chaque année lors de la « Rajim Mela » appelée aussi « cinquième Kumbh Mela » durant laquelle des milliers de pèlerins se rassemblent.
Rajim se trouve au point de confluence (sangam) des rivières Mahanadi, Pairi et Sondur. En raison de cela, la ville de Rajim est surnommée la « Prayag du Chhattisgarh » en référence à Allahabad dans l’Uttar Pradesh.
Dans les temps anciens, Rajim était une importante ville étape pour les pèlerins hindous. Le rituel de « kalpvas » avait cours ; il consistait en la pratique d’austérités pendant un mois près du sangam.
Pour les fidèles les plus fervents, la visite de Rajim est considérée comme un passage obligé avant de se rendre au temple de Jagannath à Puri (Odisha).
Shri Rajiv Lochan est le temple le plus important et le plus ancien de Rajim.
Les archéologues n’ont pas pu attribuer avec précision l’origine de l’édifice. Cependant, une des inscriptions du temple, datant de la dynastie Nala (autour de 700 EC), nous indique que le roi Vilasatunga a fait construire un magnifique temple en l’honneur de son fils décédé dans cette région.
Shri Rajiv Lochan est dédié au dieu hindou Vishnou, le dieu protecteur de l’univers. Son sanctuaire se trouve au centre du complexe que l’on atteint par une volée de marches.
La porte d’entrée du sanctum sanctorum est délicatement sculptée ; on y voit le serpent incarné shesayani et Vishnou assis sur Garuda, son aigle-véhicule.
Les sculptures du mandapa (le hall du sanctuaire) sont particulièrement remarquables ; elles reflètent les qualités artistiques des bâtisseurs de la période post-Gupta (600 – 750 EC).
Elles comprennent une idole de Durga à huit bras, les déesses-fleuves Ganga et Yamuna et différentes incarnations du dieu Vishnou.
Autour du sanctuaire principal, se tiennent d’autres temples dédiés à diverses déités du panthéon hindou. Là encore, les statues sont harmonieusement sculptées.
Étonnamment, on tombe aussi sur une statue du Bouddha en méditation taillée dans le grès noir ; pour les vishnouïtes, le Bouddha est considéré comme la neuvième incarnation du dieu Vishnou.
Situé en face de Rajiv Lochan, le temple de Kuleshvar est posé sur une plateforme octogonale, au point de confluence des rivières.
L’architecture de l’édifice du 9e siècle est sobre ; un petit mandapa et une seule sikhara (tour). Ce qui attire surtout l’attention ici, c’est son majestueux arbre pipal (figuier des pagodes) dont les ramures s’étendent presque sur toute la surface du complexe.
Auparavant, lors de la mousson, le temple se transformait en île ; les fidèles devaient traverser le cours d’eau à pied pour pouvoir l’atteindre. Un pont cantilever est actuellement en construction enjambant les rivières jusqu’au temple ; une modernité dont on aurait pu se passer tant elle défigure l’endroit.
Kuleshvar est dédié au dieu Shiva et comprend un autel renfermant un lingam swayambhu protégé par une grille en laiton.
D’après la légende, ce lingam a été façonné par Sita, l’épouse du dieu Rama. Pour cette raison, l’endroit est hautement vénéré.
Chaque année, Rajim accueille une grande « Mela » (foire). Auparavant, ce pèlerinage était communément appelé « la cinquième Kumbh Mela« . Pour marquer l’identité particulière de cet événement, il a été rebaptisé « Punni Mela » ou « Rajim Mela ».
Les festivités commencent lors de la pleine lune de janvier (Magh Purnima) et se poursuivent pendant 15 jours. Un rituel spécial est effectué dès 3 h du matin marquant le début de la Mela.
Les temples de Rajiv Lochan et de Kuleshwar voient alors déferler des milliers de fidèles ; ils viennent prendre un bain sacré au sangam des rivières.
Les Nagas sadhus sont aussi au rendez-vous et défilent fièrement lors de processions hautes en couleur ; ils s’arrêtent parfois pour prendre la pose ou pour simuler des joutes guerrières.
Des programmes culturels de danses et de musique ont lieu pendant toute la quinzaine. Ils sont la vitrine du Chhattisgarh, riche de plusieurs dizaines de peuples autochtones.
En soirée, comme dans tous les sangams, le rituel de l’arati (offrande de flammes) est effectué rythmé par les conques et les cymbales.
Non loin des deux temples, toujours sur les rives de la Mahadi et de la Pairi, se trouve un autre lieu d’intérêt spirituel : l’ashram du saint Lomash ji.
On dit que le seigneur Rama s’est arrêté dans cet ashram pour rendre hommage au sage.
L’ashram comprend plusieurs temples dédiés au sage mais aussi aux héros du Ramayana, une des grandes épopées indienne.
Cet endroit fait partie du chemin de pèlerinage « Ram Vangaman » du Chhattisgarh, c’est-à-dire, les différents lieux que Rama, Sitha et Lakshmana auraient visité dans cette région pendant leur exil de 14 ans.