Sirpur, posé sur les rives de la rivière Mahanadi, à 85 kilomètres de Raipur, a une aura très spéciale, quelque chose de mystérieux, d’ineffable. Peut-être cela est-il dû à l’ancienneté de cette cité abandonnée ou bien parce qu’elle ne dévoile qu’avec parcimonie ses secrets millénaires…
Sirpur était autrefois appelée Shripur, c’est-à-dire la « ville de l’abondance ». Elle portait bien son nom, car, du temps de son âge d’or, sous les règnes des rois Teevardeva et Shivagupta Balarjuna (du 6e au 8e siècle), la ville n’abritait pas moins de 100 temples. Elle comprenait aussi une centaine de monastères où vivaient plus de 10 000 moines bouddhistes.
Laissé pendant longtemps à l’abandon, ce site est en train d’être redécouvert depuis quelques décennies. D’importantes excavations ont été mises à jour comme le temple de Surang Tila (voir ci-dessous) mais aussi une douzaine de viharas (monastères) bouddhistes, une trentaine de temples hindous dédiés à Shiva, Vishnou et à la Shakti (temples tantriques) et un bain public du 6e siècle.
Selon les archéologues, cette ancienne cité est une vraie mine d’or archéologique. C’est aussi le plus grand site bouddhiste jamais découvert en Inde, bien plus vaste que celui de Nalanda dans l’état du Bihar. On sait aussi que le moine érudit bouddhiste Nagarjuna s’est rendu à Sirpur.
Chaque année, un festival de danse et de musique classique a lieu dans le fabuleux cadre du site archéologique de Sirpur. Le festival comporte aussi des ateliers de danses folkloriques, d’artisanat et d’instruments de musique de la région de Chhattisgarh.
Erigé sur un jagati (plateforme) en pierre, le temple de Lakshmana a été construit au 7e siècle par la reine Vasata, la mère du roi Mahashiva Gupta Balajurna de la dynastie des Panduvamsis.
Il en grande partie endommagé. La statue d’origine du sanctuaire est manquante, mais les sculptures de la sikhara (tour), en brique rouge, et le cadre de la porte du temple sont intactes et présentent de belles sculptures du dieu Vishnou et de ses avatars.
On trouve aussi des fresques de la vie quotidienne et de « Maithunas », c’est-à-dire des représentations de couples d’amoureux.
Les scènes sensuelles ou parfois explicitement sexuelles se retrouvent dans un grand nombre de temples hindous (et jaïns) en Inde, notamment à Khajuraho, mais aussi à Konark et plus proche de Sirpur, Bhoramdeo, tout au Nord du Chhattisgarh. Loin d’être des sculptures vulgaires ou provocatrices, elles expriment au contraire la sacralisation de l’acte sexuel, qui reproduit l’acte ultime de la création, l’union du masculin et féminin.
Juste à côté du temple de Lakshmana, un petit musée a été construit par l’Archaeological Survey of India (ASI), pour exposer les statues trouvées sur le site de Sirpur. À ne pas manquer.
Un peu plus loin, on découvre les ruines du temple de Rama daté du 6e siècle dont l’attraction principale est sa plate-forme (jagati) en forme d’étoile qui est considérée comme le premier exemple d’une telle architecture en Inde. On retrouve ce style de jagati dans les splendides temples de la dynastie Hoysala au Karnataka.
Surang Tila est le plus grand complexe de temples de Sirpur, mis au jour en 2006-7. Il a été construit dans le style Panchayatana* par Mahasivagupta Balarjun au 7e siècle après J.-C.
* Panchayatana, c’est-à-dire que le sanctuaire principal est entouré de quatre sanctuaires subsidiaires. Généralement, les temples hindous sont construits le long d’un axe ouest-est. Sauf exception, les quatre sanctuaires subsidiaires sont donc situés au nord-est, au sud-est, au sud-ouest, au nord-ouest.
Les vestiges du temple couvrent une vaste zone, mais le temple principal en pierre blanche se trouve en hauteur, sur une terrasse à colonnes, à 9 mètres de haut. On y accède par une trentaine de marches escarpées et en partie affaissées probablement dû à un tremblement de terre au 12e siècle. On suppose que la terrasse était un mandapa, car elle possède les ruines de 32 piliers sculptés.
La terrasse se connecte à cinq sanctuaires, quatre dédiés à Shiva dont les lingams sont chacun d’une couleur différente (blanc, rouge, jaune et noir) et le quatrième sanctuaire est dédié à Ganesha, le dieu à tête d’éléphant.
Au-dessous de la terrasse du temple, son observe les ruines de deux autres édifices, l’un était probablement une résidence pour les prêtres et les moines, et l’autre un petit temple tantrique avec un Shiva lingam.
Populairement connu sous le nom de Sirpur Buddha Vihara, ce temple et monastère bouddhiste du 8e siècle attire de nombreux pèlerins bouddhistes tout au long de l’année. Le Dalaï Lama a aussi béni le site de sa présence à deux reprises.
Selon les inscriptions présentes sur le site, ce complexe de quatorze pièces a été construit par Bhikshu Anand Prabhu avec le parrainage du roi Sivagupta Balarjuna.
La statue monolithique du Bouddha Avalokitesvara (Bouddha de la compassion) est l’attraction principale du site.
En regardant les splendides fresques du monastère mélangeant harmonieusement l’iconographie bouddhiste et hindouiste, on est amené à penser que les dirigeants de l’époque faisaient preuve d’une grande ouverture d’esprit ; ici, les statues du Bouddha et les scènes du Panchatantra (fables anciennes qui mettent en scène des animaux) côtoient sans complexe celles des sensuelles Maithunas.
Baleshwar est un complexe de temples construits par le roi Mahashiv Gupt Balarjuna, milieu du 8e siècle situé à environ 50 mètres au nord-ouest du monument de Teevardev Buddh Vihara.
Le peu de vestiges qui restent de ce temple est quelques piliers et linteaux joliment sculptés ou encore les montants d’une porte ornés de dames gracieuses ainsi qu’un sanctuaire avec un Shiva lingam en marbre.
Le temple Gandheshwar (en activité), donnant directement sur les rives de la rivière Mahanandi, est dédié au seigneur Shiva.
C’est un de mes temples préférés à Sirpur, j’aime son atmosphère éclectique. En effet, ce temple du 18e siècle a un caractère unique : il a été agrémenté de vestiges hindous, bouddhistes et jaïns trouvés sur les sites de Sirpur. Ainsi, en marchant dans le temple vous tomberez sur un très beau Bouddha en méditation assis près d’un lingam, symbole du dieu hindou Shiva.
Le temple est particulièrement actif lors du festival de Mahashivaratri, la grande nuit de Shiva.
Tout autour de ce temple, vous pourrez explorer d’autres sanctuaires plus ou moins anciens, ils valent tous le coup d’œil !
Super reportage pationnant ,merciiii
merci à vous Myriam, au plaisir de vous rencontrer en Inde ! Namaskar, Mathini