Les danses folkloriques et tribales indiennes sont effectuées lors de diverses occasions comme les rites de passage, les changements de saisons ou lors de festivals religieux ou culturels. Loin d’être de simples danses divertissantes, certaines d’entre elles empruntent leur technicité aux danses classiques indiennes et demandent des années d’apprentissage et de pratique. Elles sont le plus souvent acquises au sein de la famille ou d’une même communauté de danseurs.
Il est impossible de faire le tour de toutes les danses folkloriques de l’Inde, leur nombre est à l’échelle de l’Inde. En voici quelques-unes choisies pour leur popularité ou leur originalité.
La Kalbélia est l’une des danses les plus typiques du Rajasthan, pratiquée par une communauté du même nom, appelée aussi ‘Sapera’. Les Kalbélias étaient à l’origine un peuple nomade chasseur et charmeur de serpents, allant de village en village.
Depuis la promulgation de la ‘Wildlife Act’ de 1972, une loi qui protège la faune et la flore sauvage de l’Inde, les Kalbélias ont peu à peu arrêté leur métier de charmeur de serpents. Aujourd’hui, une grande partie d’entre eux se sont reconvertis dans les arts du spectacle et ont atteint une renommée internationale.
Les danses sont executées par les femmes parées de vêtements richement brodés qui ondulent au rythme des percussions.
Les hommes prennent soin de la partie musicale. Ils utilisent le pungi, une sorte de cornemuse, la percussion daf, le khanjira (tambourin), le morchang (guimbarde) et le dholak (percussion) pour créer la base rythmique. => voir la page musique folklorique de l’Inde
Les chansons Kalbélia sont tirées de la mythologie et du folklore et peuvent être improvisées pendant les représentations. Ces chants et danses font partie d’une tradition orale qui se transmet de génération en génération et pour lequels il n’y a ni textes, ni formation.
En 2010, le chant et la danse Kalbélia ont été déclarés patrimoine immatériel par l’UNESCO.
Ghoomar est une danse folklorique typique des mariages et autres festiviés du Rajasthan. Elle a été développée à l’origine par la tribu Bhil et a ensuite été adoptée par d’autres communautés du Rajasthan.
Cette danse n’est pratiquée que par les femmes qui forment un cercle, le visage recouvert d’un voile et effectuent diverses inclinations du corps et gestes gracieux. Cette danse offre un aperçu de la riche vie culturelle du Rajasthan. Les habits traditionnels tels que les ghagharas et les chunaris ajoutent une touche distincte à ce festin de couleurs.
‘Garba’ est dérivé du sanscrit ‘Garbha’ (ventre, utérus). Traditionnellement, la danse est exécutée autour d’une lanterne d’argile éclairée d’une bougie, appelée ‘Garbha Deepam’ et d’une image de la déesse hindoue Durga.
Cette lanterne représente la vie, le fœtus dans l’utérus. Les danseurs honorent ainsi la force divine sous sa forme féminine (Shakti). Les figures circulaires et en spirale de la danse Garba ont des similitudes avec d’autres danses spirituelles, comme celles de la culture soufie. Traditionnellement, elle est effectuée pendant les neuf jours de la fête hindoue Navaratri qui célèbre la Mère Universelle.
Cette danse très populaire du Gujarat trouve son origine dans la Ras Lila, la danse mythologique de Radha et Krishna. Tout comme le Garba, la Dandiya Ras est une danse de dévotion, en l’honneur de la déesse Durga.
La principale différence entre ces deux danses est que la Dandiya Raas est exécutée avec des dandiyas (paire de bâtons), tandis que la danse Garba se compose de divers mouvements des mains et des pieds.
La Dandiya Raas met en scène le combat entre la déesse Durga et Mahishasura, le puissant roi-démon. Cette danse est aussi surnommée ‘la danse des épées’, les bâtons représentant l’épée de la déesse Durga.
Singhi Chham ou Kanchendzonga est une danse traditionnelle de la communauté Bhoutanaise du Sikkim lors de laquelle les danseurs portent un costume représentant le lion des neiges.
Elle est généralement effectuée pendant le festival de Panglapsool. Cette danse est associée aux pics de Kangchenjunga de la chaine de l’Himalaya, qui sont considérés comme sacrés pour le peuple du Sikkim et qui ressemblerait au légendaire lion des neiges.
Le Bihu est la danse la plus populaire de la province de l’Assam. Elle s’exécute en groupe, les hommes et les femmes dansent ensemble mais conservent des rôles différents.
En général, les femmes suivent une formation en ligne ou en cercle. Les danseurs et musiciens entrent dans la zone de danse et suivent des schémas synchronisés puis se mêlent aux danseuses.
Les musiciens les plus importants sont les batteurs (Dhulia) qui jouent du dhol, suspendu au cou. La pepa, sorte de flûte en corne de buffle se joue généralement au début comme un motif plaintif qui donne le ton pour la danse. Les cymbales, la gogona (sorte de guimbarde en bambou), la toka (clapet de bambou) et le xutuli (sifflet en argile) sont aussi utilisés.
Les chansons (Bihu geet) qui accompagnent la danse sont transmises de générations en générations.
Le Bangra se réfère à un type de danse provenant de la région du Penjab Pakistanais et indien. A l’origine, le Bhangra était une danse de saison, pratiquée dans le mois précédant le festival du Vaisakhi.
La partition de l’Inde de 1947, et le déplacement des populations entre le Pakistan nouvellement créé et l’Inde, a perturbé la pratique des foires populaires de Vaisakhi. Le Bhangra comme art folklorique de village a alors cessé. Il s’est ensuite développé dans la communauté indienne et pakistanaise vivant au Royaume-Uni.
Dans les années 1990, le Bangra a été remis au goût du jour par la diaspora Penjabie, caractérisé par une fusion des styles de danse occidentaux et l’utilisation de mixages audio préenregistrés. Des compétitions ou ‘battles’ sont maintenant organisées dans les pays anglo-saxons et en Inde.
Le Chhau est un genre de danse martiale tribale populaire dans les états indiens de l’Odisha, du Jharkhand et du Bengale Occidental. Le Chhau allie l’art martial et la danse employant des techniques de simulacres de combat (appelé khel), des allures stylisées d’oiseaux et d’animaux (appelé chalis et topkas) et des mouvements basés sur les tâches ménagères des villageoises (appelées uflis).
La danse est exécutée par des hommes issus de familles d’artistes traditionnels, de nuit et dans un espace ouvert. Une variété de tambours accompagnent la danse tels le dhol, dhumsa, kharka ou tchad-chadi. Les thèmes de ces danses sont tirés des légendes locales ou des épopées indiennes du Ramayana et du Mahabharata.
Le Raut Nacha est une danse de l’état du Chhattisgarh exécutée par les Yaduvanshis, une communauté se définissant comme descendant du dieu hindou Krishna. Ils exécutent la danse au moment de la ‘Dev Udhni Ekadashi’.
Selon le calendrier hindou, la ‘Dev Udhni Ekadashi’ est la période lors de laquelle les dieux se réveillent après un bref repos. La danse ressemble au Ras Lila de Krishna.
Dans le Maharashtra et le sud du Madhya Pradesh, le lavani est effectué par des interprètes féminines portant un sari de 9 mètres de long.
Traditionnellement, les chansons accompagnant la danse exécutées dans un tempo rapide traitaient de sujet de société comme la religion, la politique et la romance. Les chansons du Lavani pouvaient être sensuelles ou socio-politiquement satiriques.
Le Charkula est une danse folklorique exécutée dans la région de Braj dans l’Uttar Pradesh. Lors de cette danse, des femmes voilées tiennent en équilibre sur leur tête un Charkula, une pyramide de 108 lampes à huile, tout en chantonnant des chants dédiés au dieu Krishna.
Elle est souvent réalisée lors du troisième jour après Holi, le festival des couleurs. On dit que la danse Charkula célèbre la victoire de Krishna sur Indra : pour sauver la population de Govardhan des inondations provoquées par la colère du dieu de la pluie Indra, Krishna souleva la montagne de Govardhan et mit à l’abri ses habitants. Pour reconstituer ce miracle, les femmes soulèvent le Charkula sur leur tête.
Le Veeragase du Karnataka tire son nom d’un légendaire seigneur guerrier hindou, Veerabhadra. C’est une danse rythmée basée sur les six puranas de Shiva (Écritures Saintes hindoues) impliquant des mouvements de danse très intenses. Elle est exécutée lors des festivals et principalement dans les mois hindous de Shravana et Karthika.
Les danseurs portent traditionnellement un couvre-chef blanc et un haut de couleur rouge vif. Ils se parent également d’un collier de perles de l’arbre Rudraksha, symbole du dieu Shiva, d’une ceinture abdominale appelé rudra muke, d’un ornement ressemblant à un serpent porté autour du cou appelé Nagabharana et des bracelets de cheville. Ils portent une épée dans la main droite.
Le Kolattam ou ‘la danse du bâton’ est un art folklorique rural habituellement effectué pendant les fêtes de village dans le Tamil Nadu et l’Andhra Pradesh. C’est une combinaison de mouvements rythmiques, de chansons et de musique. Le groupe comprend de 8 à 40 danseuses regroupées par paires. Le bâton fournit le rythme principal.
Le Padayani ou Padeni est un art folklorique coloré et spectaculaire associé aux festivals de certains temples dans le sud du Kerala (Alleppey, Kollam, Pathanamthitta, Kottayam) et lié à la naissance de la déesse hindoue Kali.
Cet art folklorique imite essentiellement des personnages divins ou semi-divins en portant d’énormes masques peints sur des feuilles d’arec entrelacées. les chanteurs récitent un poème et les instrumentistes frappent le rythme sur le thappu et avec des cymbales.