Bengaluru (Bangalore), capitale de l’État du Karnataka est une cité cosmopolite au visage moderne. L’engouement de la ville pour l’industrie des technologies de l’information lui a valu le surnom de « Silicon Vallée indienne ». Si ses monuments ne sont pas à la hauteur de ceux de Hampi, Beluru, d’Halebidu, Somnathpur pour ne citer qu’eux au Karnataka, Bangalore a l’avantage d’offrir un climat tempéré toute l’année ainsi que des boutiques et bars branchés qui sauront satisfaire les voyageurs étrangers en mal du pays.
Bengaluru tirerait son nom d’une légende populaire. On raconte que Veera Ballala II, un roi Hoysala du 11e siècle, se perdit dans une forêt lors d’une partie de chasse. Alors qu’il errait, affamé, il rencontra une vieille femme qui lui servit des haricots bouillis. En remerciement, le roi nomma cet endroit « benda-kaal-uru » littéralement « la ville des haricots bouillis », devenu au fil du temps Bengaluru.
Kadalekai Parishe, aussi connu comme le « festival de la cacahuète », tombe au mois de novembre de chaque année. Il célèbre la première récolte d’arachide de la saison.
Dans le cadre des célébrations, les agriculteurs de la région ont pour habitude de visiter le « Bull temple » (voir plus bas) pour recevoir les bénédictions du taureau Nandi avant de démarrer leurs affaires. Leurs étales de cacahuètes sont ensuite installés tout autour de ce temple.
Le Karaga est l’un des plus anciens festivals du Karnataka, il se tient chaque année pendant le mois de Chaitra du calendrier hindou (mars/avril) et dure onze jours. Il est associé à la communauté Thigala (producteurs tamouls de fleurs et de légumes), néanmoins ce grand festival attire des spectateurs de toute la ville.
Le festival trouve ses racines dans l’épopée du Mahabharata : il honore Draupadi (la femme des cinq Pandavas) et la déesse Dévi en que Shakti.
Le festival tire son nom du « Karaga », un pot en terre posé sur la tête du porteur puis surmonté d’une lourde pyramide florale avec un petit parapluie en argent pour couronner le tout. Le porteur revêt une tenue de femme pour symboliser la déesse et ne doit à aucun moment toucher le pot.
Bien que les rituels du Karaga soient effectués au fameux temple Dharmaraya Swamy de Bangalore, le point culminant du festival est la grande procession de la pleine lune. Elle part du temple aux environs de minuit puis traverse de nombreuses ruelles avant de retourner au temple. Pour marquer la fin des festivités, les fidèles s’aspergent mutuellement d’eau de curcuma. Le lendemain, le Karaga est immergé dans le Kund (bassin) d’où il provient.
Basavanagudi Nandi (bull temple) est sûrement le temple le plus emblématique de Bangalore ; il abrite un immense monolithique du taureau Nandi, le véhicule divin du dieu hindou Shiva.
C’est l’une des plus grandes idoles de Nandi que compte l’Inde (5 m de haut x 6 m de large). On dit qu’une petite plaque de fer est posée sur la tête du taureau pour l’empêcher de grandir plus.
Selon une croyance populaire, cette statue a été construite pour calmer un taureau qui ravageait les cultures d’arachides. La fête agricole de la cacahuète, Kadalekai Parishe (voir plus haut), est organisée autour de ce temple en souvenir de cette légende.
En contrebas du Bull temple se tient l’imposante statue du dieu à tête d’éléphant, Ganesha. Un autre des temples célèbres de Bangalore.
Dodda Ganapathi a été construit par le souverain Kempegowda I, le fondateur de Bangalore. On dit qu’un jour, alors qu’il se promenait, il remarqua un énorme rocher évoquant la forme du dieu Ganesha. Kempegowda I ordonna alors sur-le-champ à ses sculpteurs de tailler le rocher pour en faire une idole.
Satya Ganapathi, un autre nom de la divinité, fait 6 m de haut par 5 m de large et elle attire de nombreux fidèles, surtout lors des festivals du fait de sa décoration élaborée.
Il m’aura fallu plusieurs visites à Bangalore pour me décider enfin à mettre un pied dans ce palais qui se révèle être au final une belle surprise ! Son aspect extérieur assez rigide ne laisse en effet pas deviner des intérieurs aussi élégants.
La construction du palais a commencé en 1874 sous la direction du Maharaja de Mysore Chamarajendra Wodiyar X et a été achevée en 1878 ; des ajouts et des rénovations ultérieurs ont été effectués depuis. La Palais est encore, de nos jours, la résidence privée des Wodeyar, la famille royale du Karnataka.
Le palais s’inspire de l’architecture gothique Tudor. On dit que le roi Chamaraja Wadiyar fut très impressionné par le château de Windsor à Londres lors d’un de ses voyages en Angleterre. Par conséquent, il fit construire le palais de Bangalore sur des lignes similaires.
Il y a au total 35 chambres ainsi qu’une large cour carrée ouverte au centre dont les sols sont décorés de beaux carreaux en céramique bleue.
La principale attraction du palais est son « Durbar Hall » à colonnades (sa salle d’audience) peint en jaune et agrémenté de diverses peintures, de miroirs, de lourds chandeliers en cristaux et de vitraux gothiques.
Situé près du « city market », le palais du sultan Tipu, d’architecture indo-islamique, servit de résidence d’été au souverain de Mysuru, le sultan Tipu. Il a été achevé en 1791. La structure est entièrement construite en bois de teck.
Malheureusement, l’édifice est mal rénové et la visite s’avère décevante.
Pour les passionnés d’architecture, les deux édifices suivants valent le coup d’oeil.
Le premier bâtiment, le « Vidhana Soudha », s’élève au centre de Bangalore, le long de la Dr Ambekar road. C’est un imposant édifice de 213 mètres de long incorporant des styles architecturaux rajpoutes, dravidiens et européens. Sa conception est attribuée à Hanumanthaiah Kengal, le Premier ministre de Mysuru de 1951 à 1956.
Comme il abrite le Parlement de l’état du Karnataka et plusieurs autres départements gouvernementaux, on ne peut le visiter que de l’extérieur.
L’autre édifice, « l’Attara Kacheri » (littéralement « les dix-huit départements ») se trouve en face du Vidhana Soudha ; il abrite la cour de justice.
Inauguré sous le règne du sultan Tipu, l’empereur de Mysuru, son originalité vient de son architecture néoclassique dans le pur style européen et de sa couleur rouge vif. Sa construction s’est terminée en 1868.
Tout comme le Vidhana Soudha, on ne peut le voir que de l’extérieur.
Parmi la dizaine de parcs essaimés dans tout Bangalore, le jardin botanique de Lalbagh (le jardin rouge) est la plus notable. C’est un centre de renommée nationale et internationale pour l’art botanique, l’étude scientifique et la conservation des plantes. Lalbagh couvre une superficie de 240 acres au cœur de la ville et compte près de 1 854 espèces de plantes.
Commandé à l’origine en 1760 par Hyder Ali, le souverain de Mysuru, il sera terminé par son fils le sultan Tipu. Ce dernier importera des arbres et des plantes du monde entier ce qui fait que ce jardin botanique possède l’une des plus grandes collections de plantes rares au monde.
Son attraction principale est sa célèbre serre en verre qui a été construite en 1889 pour commémorer la visite d’Albert Victor, petit-fils de la reine Victoria et ancien prince de Galles. Elle accueille chaque année une grande exposition florale.
Le complexe de temples ISKCON, construit en 1997 par la mission du même nom, est maintenant devenu l’un des endroits les plus visités de Bangalore, en raison de son architecture originale mélangeant le style traditionnel de l’Inde du Sud avec des éléments contemporains.
Les divinités présidant le temple sont Sri Radha Krishnachandra, Sri Krishna Balarama et Sri Nitai Gauranga situées dans le temple principal et surplombées par un plafond richement décoré de panneaux sur la vie du seigneur Krishna.
Je n’ai découvert Malleshwaram que très récemment, preuve encore une fois qu’on ne connait vraiment une ville qu’après plusieurs visites.
Située au nord-ouest de la ville de Bangalore, cette banlieue, qui tire son nom du temple Kadu Malleshwaram (voir ci-dessous), est connue pour ses rues animées et ses temples anciens.
On dit que le temple de Kadu était jadis construit au milieu d’une épaisse forêt, d’où son nom « kadu » qui signifie justement forêt ; il se love maintenant au milieu d’un jardin bien entretenu.
Le sanctuaire principal, de style dravidien, a été construit au 17e siècle EC par Venkoji, le frère de Shivaji, le grand roi Marathe. Il abrite un lingam représentant Shiva sous la forme de Mallikarjuna.
Situé en contrebas du temple de Kadu, le bassin de Nandishwara (Basava Theertha ou Sri Dakshinamukha Nandi Tirtha Kalyani Kshetra) est sûrement le lieu le plus attrayant du quartier de Malleshwaram ; il aurait plus de 400 ans.
Là, une source d’eau sortant de la bouche de la statue en pierre de Nandi (la monture divine du seigneur Shiva), retombe sur un Shiva-lingam puis se jette dans un grand réservoir situé au centre du temple où des tortues nagent paisiblement.
Il y a beaucoup de mystère qui entoure le temple comme sa découverte par exemple. Pendant des centaines d’années, il fut enfoui au-dessous d’un terrain vague et n’a été mis à jour que dans les années 1990, par accident, quand un groupe d’ouvriers creusèrent ce terrain pour y poser les fondations d’un bâtiment. De même, l’origine de la source d’eau coulant de la bouche de Nandi n’a pas encore été élucidée à ce jour, signe peut-être de l’excellence de l’ingénierie hydraulique de l’Inde ancienne.
En face du bassin, on trouve deux autres temples, un dédié à Gangamma ou la déesse Ganga, divinité locale de Bangalore, et un autre à Vishnou. Ils valent tous deux le coup d’œil.
On finit cette page sur Bengaluru par une petite curiosité : la mystique « vallée de la pyramide ».
Située à une quarantaine de kilomètres de Bangalore et nichée dans un écrin de verdure, la « pyramid valley » ou « Maitreya-Buddha Vishwalayam » renferme une pyramide qui se dit être la plus large au monde, elle peut accueillir environ 5 000 personnes à la fois.
Cet édifice impressionnant, construit sur les principes de la pyramide de Gizeh en Egypte, fait partie d’un centre méditation international dédié à la sagesse spirituelle universelle.
Son fondateur, Brahmarshi Patriji a voulu fournir une plateforme commune pour tous les maîtres spirituels du monde, afin de collaborer pour une planète pacifique et bienveillante.
La « chambre du roi » située au centre de la Pyramide, à 1/3 de la hauteur de la base, permet de méditer sur une plate-forme surélevée. Cet environnement est censé favoriser la concentration.