Palani est l’un des six temples les plus sacrés du Tamil Nadu consacré au dieu hindou Murugan (Kartik). Il est considéré comme le troisième Arupadai Veedu. Comme la plupart des sanctuaires dédiés à cette divinité, il est perché sur une colline, dans la ville de Pazhani, à 100 kilomètres au sud-est de Coimbatore.
Au Tamil Nadu, un grand nombre de temples sont consacrés à Murugan, cependant, les Arupadai Veedu, les six demeures les plus sacrées de cette déité, ont une importance bien particulière.
Selon la légende, ces six demeures sont érigées sur les six champs de bataille où Muruga combattit les armées du démon Surapadman.
Ces sites sont : Tirupparamkunram, Thiruchendur, Thiruavinangkudi, Palani, Swamimalai, Thiruthani et Pazhamudircholai. Bien qu’il ne figure pas dans la liste, le temple de Marudhamalai à Coimbatore est considéré par certains comme le septième Arupadai Veedu.
Alors que Shiva et Parvati étaient assis au sommet du mont Kailash dans l’Himalaya, le sage Narada vint leur rendre visite et leur offrit une mangue.
Les deux fils de Shiva et Parvati, Ganapathi et Murugan, ne voulurent pas partager le fruit. Shiva organisa alors un concours et promit de donner le fruit à celui qui ferait le tour du monde le plus rapidement possible.
Murugan partit avec hâte sur son paon-véhicule et parcourut le monde entier alors que Ganapathi resta sur place et fit simplement une circumambulation autour de ses parents ; Shiva et Parvati représentant l’univers. Il remporta donc le fruit.
Quand Muruga rentra il fut si vexé qu’il partit au sommet d’une colline et renonçant au monde.
Shiva et Parvati se rendirent alors sur cette colline et, pour tenter de le réconforter, ils lui dirent : « Muruga, tu es toi-même un fruit divin, le fruit de toute sagesse et de toute connaissance, pourquoi alors aurais-tu besoin d’un fruit ? « Pazham Nee » en langue tamoul veut dire « tu es le fruit ». Ainsi, ce lieu prit le nom de Pazhani ou Palani.
Certains pensent aussi que Palani tire son nom de Pazhanam (qui signifie rizières).
Le kavadi est un élément typique des festivités dédiées à Muruga. C’est généralement un arceau de bois doté d’une barre transversale qui est porté sur les épaules des pèlerins. Il décoré, entre autres, de fleurs et de plumes de paon (le véhicule du dieu Muruga). Certains kavadis peuvent peser jusqu’à 30 kg.
Cet arceau symbolise les deux collines portées par Idumba :
La légende raconte que le dieu Shiva confia au sage Agastya deux collines (Shivagiri et Shaktigiri), avec pour instruction de les installer dans le sud de l’Inde. Le sage demanda l’aide de son disciple, Idumban, pour les porter à destination. Ce dernier équilibra les collines sur les deux extrémités de sa palanche et partit en direction du sud.
Après avoir parcouru un long chemin, Idumban décida de prendre un peu de repos dans la ville de Palani et posa les collines à terre. C’est à ce moment-là aussi que Muruga arriva à Palani suite à sa déception d’avoir perdu contre son frère (voir l’histoire plus haut).
Après s’être reposé, Idumban décida de reprendre son voyage. Il tenta de lever la colline Shivagiri, mais cela lui fut impossible, car Muruga, ayant pris l’apparence d’un enfant, se tenait debout sur celle-ci. Idumban, prenant Muruga pour une personne ordinaire, lui dit de descendre. Muruga refusa. Une lutte s’en suivit et Idumban fut vaincu.
Il comprit alors qu’il avait combattu contre le dieu Muruga lui-même. Se rendant compte de son erreur, il pria alors le jeune dieu de lui accorder deux vœux.
Le premier voeu est que les personnes visitant le temple de Palani avec le kavadi sur leurs épaules voient leurs prières exaucées. Le deuxième est qu’il (Idumban) soit posté en tant que sentinelle à l’entrée de la colline. Aussi, un sanctuaire à Idumban se trouve à mi-hauteur de la colline où les pèlerins font des offrandes avant de se présenter devant « Dandayudhapani », l’idole de Muruga.
Depuis lors, les pèlerins venant à Palani portent leurs offrandes sur le kavadi. La coutume s’est répandue aussi à tous les sanctuaires de Muruga dans le monde entier.
La personne qui porte le kavadi doit respecter certaines règles : elle évite les aliments non-végétariens, l’alcool et autres substances addictives ; elle prend aussi un engagement d’abstinence et se rend à Palani à pied.
Les fidèles portent des vêtements verts ou jaunes qui sont traditionnellement les couleurs associées à Muruga.
Lors de certaines processions, certains fidèles s’imposent des mortifications sévères, ils/elles s’insèrent un « Vel » (la lance de Muruga) à travers la bouche et des crochets sur le corps. C’est un « spectacle » plutôt impressionnant.
Le mot « Kavi » signifie « safran », la couleur des sannyasins ou renonçants, « adi » signifie « là ». Le kavadi symbolise l’humilité et la foi dans le divin. Le pèlerin portant le kavadi doit mener une vie simple et humble pendant le temps de cette pratique, pratique qui devrait être étendue à l’ensemble de sa vie par la suite.
Dans les temples et processions dédiés à Muruga, nous pouvons entendre parfois les fidèles s’exclamer : « Haro Hara! »
Haro Hara est une forme abrégée de la phrase « Ara Haro Hara ». Sa signification est : « Oh Dieu Tout-puissant, s’il te plaît, élimine nos souffrances et accorde-nous le salut ! ».
On dit que cette exclamation a été utilisée pour la première fois par les shivaïtes (fidèles du dieu Shiva) à l’époque de Thirunjana Sambandar, l’un des plus éminents des soixante-trois Nayanars, les saints tamouls qui vécurent du VIe au Xe siècle de notre ère.
Au cours des voyages de Thirunjana Sambandar, les porteurs de son palaquin et ses disciples avaient l’habitude de chanter des phrases dénuées de sens pour s’encourager et soulager leur fatigue.
Thirunjana Sambandar leur a appris à remplacer ces phrases par l’exclamation « Ara Haro Hara ». Au fil du temps, l’utilisation de « Ara Haro Hara » a disparu chez les shivaïtes, mais a perduré chez les « Kaumaras » (les fidèles de Muruga) et l’expression a été abrégée en l’actuel « Haro Hara ».
L’idole de Palani porte le nom de Dandayudhapani Swami : « celui qui tient un bâton dans sa main ».
Selon la légende, elle aurait été créée par un siddhar* du nom de Bogar à partir d’un Navapashanam, c’est-à-dire un mélange de neuf minéraux toxiques (Veeram, Pooram, Rasam, Jathilingam, Kandagam, Gauri Pasanam, Vellai Pasanam, Mridharsingh, Silasat).
*Un Siddhar signifie « celui qui est accompli » c’est-à-dire une personne ayant atteint un niveau de conscience élevé par la pratique de la méditation et du yoga. Bogar fait partie des 18 siddhars de l’Inde. On dit qu’il est enterré sous la statue de Muruga.
Ces neuf minéraux mélangés en juste proportion sont censés produire une médecine éternelle. Lors des abishekams (bain de la statue), les ingrédients versés sur l’idole s’imprégneraient des qualités curatives de la statue et sont ensuite distribués aux fidèles.
La statue de Muruga est placée sur un piédestal de pierre et sa forme est celle d’un jeune renonçant, dépouillé de tous ses plus beaux atours : ses cheveux sont rasés, il est vêtu d’un simple pagne et tient un bâton de pèlerin.
On remarquera aussi ses grandes oreilles disproportionnées. Cela signifie qu’il écoute attentivement chacune des prières de ses nombreux dévots. Cette forme du dieu Muruga est unique en Inde.
Je vous remercie de nous avoir raconté l histoire de Muruga Palani Malail. J aurais aimé connaître l histoire des 5 autres temples dédié au Seigneur Muruga.
C est bon de connaître la signification des phrases de nos prières. Je le dis toujours avec dévotion, je suis heureuse d avoir sa signification !
Merci à vous !
Vanakkam Patricia ! Merci de votre sympathique message. La signification des autres temples sera pour un autre article 🙂 Merci de m’encourager à les écrire ! 🙂 Bien cordialement, Mathini