Conçue selon des concepts védiques, Jaipur, la capitale bouillonnante du Rajasthan est l’une des villes les plus visitées en Inde. Il faut dire qu’elle sait comment charmer le voyageur : festivals colorés, élégants édifices historiques et riche artisanat. Du « palais du vent » au « palais de l’eau », la ville rose n’a de rivale que sa voisine, Amber la magnifique, l’ancienne capitale des Maharajas de Jaipur.
Relativement récente, Jaipur a été construite au 18e siècle par le Maharaja Jai Singh II. Il fit appel à un urbaniste du Bengale qui organisa la ville en neuf carrés qui, conformément aux concepts védiques, correspondent chacun à une planète de l’astrologie indienne. La ville entière est conçue selon un quadrillage ; tout était à l’origine standardisé, les rues, les boutiques, etc.
Son descendant, Ram Singh II, fera repeindre la ville en rose (d’où son surnom actuel) lors de la visite du prince de Galles en 1876 ; le rose étant la couleur traditionnelle de bienvenue.
Le festival de littérature de Jaipur a lieu depuis 2006. C’est le plus important festival littéraire d’Asie. Il rassemble certains des plus grands penseurs et écrivains de toute l’Asie du Sud et du monde. L’hôtel 5* « Diggi Palace » sert de lieu principal pour la tenue du festival.
Le festival des éléphants se tient la veille de la fête de Holi, généralement au mois de février-mars. Il commence avec une belle procession d’éléphants, de chameaux chamarré et de danseurs folkloriques. Les propriétaires embellissent fièrement leurs éléphants avec des peintures flamboyantes. Du Polo à dos d’éléphants et des danses d’éléphants font aussi partie du programme.
Gangaur est un festival haut en couleurs célébré par femmes du Rajasthan. Il arrive après la fête de Holi et honore Gauri, l’épouse de Shiva qui symbolise le bonheur conjugal…
LIRE LA SUITE +L’état du Rajasthan a été formé le 30 mars 1949, ce jour est célébré lors d’un festival d’une semaine. Des programmes culturels folkloriques et classiques ainsi que du théâtre sont organisés.
Nous commençons la visite de Jaipur par le palais de la cité qui occupe le neuvième carré védique, au centre de la ville. Le Maharaja Sawai Jai Singh II commença sa construction quand il déplaça sa cour d’Amber (voir ci-dessous) à Jaipur, en 1727.
Le palais est un complexe combinant plusieurs cours, palais, pavillons, jardins et temples.
En entrant dans la première cour, nous tombons sur le Sarvato Bhadra, un des édifices les plus fameux du city palace qui servait dans le temps de ‘Diwan-e-Khas‘, ou salle d’audience privée.
Aujourd’hui, ce grand hall carré continue à être utilisé pour les célébrations des grands festivals indiens comme Dussehra ou Makar Sankranti, mais aussi lors des festivités typiques du Rajasthan telles que Gangaur et Teej, où l’image de la déesse Gauri est placée dans un palanquin au centre du hall, avant d’être portée en procession autour de la ville.
Petite anecdote mégalomane : dans le Sarvato Bhadra, se trouvent deux énormes jarres en argent (Gangajalis) de 1,6 mètres de hauteur ayant chacune une capacité de 4 000 litres. Elles furent spécialement commandées par le Maharaja Sawai Madho Singh II pour transporter l’eau du Gange qui servit d’eau potable lors de son voyage en Angleterre en 1901 afin d’assister au couronnement d’Edouard VII. Ces jarres de 340 kilogrammes chacune sont inscrites dans le Guinness book comme les plus grandes jarres d’argent au monde.
À droite du Sarvato Bhadra, une porte en bois, où deux hommes en tenues traditionnelles montent la garde, nous mène vers le Chandra Mahal, l’un des plus anciens bâtiments du complexe, toujours occupé par l’actuel Maharaja et sa famille.
Les deux premiers étages se composent du Sukh Niwas avec ses jolies arabesques bleues et blanches, suivi du Rang Mandir et du Shobha Niwas qui présentent tous deux une décoration époustouflante incorporant des milliers de miroirs.
Les derniers étages (non-accessibles aux visiteurs) comprennent le Shri Niwas et le Mukut Mandir, le pavillon du couronnement. C’est sur le Mukut Mandir que l’étendard royal de Jaipur est hissé lorsque le Maharaja est en résidence.
En redescendant du Chandra Mahal par des escaliers intérieurs étroits, nous tombons sur la petite cour « Pitam Niwas chowk » ornée de quatre magnifiques portes colorées représentant les quatre-saisons et les dieux hindous associés à elles. Un des plus beaux joyaux du palais.
Sur la droite, en sortant du City Palace, se trouve le Yantra Mandir ou Jantar Mantar, un observatoire astronomique constitué d’une série d’instruments astronomiques, construits sur ordre du maharaja Jai Singh II entre 1727 et 1733. Il s’inspire d’un autre observatoire que Jai Singh II avait fait édifier précédemment à Delhi, capitale de l’Empire moghol.
Il en fit également bâtir trois autres à Bénarès, Mathura et Ujjain, mais celui de Jaipur est le plus imposant.
Cet observatoire a été construit dans le but d’établir les thèmes astraux et de déterminer les moments les plus propices pour les grands événements (mariages, déplacements…). Il est inscrit depuis 2010 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le temple hindou Govind Dev Ji est situé dans le complexe du City Palace et est dédié à Krishna. L’idole a été rapportée de Vrindavan (Uttar Pradesh) par Raja Sawai Jai Singh II, le fondateur de Jaipur. Elle était aussi la principale divinité de la dynastie Kachawaha d’Amber.
Pour vous plonger réellement dans l’atmosphère du temple Govind Dev Ji, visitez-le pendant les aratis (voir horaires ci-dessous) et mêlez-vous à la foule des fidèles qui font de longues circumambulations autour de l’autel… Une expérience inoubliable ! Le temple vaut aussi le coup d’œil lors de la fête de Holi, qui trouve son origine dans l’histoire du seigneur Krishna.
Les horaires des 7 aratis (rituels) quotidiens du temple :
Mangla | 4:45 – 5:15 | |
Dhoop | 7:45 – 9:00 | |
Shringar | 9:30 – 10:15 | |
Rajbhog | 11:00 – 11:30 | |
Gwal | 17:30 -18:00 | |
Sandhya | 18:30 – 19:45 | |
Shayan | 20:45 – 21:15 |
Le palais du vent est probablement le monument le plus emblématique de Jaipur qui, bien que situé à l’écart, fait partie du complexe du City Palace ; un passage secret relie d’ailleurs les deux édifices.
Le Hawa Mahal était destiné aux femmes de la cour (zenana) qui pouvaient observer, sans être vues, les processions religieuses, à travers les petites fenêtres alvéolées.
L’édifice fut construit par le Maharaja Sawai Pratap Singh en 1799 sous la supervision de l’architecte Lal Chandra Usta. Le Maharaja étant un fervent dévot du seigneur Krishna, il demanda alors à ce que le bâtiment soit construit selon la forme de la couronne de ce dieu.
Cet édifice de cinq étages, comprenant 61 loggias en pierre et 350 fenêtres, fut aussi pensé de manière à ce que le vent puisse circuler librement à travers les nombreuses loggias et vienne rafraîchir l’atmosphère, d’où son nom.
A visiter aussi en soirée quand le Hawa Mahal est particulièrement bien mis en valeur par les éclairages.
Si vous souhaitez avoir une vue à 360 degrés sur la ville rose, marchez encore quelques minutes à partir du Hawa Mahal en direction du bazar Tripolia et grimpez les marches du minaret Iswari Minar Swarga Sal, construit dans les années 1740 par Iswari, le fils et successeur de Jai Singh II. Attention, il ferme à 16 h 30.
Construit en 1734 par le Maharaja Sawai Jai Singh II, Nahargarh, la « demeure des tigres » se dresse fièrement sur les collines Aravalli qui surplombent la ville rose. Le fort formait dans le temps une ligne défensive, ses fortifications reliant le fort de Jaigarh à Amber.
Le fort abrite le Madhavendra Bhawan, qui était la destination estivale des membres de la famille royale. Le palais possède douze boudoirs pour les reines et une suite pour le roi. Ils sont tous reliés par des couloirs ornés de délicates peintures murales.
A noter : Les voyageurs visitent habituellement le fort en fin d’après midi pour être sûrs d’assister au coucher du soleil sur la ville.
A mi-chemin entre Jaipur et Amber se trouve le très romantique palais Jal Mahal semblant flotter sur les eaux. Il a été construit par Madho Singh en 1799 comme résidence secondaire pour la famille royale et pour une activité un peu moins glamour, la chasse au canard.
Gravé de fines sculptures et situé dans les contreforts du Fort de Nahargarh, le Gatore Ki Chhatriyan, « la dernière demeure des âmes des défunts », est un très beau complexe de temples et de cénotaphes des souverains Rajpoute Kachhwaha.
Le premier de ces cénotaphes est celui du Maharaja Sawai Jai Singh II, le fondateur de Jaipur et le dernier en date est celui de Sawai Raja Man Singh, le père du Maharaja Bhawani Singh, le roi actuel de Jaipur.
Le temple Garh Ganesha est dédié comme son nom l’indique à Ganesha, le dieu à tête d’éléphant. Il est juché au sommet d’une des collines Aravalli, près de celle du fort Nahargarh. On y accède par des escaliers escarpés à partir des cénotaphes royaux Gatore Ki Chhatriyan (voir ci-dessus).
Le temple a été construit par le Maharaja Sawai Jai Singh quand il a effectué le « Ashwamedha Yagna » (rituel du feu) avant de s’installer à Jaipur. On dit qu’il a placé la statue de telle façon qu’il pouvait la voir, à l’aide de jumelles, du City Palace.
À visiter de préférence en début de matinée pour éviter la chaleur caniculaire et parce qu’aussi, il est de coutume de commencer chaque journée par le darshan (vision) de Ganesha, le dieu de bon augure. 🙂
La capitale de Rajasthan est particulièrement intéressante de nuit quand les édifices et monuments sont mis en valeur par des éclairages judicieux. C’est le cas du palais du vent (voir en haut de page), mais aussi du Albert hall Museum, du Birla Mandir, du Raj Mandir et des bazars de la ville.
Situé extra-muros, l’Albert hall Museum est le plus ancien musée d’état du Rajasthan. Il a été conçu par l’architecte britannique Sir Samuel Swinton Jacob et présente un belle architecture indo-sarrasine, c’est-à-dire un mélange d’architecture britannique, rajasthanie et moghole.
Le musée possède une riche collection d’artefacts, mais la star ici est une momie égyptienne, celle d’une « Tutu », une femme membre de la famille d’un prêtre, datant de la période ptolémaïque égyptienne (322 avant J.-C. à 30 avant J.-C.). Elle a été ramenée du Caire en 1887 par le Maharaja de Jaipur, Sawai Ishwar.
Le Birla Mandir est situé à la base de la colline Moti Dungari peu après l’Albert hall Museum. Ce vaste temple de marbre blanc a été construit au cours de l’année 1988 par la famille Birla, des magnats des affaires indiens.
Le Birla Mandir est dédié à Vishnou et sa parèdre Lakshmi, la déesse de la prospérité. Les divinités du panthéon hindou sont représentées à l’intérieur du temple tandis que, sur la façade extérieure, on trouve les statues de grands personnages tels que Socrate, Zarathoustra, le Christ, Bouddha et Confucius.
Et pourquoi pas un Bollywood* à Jaipur ? Le Raj Mandir est le parfait endroit pour cela ! C’est l’une des salles de cinéma les plus connues de l’Inde ; elle a été construite en 1976 dans le style Art Déco et son intérieur très kitch en forme de meringue vaut vraiment le coup d’oeil !
*Le terme « Bollywood » combine le mot « Bombay' »et « Hollywood » et désigne un genre cinématographique propre au cinéma indien de langue hindi.
L’expérience des salles obscures en Inde est un must même si vous ne comprenez pas la langue, l’ambiance est toujours au rendez-vous. Les indiens férus de cinéma vivent le film pleinement ! Prévoyez 3 h de libre tout de même…
En Inde, une visite des bazars est une expérience à ne pas manquer et ceux de Jaipur se prêtent particulièrement à la flânerie et au shopping. Ici, chaque bazar a sa spécialité, le Kishanpole Bazar est spécialisé dans les textiles, le Tripolia bazar dans les « chourias » (bracelets colorés), le Johari bazar pour la joaillerie, etc.
La visite de Jaipur est incomplète sans celle de Amer, aussi épelée Amber, qui est l’ancienne capitale des Maharajas de Jaipur. Le palais d’Amer est la principale attraction de la ville, mais d’autres monuments tout autour valent aussi le détour.
Le Fort d’Amber, qui inclut aussi un palais, a été construit en 1592 par le Maharaja Man Singh I sur les vestiges d’un fort du 11e siècle. Les dirigeants successifs ont ajouté plusieurs structures au fort avant de déplacer la capitale à Jaipur en 1727 suite à un accroissement de la population et à cause d’une pénurie d’eau.
Nous entrons dans le fort par le « Suraj Pole » (porte du soleil) qui débouche sur la cour principale, le Jaleb chowk. C’est ici que se tenaient les parades militaires du roi.
Juste à droite en face de cette cour, des escaliers mènent au temple dédié à Shila Devi (une forme de la déesse Durga) dont l’idole a été donnée à Raja Man Singh lorsqu’il vainquit le Raja de Jessore (Bangladesh actuel), en 1604.
La seconde cour du fort comprend le Diwan-e-Aam (hall des audiences publiques) érigé sur une plate-forme surélevée avec 27 colonnes.
La troisième cour était les appartements privés du Maharaja et de sa famille. On y accède par le très beau porche de Ganesh décoré de peintures miniatures. La cour comprend deux bâtiments, l’un en face de l’autre, séparés par un jardin de style Moghols.
L’édifice à gauche de la porte d’entrée est appelé le « Sheesh Mahal » (palais des miroirs) et pour cause, il est magnifiquement orné de miroirs incrustés conçus de manière à ce qu’ils brillent sous la lumière des bougies comme un ciel étoilé.
En face du palais aux miroirs, se trouve le Sukh Niwas (hall du plaisir) dont les murs sont décorés de marqueteries de marbre et de niches. Un canal ouvert traverse l’édifice jusqu’au jardin Moghol rafraichissant l’atmosphère.
La quatrième cour est l’endroit où se trouvait le Zenana, autrement dit le harem du maharaja, où vivaient non seulement les femmes de la famille royale mais aussi les concubines. Cette cour comprend de nombreux salons où les femmes résidaient attendant la visite improviste du Maharaja.
Pour protéger le palais d’Amber, Jai Singh II fit construire le fort de Jaigarh (le fort de la victoire) en 1726 sur un promontoire des monts aravallis appelé Cheel Ka Teela (la colline des aigles). Il surplombe le fort d’Amber de 400 mètres et son épaisse muraille de grès rouge s’étend sur 3 kilomètres. Le fort comprend un palais, des jardins et un musée, mais sa principale attraction est le « Jai Vana », l’un des plus grands canons à roues au monde. Fabriqué vers 1720, il a une portée de tir impressionnante d’environ 30 km.
En contrebas du palais d’Amber, se trouvent plusieurs temples dont le plus important est le Sri Jagat Shiromaniji (couronne du seigneur Vishnou), dédié au seigneur Krishna. Il a été commandité en 1601 par la reine Kanakawati, femme du maharaja Man Singh, en souvenir de son fils Jagat Singh.
Le temple de style palatial foisonne de sculptures et comprend une splendide torana (arche) à l’entrée flanquée de deux éléphants finement sculptés dans le marbre blanc.
Ce temple est aussi associé à la sainte poétesse Mirabaï. On raconte que la statue de Krishna de ce temple serait celle-là même que Mirabaï vénérait. Elle aurait été sauvée de la destruction par les dirigeants d’Amer pendant les guerres contre les Moghols et placée dans ce temple.
En bas du temple Sri Jagat Shiromaniji, on découvre le Panna Meena Ka Kund, un bel exemple de puits à étages, typiques du Rajasthan.
Construit au 16e siècle EC, il était utilisé comme une source d’approvisionnement en eau aussi bien qu’un lieu de rassemblement communautaire.
La géométrie parfaite du lieu avec ses escaliers entrecroisés et ses nombreuses niches est un régal pour les yeux. Mais, si vous voulez voir le plus grand puits à palier du Rajasthan, le Chand Baori, il faudra continuer votre route en direction d’Agra…
Pour finir en beauté la visite de Jaipur, je vous conseille de partir au cœur des monts Aravallis pour découvrir les temples de Galtaji construits entre deux falaises, de vrais petits bijoux.
Le complexe est un ancien lieu de pèlerinage ; on dit qu’un saint du nom de Galav, dont le lieu tire son nom, vécut ici pendant 100 ans en pratiquant d’intenses ascèses. Depuis le 16e siècle, il est aussi la demeure des adeptes de la branche hindouiste « Ramanandi Sampradaya » qui met principalement l’accent sur l’adoration du dieu Rama et de toutes les autres incarnations du dieu Vishnou.
Le temple actuel a été construit au 18e siècle sous le règne du Maharaja Sawai Jai Singh II et il est aussi la demeure de milliers de singes, d’où son deuxième nom. Outre ses nombreux temples, il comprend aussi 7 Kunds (bassins) qui sont alimentés par une source d’eau pure jaillissant de la falaise et se jetant dans un premier bassin, le « Galta Kund« , tout en haut du complexe. Prendre un bain dans ce bassin sacré est considéré comme une bénédiction.