La foire de Kavant ou Kavant Gher Mela qui se tient dans le village du même nom, près de Chhota Udepur (Gujarat), est le dernier volet des festivités du printemps de la communauté adivasi Rathwa. Elle a lieu le troisième jour après le festival d’Holi et rassemble des milliers de personnes qui viennent célébrer la fin des récoltes et passer du bon temps tout simplement.
Nous arrivons dans le village de Kavant en fin de matinée, apparemment trop tôt cette année, car il n’y a pas foule dans les rues. Je finis par me demander s’il n’y a pas erreur sur la date. Je me rappelle alors que ce festival n’a pas d’horaire fixe, c’est un peu selon l’humeur des participants.
Ce n’est qu’en milieu d’après-midi que la ville commence à s’animer. Des groupes de femmes arrivent vêtues de leurs costumes traditionnels, souvent de couleurs identiques dans un esprit d’unité. Salwar-dhoti (pantalon ample) et Odhani (long voile) plié en éventail sur le devant pour certaines et ghagras (jupe longue) et voile en motif bandhani pour d’autres. D’imposants colliers en argent massif viennent parfaire la tenue. Superbe !
Soudain, la foule s’agite. De loin, j’aperçois une première troupe d’une dizaine de membres. J’essaie tant bien que mal de me frayer un chemin pour les atteindre… Oh ! Ce sont les Gheraiyas ou « hommes-paons », comme je les appelle, emblèmes en quelque sorte du festival.
Leur visage est peint de traits et de pointillés blancs, leur taille porte une ceinture en corde à laquelle de gros grelots sont attachés et leur tête est couronnée d’un haut chapeau conique piqué d’un bouquet de plumes de paon et guirlandes multicolores… Absolument irrésistible !
En plus de leur allure unique, ces hommes-paons dansent de façon bien particulière : tous les trois temps, ils se déhanchent afin de faire tintinnabuler les grelots de leur ceinture brisant ainsi le rythme métronomique des percussions qui les accompagnent.
Cette troupe est suivie de nombreuses autres jusqu’à ce que les rues de Kavant soient bondées et qu’on ne puisse plus circuler.
Les musiciens précèdent en général les troupes de danseurs avec leurs percussions et leurs flûtes bansuri pisvo dont les mélodies simples se répètent en boucle… Totalement hypnotisant. Alors que j’écris, ces airs trottent encore dans ma tête.
Derrière les musiciens, des hommes marchent ou dansent, parfois dans leur tenue Rathwa : un pagne blanc avec un foulard coloré noué à la taille, une chemise vert bouteille de type safari et un turban rouge ou orange. Malheureusement, les vêtements occidentaux sont en passe de détrôner ces vêtements traditionnels !
Les hommes tiennent des cannes à sucre et des serpettes symbolisant les récoltes ainsi qu’un arc, souvenirs de leur passé de chasseur. Parfois, on les voit brandir des épées et des bâtons qui, au dire de mon guide, servaient jadis à se battre ; de nombreuses bagarres avaient lieu pendant ce festival.
Les femmes arrivent derrière dans leurs belles tenues et synchronisent leur danse Timli avec celle des hommes. Et, pris dans l’élan du moment, on est tenté de se joindre à eux.
Comme cela, les troupes tournent dans les rues de Kavant, encore et encore, jusqu’au coucher du soleil.
Sur le chemin du retour, alors que nous n’espérions plus les voir – ils n’étaient pas nombreux cette année – nous croisons une autre troupe d’hommes-paons… Voilà qui finit en beauté ce triptyque de festivals Rathwa : Bhagoria, Holi et Kavant.
À suivre sur MAGIK INDIA : les peintures sacrées Pithora…
VENEZ ASSISTER AU FESTIVAL DE KAVANT AVEC NOUS !
Bonjour ,
Très beau reportage comme d’habitude
Merci beaucoup
Cordialement
merci Ady 🙂