On dit que Madurai a été créée à partir d’une goutte du nectar divin tombée de la chevelure du Seigneur Shiva. Cette cité sacrée doit sa renommée à son immense temple dédié à Meenakshi, véritable chef d’œuvre de l’art dravidien et haut lieu spirituel ; assurément l’un des plus beaux monuments que compte l’Inde.
Situé sur la rive sud de la rivière Vaigai, l’immense temple de Madurai est dédié à la déesse Meenakshi, une des formes de Parvati. Le nom « Meenakshi », signifie « œil de poisson » ; Shiva, son époux divin, est représenté ici sous la forme de Sundareswarar.
Bien que des textes religieux du 1er et 4e siècle de notre ère parlent déjà d’un temple central à Madurai, le grand temple de Meenakshi a été véritablement initié par le roi Pandya Kulasekara (1190-1216 EC) ; il fit construire le gopuram principal (tour), le sanctuaire à Meenakshi ainsi que celui de Sundareswarar.
Néanmoins, le complexe, tel qu’il est aujourd’hui, a été reconstruit tout au long du 16e siècle, car il fut pillé et détruit par les armées du Sultanat de Delhi au 14e siècle.
Lorsque l’empire Vijayanagar prit le contrôle de Madurai après avoir vaincu le Sultanat, le temple fut reconstruit et rouvert. Plusieurs agrandissements eurent lieu à la fin du 16e siècle et au début du 17e siècle sous l’impulsion du roi Vishwanatha Nayakar, de la dynastie Nayaka.
Meenakshi s’étend sur une superficie de 6 hectares entourée d’une enceinte faite de hauts murs. Au centre, se nichent les deux sanctuaires de Meenakshi et Sundareswarar, auxquels viennent s’ajouter de nombreux temples mineurs et un grand bassin d’ablutions.
Le complexe ne compte pas moins de 12 gopurams (tours) richement ornés de sculptures en stuc de divinités, d’animaux mythiques et de monstres, peints dans des couleurs vives. Ces tours peuvent atteindre jusqu’à 52 mètres de hauteur. On estime par ailleurs que le temple contient plus de 30 000 statues.
La petite merveille du temple de Meenakshi est son « Mandapam Ayiramkal » ou hall aux mille piliers (985 en réalité), maintenant reconverti en musée. Il a été élaboré en 1569 par Ariyanatha Mudaliyar, ministre du souverain Viswanatha Naicker, fondateur de l’empire Nayak. Les piliers merveilleusement sculptés de créatures et personnages mythiques mènent à la statue de Parvati et de Nataraja (Shiva en danseur cosmique).
Véritable ville-temple, Meenakshi attire jusqu’à 25 000 visiteurs par jour. Lors du festival annuel de 10 jours « Meenakshi Tirukalyanam » célébré pendant les mois d’avril-mai, le temples voit passer près d’un million de visiteurs (voir plus bas).
Le saint des saints est malheureusement interdit aux non-hindous comme beaucoup de hauts lieux de pèlerinages en Inde. Vous pourrez toutefois vous consoler en visitant le vibrant « Pudhu Mandapam » à l’entrée du temple, un hall à piliers orné de belles statues abritant des échoppes en tout genre : livres, passementerie, textiles… Et une myriade de tailleurs. Une ambiance à ne surtout pas manquer !
Chithirai Thiruvizha est une fête religieuse célébrée en grande pompe pendant le mois d’avril. Elle marque le mariage de la déesse Meenakshi avec Shiva.
Un cortège emmène une idole d’Azhagar (une forme de Shiva), assise sur un cheval, du temple d’Azaghar Koil jusqu’à celui de Madurai pour les rituels du mariage.
Le festival s’étend sur environ 10 jours ; la ferveur spirituelle des fidèles est à son summum.
Une légende raconte que le roi Pandya de Madurai, Malayadwaja et son épouse Kanchanmala essayaient depuis des années de concevoir un enfant, en vain. Pour tenter d’engendrer un héritier, Malaydwaja effectua de nombreux yagams (rituels du feu). Pendant l’un de ces rituels, une fillette de trois ans sortit des flammes et s’assit sur les genoux de Kanchanmala.
Mais quelle ne fut pas leur surprise quand ils virent que cette fillette avait trois seins ! La jeune fille était, en réalité, la déesse Parvati réincarnée.
Malayadwaja était tout de même un peu triste de ne pas avoir eu de fils. Il entendit alors une voix lui disant qu’il devait nommer la fille « Tatatakai » et l’élever comme si elle était un garçon. Cette même voix rassura Malayadwaja en lui promettant que le troisième sein de Tatatakai se résorberait quand elle apercevrait son futur mari.
Malaydwaja obéit au commandement divin : il nomma la fillette Tatatakai et lui enseigna l’art de la guerre. Après la mort de Malayadwaja, Tatatakai monta sur le trône. Elle fut une grande reine bienfaitrice ; plus tard, on l’appela « Meenakshi », celle qui a les yeux en forme de poisson.
Meenakshi était avant tout une reine guerrière et elle lança plusieurs campagnes militaires dans toute l’Inde. Après de nombreuses victoires sur terre, Meenakshi décida de s’attaquer aux cieux ; elle partit donc avec ses armées jusqu’au mont Kailash, la résidence de dieu Shiva.
Là, elle vainquit tous les soldats et généraux de Shiva. Le maître du mont Kailash décida alors de venir à sa rencontre pour voir qui était cette reine si intrépide. Mais, dès que Meenakshi vit le seigneur Shiva, la prophétie se réalisa, elle tomba éperdument amoureuse de Shiva et son troisième sein disparut.
Shiva demanda ensuite à Meenakshi de retourner dans sa ville natale, lui promettant qu’il la rejoindrait dans huit jours en tant qu’époux.
Shiva vint effectivement huit jours après, avec le dieu Vishnou, qui les maria. Depuis ce jour, le « Sri Meenakshi Sundareshwarar Thirukalyanam » (le mariage céleste de Meenakshi et Shiva) est célébré chaque année à Madurai.
On dit aussi que ce couple divin a régné pendant longtemps sur la ville de Madurai en tant que simples mortels.
un mal pour un bien : avec le nombre de touristes indiens et étrangers, l’accès au temple est maintenant très réglementé.
Ce n’est plus une foire avec des milliers de personnes, smartphone ou appareil photo en main mais un lieu de spiritualité.
Oui exactement, c’est très règlementé maintenant
Namaskar
Jai vu Maduraï en 1978, il y a 44 ans! J’en ai gardé un souvenir inoubliable. Il y avait foule mais ce n’était pas encore la foire. Tout semblait surréaliste, je me sentais une fourmi au milieu de ces gigantesques Gopurams, tous magnifiques, incroyables de couleurs, de scènes érotiques, qui nous plaisaient beaucoup… Dans l’un deux, parmi les fidèles et quelques touristes, un vieux moine m’a demandé (en Anglais) si je voulais voir Bouddha. Je l’ai suivi très confiante à travers des couloirs qui me paraissaient sans fin, pour arriver à une petite porte dont il avait la clef. Nous sommes entrés dans une pièce plutôt sombre et je me suis retrouvée face à un Bouddha allongé mesurant à peu près 3 mètres ou plus. Je ne sais pas vraiment, j’étais médusée , émue…
Mais je le fus d’avantage quand je m’approchais. Il était en pierre noire ou en ébène , je n’ai pas osé le toucher, et il y avait, incrusté dans son front, une émeraude énorme! Je me suis recueillie un moment, pensant que cejoyaux aurait pu nourrir quantité de pauvres… mais le moine, après m’avoir imposé le Tika entre les sourcils, m’a signifié qu’il fallait quitter les lieux. Je l’ai remercié et lui ai donné quelques roupies, qu’il a acceptées « for the Temple », bien sûr !
Ce Buddha n’était mentionné dans aucun guide.
Heureusement que le moine m’a reconduite jusqu’à la sortie, je me serais perdue assurément!
Mes amis m’attendaient, avec les sacs à dos, assis en face du Temple, inquiets car j’avais
disparu sans prévenir. Moi j’étais radieuse, heureuse avec mon 3éme oeil, l’oeil de Vishnu disaient-ils. J’ai essayé de le garder le plus longtemps possible, c’était censé porter bonheur!
En effet, le reste du voyage (2 mois en Inde + Sri Lanka) a été formidable, en dépit de quelques
mésaventures… C’est en tout cas l’un de mes plus beaux souvenir et j’y pense très souvent! Après tant d’années , le Buddha à l’émeraude reste gravé dans ma mémoire…
(Peut-être ce commentaire est-il trop long ? !
Merci Elisabeth de nous avoir fait partager cette expérience ! 🙂 Bien cordialement, Mathini