Si vous cherchez un petit coin d’Inde totalement dépaysant, le Chhattisgarh ne vous décevra pas. C’est un des rares états en Inde dont une grande partie de la population est composée « d’Adivasi », c’est-à-dire de peuples autochtones. Lors de ma troisième aventure au Chhattisgarh, j’ai eu la chance de pouvoir séjourner au sein de la communauté Dhurwa dans la région du Bastar, à une cinquantaine de kilomètres de Jagdalpur. Nul besoin de vous dire que ce fut une expérience enrichissante tout comme mes autres rencontres avec les différentes cultures de l’Inde.
Le chemin qui me mène au village des Dhurwa traverse une jungle épaisse constituée de hauts arbres séculaires. Je suis à moto, accompagnée d’un guide local, indispensable pour accéder aux villages isolés du Bastar. La route s’arrête dans une clairière où quelques maisons à la toiture en bardeaux sont posées.
Je pousse le portail en bois de la maison de nos hôtes qui s’ouvre sur une cour en terre délimitée par de longs billots de bois séchés. La maîtresse des lieux vient m’accueillir timidement ; ici, les gens sont discrets. Elle tient son petit-fils dans ses bras. C’est le milieu de l’après-midi et je m’installe dans une tente dans l’arrière-cour. Depuis, une maison d’hôte a été construite, mais je vous en parlerai plus tard.
Notre déjeuner au feu de bois est en cours de préparation. C’est la belle-fille qui s’en charge. Riz aux légumes au menu. Les zones rurales de l’Inde offrent des mets simples mais toujours très savoureux avec des produits venant directement de leur potager bio.
Pendant que les plats mijotent, je m’aventure seule sur un sentier qui mène à un autre groupe de maisons. Mon but est de faire des rencontres spontanées et de voir comment s’organisent les activités du village.
Je ne mets pas longtemps à tomber sur quelques habitants. En bordure du chemin, une dame est en train de ramasser de l’imli (tamarin). Ce fruit du tamarinier est utilisé non seulement dans la cuisine indienne, mais aussi comme médecine naturelle pour divers troubles digestifs. Juste à côté, un homme rassemble les gousses dans de grands sacs de jute qu’il pose sur son vélo.
Alors que je reprends la balade, mon guide arrive rapidement à moto. Je vois à l’expression de son visage qu’il s’est inquiété de mon escapade en solo. C’est l’heure du déjeuner de toute façon et nous rentrons ensemble chez nos hôtes.
Après le repas, je reprends mon exploration du village, avec mon guide cette fois-ci. Nous rencontrons les voisins avec qui nous partageons un chaï. L’un d’entre eux insiste pour me montrer ses talents d’archer. Les Dhurwa ou Duruwa sont un sous-groupe des Gond et, comme une grande majorité d’adivasis, ce peuple vivait à l’origine de la chasse, de la pêche et de l’agriculture.
La journée se passe ainsi de rencontres en rencontres jusqu’au soir où nous nous retrouvons tous autour du feu en sirotant la « salphi », la fameuse « bière » locale.
Et justement, le lendemain, je me réveille tôt pour ne pas manquer la récolte de la salphi. Cette boisson pétillante alcoolisée s’obtient suite à la fermentation de la sève de palme. Les hommes grimpent sans filet jusqu’à 20 mètres de haut pour la récolter. La sève fermente immédiatement après la collecte, en raison de levures naturelles présentes dans le liquide blanc et des levures résiduelles laissées dans le récipient de collecte. En deux heures de temps environ, la fermentation donne une boisson aromatique contenant jusqu’à 4 % d’alcool.
Les alcools dits « locaux » sont très communs dans les régions autochtones de l’Inde et s’obtiennent soit, comme ici, par la fermentation de la sève de palme, soit par celle du riz comme le « Zutho » dans le Nagaland ou soit par la fermentation de fruits comme le « Chulli », l’alcool d’abricot sec de la région du Kinnaur. Ils font partie intégrante de la vie des adivasis et sont très souvent incorporés dans les rituels religieux.
Dans la journée, je prends mon temps, la vie de village a ce pouvoir magique de vous faire vivre dans l’instant présent. J’en profite pour quelques photos de la famille qui m’accueille.
Cependant, ma soif d’en apprendre plus sur la communauté Dhurwa me pousse vers d’autres parties du village. Je fais la connaissance notamment d’un couple de vanniers qui, pour l’occasion, me font l’honneur de revêtir leurs costumes traditionnels.
Mes yeux s’arrêtent inéluctablement sur les bijoux de la dame, le collier en or tout particulièrement, dont le pendentif est un paon serti d’un rubis. Superbe ! J’aime cette beauté dans la simplicité.
Alors que je range mon matériel photographique, la dame arrive avec un immense chapeau en bambou tressé qui doit bien faire dans les 1,20 m de diamètre. Mon guide m’explique qu’il s’agit là d’un chapeau de mousson, utilisé tel un parapluie lors du travail dans les champs. Très ingénieux, je dois dire et bien sûr, je ne manque pas de faire un cliché.
Il y aurait encore tant de choses à raconter sur ce séjour, mais n’est-ce pas mieux de venir expérimenter tout cela par vous-même ?
Comme je vous le disais plus haut, depuis ma dernière visite, mon guide et son épouse ont fait construire une maison d’hôtes dans ce village et vous accueillent chaleureusement chez eux pour vous faire découvrir la culture et les traditions de leur communauté. Alors, quand partez-vous ? 🙂
Très bien ce reportage.
Merci Patrick 🙂
magnifique mais pour protéger la planète je ne voyage plus….sauf pour voir mes enfants
Bonjour, merci de votre message. Oui je comprends tout à fait. C’est un long débat cependant 😉 Bien cordialement, Mathini