Au Bengale Occidental et sa capitale Kolkata, Navaratri, la grande fête de la Mère Divine, est connue sous le nom de « Durga-Puja » et marque la victoire de la déesse Durga sur le démon Mahishasura. A cette occasion, la ville en effervescence ne dort plus, se pare de lumières et de temples éphémères qui rivalisent de créativité.
Durga-Puja est non seulement célébrée comme une fête religieuse, mais elle a aussi une importance culturelle et sociale. Toutes les couches de la société prennent part aux célébrations. Pendant ce temps festif, Kolkata attire les touristes de toutes les régions du monde.
Comme c’est le cas pour la plupart des festivals indiens, celui-ci trouve son origine dans la mythologie hindoue.
On dit que Mahishasura, un roi-démon, était devenu invincible grâce à une faveur accordée par le Seigneur Shiva selon laquelle aucun mâle ne pouvait le vaincre.
Pour mettre fin à la terreur que ce démon causait, les dieux fusionnèrent leurs pouvoirs pour donner naissance à la « Shakti » (la force primordiale) sous la forme de la déesse Durga qui terrassa Mahishasura. Voilà pourquoi Durga est aussi appelée Mahishasuramardini (la tueuse de Mahishasura).
Symboliquement cette bataille représente la victoire du bien sur le mal, de la lumière sur les ténèbres.
Le festival dure pendant cinq jours connus en tant que Shashthi, Saptami, Ashtami, Navami et Dashami. Les célébrations débutent à partir de Shashti (le sixième jour du festival commun de Navaratri) et se terminent par Dashami (le dixième jour).
J 0 = Mahalaya – Durga descend sur terre
J 1 = Début de Navaratri (pendant 9 nuits)
J 6 = Shashti, début de Durga-Puja / 6ème jour de Navaratri
J 7 = Saptami, 2ème jour de Durga-Puja / 7ème jour de Navaratri
J 8 = Ashtami, 3ème jour de Durga-Puja / 8ème jour de Navaratri
J 9 = Navami, 3ème jour de Durga-Puja / 9ème jour de Navaratri
J 10 = Dashami, 5ème jour et fin de Durga-Puja / Vijayadhashami, conclusion de Navaratri
Selon la mythologie hindoue, la déesse Durga est descendue sur terre lors de Mahalaya (un jour avant Navaratri) afin de tuer le démon Mahishasura. Mahalaya marque la fin de Pitru Paksha (la période dédiée aux ancêtres) et le début de Devi Paksha (le temps de la vénération de la déesse). On dit aussi que pendant toute cette période, les dieux restent éveillés dans le ciel.
Lors de Shashti, le premier jour de la célébration de Durga-Puja, a lieu la cérémonie de « Bodhon » ou « Akaal Bodhan » qui donne en quelque sorte vie à la statue et marque le début des rituels dédiés à la déesse Durga.
Le mot Akaal est composé de « a » (non) et « kaal » (temps) et « Bodhan » est traduit par « culte ou invocation ».
« Akaal Bodhan » signifie rendre un culte à Durga à un moment inhabituel. En effet le véritable culte de la déesse Durga, tel que stipulé dans les textes sacrés hindous, tombe normalement durant le mois de Chaitra (mars – avril) et est appelé Vasanti Durga Puja.
Cette cérémonie du printemps n’est que peu observée et on lui préfère celle de septembre-octobre connue en tant que Sharadiya Durga Puja (Durga Puja d’automne).
Pourquoi Navaratri en automne ? L’explication se trouve là aussi dans la mythologie hindoue : on dit que le dieu Rama pria Mère Durga pendant la saison d’automne pour acquérir ses bénédictions juste avant la bataille contre Ravana. Il débuta ainsi la tradition de Navaratri en octobre-novembre
Le festival se termine dans la soirée de Dashami par la cérémonie de « Boron » (bienvenue), une sorte d’adieu à Durga tout en la priant de bien vouloir revenir l’année prochaine.
Les femmes mariées parées de saris rouges étincelants viennent, précédées des tambours dhaak et des conques, dire adieu à la déesse tout en la priant de revenir l’année prochaine.
Elles éclairent le visage de la déesse avec une lampe à huile, appliquent une poudre vermillon sur son front, la nourrissent de sucreries et purifient son visage avec des feuilles de bétel.
Les derniers adieux faits, les femmes jouent au sindur khela : elles s’appliquent du « kumkum » (poudre vermillon) sur le front et les joues. C’est une marque de solidarité qui lie les femmes mariées entre elles et a également un rôle d’intégration pour les jeunes mariées.
Vient maintenant le moment de Visarjan où la déité est emmenée en procession et immergée dans une rivière ou un point d’eau qui sont, ce soir-là, considérés comme les eaux sacrées du Gange.
Au rythme soutenu des percussions, les fidèles accompagnent la procession en dansant avec des dhunachi, des lampes en terre éclairées par de la bourre de coco.
La foule crie alors : « Bolo Durga mai-ki jai ! »(gloire à Mère Durga !) ou encore « Asche Bochor abar hobe ! » (cela recommencera l’année prochaine !)… Et la statue de Durga, déesse dans toute sa splendeur il y a seulement quelques heures de cela, se dissout humblement dans l’eau… Un beau symbole du cycle de la vie, la poussière redevient poussière.
A noter : avec les nouvelles lois anti-pollution en Inde, les idoles ne sont maintenant plus laissées dans le cours d’eau flottant au grès du courant, mais immergées quelques minutes seulement et retirées immédiatement de l’eau. Ces nouvelles procédures enlèvent un peu au charme de l’événement, mais sont cependant indispensables dans un pays où la plupart des rivières sont extrêmement polluées.
Les préparatifs du festival commencent longtemps à l’avance. Dans les mois qui précèdent la Durga Puja, des idoles en argile de la déesse sont créées et des « pandals », des temples éphémères, sont construits pour accueillir les idoles.
Ces pandals sont principalement financés par les locaux ou via le sponsoring d’entreprises.
La création des statues est un long processus qui demande des qualifications techniques et artistiques très spécifiques.
Plus de 500 artisans appelés « pal » œuvrent avec ferveur pour créer des dizaines de milliers de statues chaque année. Ils occupent le quartier nord de Kolkata connu sous le nom de « Kumortuli ».
Tout d’abord, une structure de base en bambou est construite pour le corps des idoles ainsi que pour la plate-forme sur laquelle la statue se dresse. Traditionnellement, ce processus commence le jour du Rath Yatra (en juillet) par un rituel nommé « Puja Kathamo » ; Kathamo étant le nom bengali pour la structure de bambou. Pour des raisons commerciales (exportations notamment) ce processus commence parfois beaucoup plus tôt.
La silhouette de Durga est ensuite modelée avec de la paille attachée avec des cordes de jute. Une première couche d’argile est appliquée sur le corps de paille de la déesse pour combler les interstices laissés par la paille. Dans un deuxième temps, des couches très fines d’argile sont appliquées avec soin ; elles donneront la forme finale à l’idole. Les couches d’argile ne dépassent pas 5 cm.
Les statues d’argile de la déesse Durga doivent être prêtes avant Devi Paksha ; les yeux sont alors peints sur l’idole lors de Mahalaya au cours d’un rituel appelé « Chakshu Daan ».
La tête de la déesse Durga demande une habilité et un savoir-faire d’excellence. Elle est donc généralement effectuée par les Pals les plus qualifiés.
L’argile des statues est collectée dans la rivière Ganga. Une coutume surprenante veut que 5 à 10 grammes de terre, la punya mati, soit collectée devant la porte d’une travailleuse du sexe.
On pense que quand un homme entre dans la maison d’une prostituée, il laisse derrière lui sa pureté et sa vertu et entre dans le monde du péché charnel. Le sol, qui, lui, a conservé la vertu et la pureté est donc collecté pour sculpter l’idole de Durga. Cette tradition se retrouve dans le Ramayana, l’épopée hindoue ; le seigneur Rama aurait lui-même utilisé la terre d’une maison d’une prostituée nommée Ambalika pour créer une idole de Durga.
Les milliers de pandals ou temples éphémères qui sont construits dans la ville de Kolkata demandent aussi un effort de longue haleine
Ils suivent un plan bien précis et sont constitués de perches de bambou, de planches de bois et de tissus. La tendance actuelle est de faire appel à des artistes renommés pour le design du pandal.
Ces temples deviennent alors de véritables œuvres d’art et l’on comprend alors l’engouement des visiteurs prêts à faire la file pendant un temps interminable pour admirer ces créations.
J aadoooore la culture les chants les habitants les enfants j arrivent de l Inde et je suis remplie de souvenirs merveilleux
Namaskaram ! oui l’Inde laisse toujours des souvenirs impérissables !