La Kumbh Mela, littéralement traduit par la « fête de la jarre sacrée », est le plus grand pèlerinage au monde rassemblant jusqu’à 100 millions de personnes sur les rives des fleuves sacrés de quatre villes saintes. Selon la croyance, il ouvre la porte à la Moksha (libération) et l’élévation spirituelle. Un événement surprenant et spectaculaire qui, croyant ou non, ne laisse aucun visiteur indiffèrent.
Ce pèlerinage phénoménal est organisé tous les 12 ans, à tour de rôle, dans quatre villes saintes de l’Inde sur les rives de rivières sacrées : Allahabad (confluence du Gange, de la Yamuna et de la mythique rivière Saraswati), Haridwar (le Gange), Ujjain (la Shipra) et Nashik (la Godavari).
Pour faire simple, cela veut dire que chacune de ces quatre villes reçoit la Kumbh Mela environ tous les 3 ans. Mais, comme cet événement est décidé selon des méthodes astrologiques, il se peut que la Kumbh Mela ait lieu dans deux des quatre villes la même année ou plus tôt que prévu.
Pour compliquer un peu la donne, Allahabad accueille aussi l’Ardh Kumbh Mela tous les 6 ans et la Magh Mela tous les ans au mois Janvier. Le point culminant de ce pèlerinage est la Maha Kumbh Mela (la grande Kumbh Mela) qui se tient dans cette ville tous les 144 ans, après 12 Kumbh Mela…. Oui, on s’y perd… Mieux vaut consulter la page officielle de la Kumbh Mela pour les dates !
La Kumbh Mela est basée sur le mythe hindou du barattage de la mer de lait.
Dans des temps très anciens, les Dévas et les Asuras (les dieux et les démons) qui étaient alors tous des êtres mortels firent une alliance provisoire de façon à travailler ensemble à l’élaboration de l’Amrita, le nectar de l’immortalité, à partir de la « Ksheera Sagara », la mer primordiale de lait.
Après mille ans d’effort, le barattage produisit alors un certain nombre de substances et créa des êtres merveilleux tels que Dhanvantari, dieu de la médecine, futur roi de Kashi et parfois considéré comme un avatar mineur du dieu Vishnou. Il tenait dans ses mains une jarre dorée (lla kumbh) remplie d’Amrita, le fameux nectar d’immortalité.
Dès qu’ils aperçurent la jarre, les démons s’en emparèrent et s’enfuirent au loin pourchassés par les dieux. Durant douze jours et douze nuits divines, l’équivalent de douze années humaines, les dieux et les démons combattirent dans le ciel pour la possession du nectar sacré.
Pour en finir avec cette guerre, le dieu Vishnou prit la forme de Mohini, une enchanteresse et, tandis que les Asura étaient subjugués par sa beauté, il s’empara de la jarre et la remit aux Dévas.
Ces derniers, maintenant devenus immortels, ne pouvaient plus être vaincus et ils précipitèrent les Asuras aux enfers.
Cependant, lors de la dernière bataille, des gouttes d’Amrita tombèrent en quatre endroits précis : Allahabad, Haridwar, Ujjain et Nashik, qui devinrent les villes sacrées de la Kumbha Mela.
Des pèlerins du monde entier assistent à la Kumbh Mela et viennent faire leurs ablutions rituelles tous les jours.
Cependant, l’événement le plus important de ce grand pèlerinage est l’immersion dans le fleuve au moment où ses eaux se transforment en Amrita, c’est-à-dire les jours dits de « Shahi Snan » fixés par l’astrologie.
Les hindous pensent que se baigner à ce moment-là les nettoiera, ainsi que leurs ascendants sur 88 générations, de toutes leurs mauvaises actions passées (Karma).
Les jours de Shahi Snan, les sadhus (renonçants) conduisent un cortège royal (shahi) qui atteint son apogée avec l’immersion dans la rivière (snan).
Les Naga Baba (les sadhus nus) sont les premiers à entrer dans l’eau, vêtus seulement d’une guirlande de fleurs. Lorsqu’ils ont terminé leurs ablutions, ils recouvrent à nouveau leur corps de cendre.
Après que les différents ordres de sadhus se soient baignés, les pèlerins « ordinaires » peuvent enfin accéder au fleuve.
Hormis l’immersion dans le fleuve, le pèlerinage de la Kumbh Mela permet aux croyants hindous de recevoir la bénédiction et les conseils de personnalités religieuses ainsi que l’initiation de milliers de sadhus novices qui entament leur vie d’ascètes.