Kotay, à seulement une heure au nord de Bhuj (Gujarat) comprend les vestiges d’un temple dédié à Surya, le dieu soleil hindou, datant du 9e siècle EC. Connu également sous le nom de Ra Lakha, le sanctuaire, bien que poli par les vents chauds des plaines désertiques de Kutch, garde encore de beaux atouts.
Le temple de Kotay se trouve tout au bout d’un chemin cabossé, perdu au milieu de nulle part. Nous nous y rendons avec un guide local, car le site n’est pas indiqué sur la route. C’est un lieu encore peu connu.
Les rares photos de ce temple que j’avais trouvées par hasard sur le web m’avaient mis l’eau à la bouche et je m’étais promise de ne pas manquer ce site lors de ma prochaine visite dans la région de Kutch. C’est maintenant chose faite, et je n’ai pas été déçue en voyant cette petite merveille en personne.
Nous passons un portail et marchons vers le site sous le soleil implacable du mois de mars. Il n’y a pas âme qui vive aux environs, ni gardien.
Le temple construit en grès jaune et rouge, est posé sur une plateforme faisant face à l’ouest. Également connu sous le nom de Ra Lakha, cet édifice a été attribué à Lakha Phulani, petit-fils du roi du Sindh (Pakistan actuel), Jam Lakho Dhuraro. Il aurait été construit au 9e siècle de notre ère.
À l’entrée, le mukha mandapa (pavillon à quatre piliers) est absent, seules les bases des piliers restant nous indique son emplacement.
Je m’avance vers le sabha mandapa (le hall du sanctuaire) dont la porte est soigneusement sculptée. Le linteau est ornementé des Navagrahas, les neuf planètes de la cosmologie hindoue supposées influencer les destinées humaines.
L’astrologie védique indienne est basée sur neuf grahas (planètes), collectivement appelés navagrahas, nava signifiant neuf. Ils comprennent le soleil (Surya), la lune (Chandra), Mars (Mangala), Mercure (Boudha), Jupiter (Brihaspati), Vénus (Shukra), Saturne (Shani), Rahu (nœud nord de la lune) et Ketu (nœud sud de la lune).
Le sabha mandapa est soutenu par des piliers carrés composés de plusieurs arrêtes. Les chapiteaux sont sculptés de yakshas, des esprits de la nature, gardiens des temples, censés aussi apporter prospérité et richesse.
Le linteau de la porte du sanctuaire comporte une belle frise sculptée de deux rangées de divinités. Les jambages sont tout aussi richement ornementés.
Le garbhagriha (saint des saints) contient une plaque très abîmée flanquée d’une image de Surya que l’on distingue à peine.
Curieusement, une photo du dieu Shiva est posée au-dessus de cette stèle. Certains chercheurs pensent en effet que le temple de Kotay n’est pas dédié à Surya, mais à Shiva. L’argument le plus probant est que l’entrée du temple est disposée à l’ouest et non à l’est comme c’est le cas de tous les temples du soleil en Inde, Konark (Odisha), Modhera (Gujarat) pour ne citer qu’eux. Les textes védiques énoncent que Surya vient de l’est pour éclairer et illuminer la pensée.
Kotay peut être également une version syncrétique de Shiva-Surya, Surya étant souvent identifié à Shiva. L’Aditya Hridayam, un hymne récité par le grand sage Agastya du Ramayana déclare qu’il n’y a aucune différence entre Surya et Shiva.
À l’extérieur, le temple présente un toit incliné divisé en quatre sections de hauteurs légèrement différentes, la partie supérieure de la flèche du temple est manquante.
La facade nord du temple est la mieux conservée. Elle est ornée de plusieurs personnages, déités hindoues, nymphes asparas et animaux mythologiques comme les yalis, censés protéger et garder les temples. Les yalis ont généralement le corps stylisé d’un lion et la tête d’une autre bête, le plus souvent d’un éléphant (gaja vyala), d’un cheval (ashva vyala), d’un humain (nir vyala) ou d’un chien (shvana vyala).
À l’arrière du temple, au centre, on peut apercevoir la statue de Surya représentée avec des fleurs de lotus ouvertes dans ses deux mains levées, les deux autres bras reposent sur la tête de ses assistants, Pingala et Dandi, respectivement le défenseur de la justice et celui qui enregistre les bonnes et mauvaises actions.
La façade sud est très érodée. Sa fenêtre est cependant intéressante avec un jali (écran de pierre ajouré) surmonté une statue de Surya en position assise et de motifs décoratifs dentelés. Les jalis dans l’architecture de l’Inde ont été conçus pour permettre une ventilation diffuse et pour imprégner l’intérieur des temples d’une atmosphère feutrée qui encourage la dévotion et la concentration.
En écrivant cette page, je vois à quel point ces divinités védiques me passionnent et ce sera donc sûrement le sujet de mon prochain article. À suivre sur MAGIK INDIA !
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