Mandvi est une charmante ville côtière à une soixantaine de kilomètres de Bhuj, la capitale de la région de Kutch, Gujarat. C’est en général la dernière étape du voyage dans cette région sauvage. On vient y faire une pause relaxante sur sa plage de sable blanc avec de repartir vers Ahmedabad. Mandvi fut au 18e siècle un port florissant avec une flotte de plusieurs centaines de navires faisant commerce avec l’Afrique de l’Est, le Malabar (le Kerala actuel) et le golfe Persique. De ce passé de port marchand, Mandvi a gardé des chantiers navals spécialisés dans les bateaux traditionnels en bois qui s’exportent principalement dans les pays arabes.
Si la ville a été nommée d’après le sage Mandavya de l’épopée du Mahabharata, qui aurait vécu ici, sa création, elle, remonte à 1580 sous le règne de Khengarji I, un Rajpoute Jadeja* de Morbi, Rao (roi) de la région de Kutch. Après lui se succéderont à Kutch dix-huit rois de cette même dynastie jusqu’à ce que l’Inde devienne une république en 1948. Les descendants des maharajas n’ont maintenant plus de droits régaliens, mais conservent tout de même leur titre et de nombreux privilèges parmi eux, de belles demeures ancestrales et une certaine révérence de la part de la population locale.
*Tout comme les rois en Europe étaient légitimés par la volonté de Dieu et par filiation, les rajpoutes Jadejas se disent descendants du seigneur Krishna, un des dieux les plus vénérés du Panthéon hindou.
À Mandvi, la dynastie des Jadejas a laissé derrière elle le palais de Vijaya Vilas (voir ci-dessous) et des vestiges de ce qui fut les épais remparts qui entouraient la ville entière.
Je suis arrivée à Mandvi en fin de journée après un agréable voyage dans la région pittoresque de Kutch. Mon hôtel donnant sur la plage de Mandvi, j’ai pu directement assister au coucher de soleil sur la mer avec, en ombres chinoises, les Indiens venus en famille ou en amoureux ainsi que les chevaux et chameaux qui mènent les touristes en balade. Quelle belle entrée en matière !
La baignade à Mandvi, c’est drapeau vert ! La plage est propre et la mer calme. Alors, n’hésitez pas !
Si votre budget le permet, je vous conseille de séjourner à l’hôtel Serena Beach resort, c’est le plus chic de Mandvi avec des cottages joliment décorés façon tente du désert, une piscine, des buffets abondants et une grande plage privée de sable fin. Le resort offre aussi des massages ayurvédiques ce qui ne gâche rien.
Si vous avez un budget serré, alors l’hôtel HV Beach Resorts, toujours en bord de plage, est très correct.
L’autre centre d’intérêt de Mandvi est son palais Vijaya Vilas construit de 1920 à 1929 par Maharao Shri Khengarji III, dans un écrin de nature, non loin de la plage.
L’édifice en grès est d’inspiration Rajpoute avec de beaux jalis (panneaux ajourés), des fenêtres art déco et quelques touches artistiques venant du Bengale. Le mélange de style architectural donne au palais une élégance particulière si bien que beaucoup de films Bollywood ont choisi cet endroit comme toile de fond. Il n’est pas rare non plus d’y croiser des jeunes ou futurs mariés qui viennent prendre la pose dans ce cadre royal.
Deux pièces sont ouvertes au public seulement, le salon, décoré dans des tons bordeaux et crème, et la salle à manger pourvue d’une longue table en bois. Le reste de l’édifice est privé et réservé à la famille royale de Kutch.
Le palais était autrefois utilisé qu’en tant que résidence secondaire par la famille royale de Kutch, mais après le tremblement de terre de 2001 au Gujarat, le Prag Mahal et l’Aina Mahal de Bhuj ayant été lourdement endommagés, ils ont emménagé dans le palais Vijaya Vilas. Cela dit, le couple royal réside aussi à Mumbai et à Londres.
Auparavant, le palais avait aménagé des tentes climatisées sur sa plage privée, mais aux dernières nouvelles (en 2018), ce camp a été fermé. À suivre…
Non loin du palais, sur les rives de la rivière Rukmavati, on trouve une des grandes spécificités de la ville de Mandvi : les constructions navales. Les chantiers sont ouverts au public et c’est donc en toute liberté que vous pourrez déambuler tout autour des bateaux pour observer les artisans qui assemblent entièrement à la main des navires en bois appelés ‘dhow’ en langue locale.
À part quelques outils modernes comme la perceuse ou la scieuse, la technique de construction de ces vaisseaux n’a quasiment pas changée depuis 400 ans. Les troncs de bois de sal et/ou de gommier rouge, connus pour être solides et résistants, sont découpés en longues planches qui sont ensuite rabotées puis soigneusement ajustées à la main autour de la charpente du bateau.
Les navires, d’une capacité allant jusqu’à 2 000 tonnes, sont principalement destinés à l’international pour des pays de l’Afrique de l’Est (Kenya) et de la péninsule d’Arabie (Oman et Yémen).
De construction récente (1982), ce temple jaïn ’72 Jinalaya’ encore appelé ‘Bauter Jinalaya’ vaut tout de même le détour. Comme tous les temples de la foi jaïne, il est richement sculpté dans le marbre blanc avec 72 petits temples répartis autour du saint des saints abritant Mahavir, le 24e Tirthankar (saint jaïn). Le complexe est réparti sur 32 hectares et le blanc immaculé de l’édifice produit un effet lumineux et reposant.