On ne dirait pas comme cela, mais le fort de Roha était, au 16e siècle de notre ère, un des plus puissants de Kutch (Gujarat). Située sur une colline du même nom, à 50 km de Bhuj, la forteresse est une destination hors du temps qui, bien qu’envahie d’herbes folles, ravira les voyageurs qui, comme moi, aiment les vieilles pierres et les sites chargés d’histoire.
L’histoire du fort remonte à 1550 EC quand le Rao de Kutch, Khengarji Jadeja I, établit la ville de Roha dans la province de Nakhatrana à une cinquantaine de kilomètres de Bhuj et la donna à son frère Sahebji. Son successeur Jiyaji y construisit deux énormes réservoirs qui dit-on étaient remplis d’or et d’argent. Roha était alors considérée comme une des provinces des plus opulentes de Kutch. Il y avait, à cette époque, 52 villages sous la gouvernance du seigneur de Roha. Le Thakur Noganji, est crédité de l’achèvement de ce fort au 18e siècle.
La colline où sied le fort est à 250 m d’altitude. On y accède en grimpant une centaine de marches qui débutent au pied d’un petit temple dédié à Mataji.
L’entrée du fort est marquée par une arche qui donne directement sur l’édifice le mieux sauvegardé du fort : un temple dédié à Radha-Krishna, encore en activité. Ce dernier semble plus récent que le fort ou peut-être a-t-il bénéficié de plus d’attention au cours du temps.
Le temple, finement décoré, est construit dans un style palatial rajpoute avec deux coupoles, des jalis (panneaux en pierre) et une véranda servant de mandapa entourée d’arches flanquées de nymphes apsaras.
Le sanctuaire renferme deux statues, celle du dieu hindou Krishna en schiste noir et celle de sa bien-aimée Radha, en marbre blanc.
Alors que nous croyons être seuls dans ce fort fantôme, une voix joyeuse scande au loin quelques mantras dédiés à Durga. C’est le pandit du fort (il n’a pas voulu être photographié) qui s’occupe des différents temples en activité de la forteresse. Après avoir fait le tour de chaque temple, il part dans tous les recoins du fort, un sac de grains à la main, pour nourrir les paons, les derniers habitants du lieu.
Il semble que l’oiseau occupait déjà le fort du temps de sa gloire. Le célèbre poète Gujarati, Sursinhji Takhtasinhji Gohi (1874 –1900), de son nom de plume « Kalapi » (« paon » justement), avait décrit dans ses poèmes l’atmosphère paisible de Roha avec ses nombreux paons et sa nature sauvage.
Kalapi était le seigneur de l’État de Lathi au Gujarat. Le poète a écrit environ 250 poèmes. Il est également l’auteur de nombreux écrits en prose.
Passé le temple, le reste de la visite se compose de murs en ruine percés de fenêtres et de balcons à encorbellement, qui tiennent debout tant bien que mal.
Jadis, les palais du roi et de la reine étaient reliés par un long passage entièrement recouvert de jalis en bois, ce qui permettait aux personnes de la cour d’avoir une vue dégagée sur l’extérieur sans être vues.
La légende raconte que ce fort était à son apogée après que le petit-fils du frère de Rao Khengarji I ait fait un rêve dans lequel la déesse Devi lui demandait de sortir son idole d’un des puits du fort et de construire un temple en son honneur. Peut-être est-ce ce petit sanctuaire sur lequel on tombe lors de notre visite du fort ? (photo ci-dessous).
Le temps, les rivalités entre seigneurs, le Raj britannique et le tremblement de terre de 2001 ont eu raison de ce lieu qui, d’après ses vestiges, devait être un joyau architectural. Il n’en demeure pas moins que le fort de Roha est un endroit enrichissant qui nous plonge dans l’histoire de la région de Kutch.
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Superb! thanks
Thanks Daniel 😉