Ramgarh, le trésor oublié du Shekhawati

Si vous suivez ce blog depuis un moment, vous devez savoir que le Shekhawati est une de mes régions favorites au Rajasthan. C’est une destination étonnamment peu visitée malgré son exceptionnelle richesse culturelle. Parmi toutes les villes du Shekhawati, Ramgarh a tout particulièrement retenu mon attention. Créée à la fin du 18e siècle par la fameuse famille Poddar, elle fut au 19e siècle, une des villes les plus riches de l’Inde. Cette prospérité se reflète dans la variété de ses monuments : demeures palatiales par centaine, cénotaphes aux fresques élaborées, puits kua et temples à foison.

Ramgarh
Un des havelis de Ramgarh

La légende raconte que Ramgarh doit son existence à la reine du royaume de Sikar qui souhaitait avoir la ville la plus prospère du Shekhawati. En réponse à ses demandes incessantes, le Maharaja de Sikar appela les riches marchands de Churu, les Poddars Seths, et leur demanda de s’installer avec sept familles.

Les marchands acceptèrent sous condition qu’ils se verraient accorder la région qu’ils auraient choisie, qu’ils ne paieraient aucun impôt et qu’ils dirigeraient la ville eux-mêmes, sans siéger au-dessous du roi. Le roi acquiesça et ainsi naquit « Ramgarh Sethan » (le Ramgarh des Seths), autre nom donné à la ville.

Ramgarh
Un immense havelis sur la « podar street »

La réalité est que Ramgarh a été créée suite à la rébellion des marchands de Churu contre une taxation excessive des denrées par le Thakur local. Les Poddars, en signe de contestation, migrèrent dans une autre partie du Shekhawati et appelèrent leur nouvelle ville « Ramgarh Sethan » pour la différencier des nombreuses autres Ramgarh en Inde.

Ramgarh fut alors le bastion de l’opulence et de la prospérité et, tout comme Nawalgarh, elle fut connue comme la ville la plus riche de l’Inde de cette époque.

Les seths firent construire d’immenses havelis (manoirs), plus de 200 au total, d’innombrables temples, des puits kuas, des Dharamsalas et des caravansérails pour les voyageurs.

Ramgarh
Les fresques avec des trains sont communes dans tout le Shekhawati

Outre son activité commerciale, Ramgarh était aussi connue comme une ville d’art et de culture. Son centre d’apprentissage du Sanscrit et des Védas (textes sacrés) lui valurent le titre de « dooshra Varanasi », la deuxième Varanasi, en référence à la capitale spirituelle de l’Inde.


Les chattris de Ramgarh


Ramgarh
Le complexe de cénotaphes de Ram Gopal Poddar

Ramgarh est tout spécialement connue pour ses « chattris » ou cénotaphes, monuments édifiés à la mémoire des défunts. Ce sont des structures en forme de pavillon ou de kiosque carré coiffées de dômes, typiques de l’architecture rajpoute.

Ramgarh
Un des chhatris du complexe

Les plus visités sont le complexe de « Ram Gopal Poddar » construit à la fin des années 1800. Il comprend un total de six structures, dont quatre chhatris, chacun doté d’un temple shivaïte. Le complexe est, comme son nom l’indique, dédié aux ancêtres de la famille Poddar.

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Les fresques d’un des cénotaphes illustrant la danse « Raas Lila » de Krishna

Les structures présentent des peintures murales colorées illustrant diverses scènes de la vie du seigneur Krishna dont la « Raas Lila », la danse extatique de Krishna et des gopis. L’entrée de ces chhatris n’est pas publique et il faut demander la clé au gardien (prêtre du complexe).

Un des édifices du complexe

Les visiteurs s’en tiennent souvent à ce complexe sans se douter que 5 minutes à pied plus loin se trouve le plus remarquable cénotaphe de Ramgarh et je dirais même, de tout le Shekhawati.

Ramgarh
Le chhatri Seth Gopal Gopal, à 5 minutes du complexe

Il est vrai que l’extérieur de l’édifice du « Seth Gopal Chhatri » est bien abîmé et n’incite pas à la visite. Il faut, de plus, demander – là aussi – la clé au gardien pour pouvoir le visiter.

Ramgarh
La coupole du cénotaphe de Seth Gopal ornée d’une splendide fresque

Mais une fois dans le monument, wow ! Les fresques du cénotaphe, dont la couleur principale est le bleu turquoise, sont tout simplement à couper le souffle et on pourrait passer des heures à contempler ce chef-d’œuvre.

Ramgarh
La fresque représentant des épisodes du Ramayana

Elles dépeignent le Ramayana, la fameuse épopée indienne, dans son entier, si bien que le cénotaphe est aussi connu sous le nom de « Ramayana Chhatri ». On peut y observer aussi des épisodes de la vie du seigneur Krishna comme dans toutes les peintures du Shekhawati.

Ramgarh
Détail des peintures, le couronnement de Rama

Le bonus de ce chhatri est son temple dédié à Shiva, situé en dessous de l’édifice. L’ambiance sombre du sanctuaire est atténuée par les couleurs vives des fresques peintes dans les tons indigo sur les arches.

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Le temple dédié à Shiva en dessus du cénotaphe
Ramgarh
Autre détail du temple

Le temple de Shani & autres


L’entrée du temple de Shani

S’il ne fallait visiter qu’un seul monument à Ramgarh, ce serait sans nul doute le temple de Khemka Shani ! Construit au milieu du 19e siècle par l’opulente famille de marchands Khemka, ce temple est une malle au trésor remplie de milliers de miroirs scintillants et de fresques subtiles…

EN SAVOIR + SUR LE TEMPLE DE SHANI DE RAMGARH

Le temple de Ganga

Pour les autres temples, je retiendrais celui de Ganga construit par les Poddars en 1845 (ouvert lors cérémonies d’aratis seulement, le matin et le soir) et surtout celui de Lal Kua Balaji, situé non loin de la « Poddar street ».

Le temple Lal Kua Balaji avec son puits attenant

Dédié à Hanuman, le dieu-singe, ce temple est doté d’un magnifique « Kua«  (puits) surplombé de quatre tours de style perse, typique de la région du Shekhawati.

Les anciennes fresques du temple Lal Kua Balaji décrivant une des batailles du Ramayana

L’intérieur révèle d’anciennes fresques relatant l’épopée du Ramayana presque effacées par le temps. Le pujari du temple est par ailleurs très avenant, ce qui ne gâte rien.

Le prêtre du temple et la statue d’Hanuman en arrière-plan

Les Havelis de Ramgarh


Un des havelis de Ramgarh en face du temple d’Hanuman

Les demeures palatiales de Ramgarh se concentrent sur la « Poddar street » et la « Ruia street ». Beaucoup d’entre elles sont en très mauvais état.

Détails d’un haveli avec le couple Dhola Maru sur un dromadaire

L’haveli de Dalsukhrai Jaydayal Poddar est une de celles qui sortent du lot. Construite en 1880 par les Poddars, elle a la particularité d’avoir sur sa façade Est, un rhinocéros peint qui, cela dit, ressemble plutôt à un gros chien noir. L’animal pourrait presque passer inaperçu s’il n’était pas affublé d’une sorte de hublot à l’arrière du corps dont je n’ai pas trouvé l’explication.

À gauche : le dieu Vishnou porté par son aigle Varuna | À droite: l’énigmatique rhinocéros au hublot

On y retrouve aussi les motifs récurrents des fresques du Shekhawati : les cavaliers, les amoureux de la légende de Dhola Maru et surtout les trains, fascination absolue de l’époque.

Les havelis de la « podar street »
Detail d’un haveli avec la peinture d’un train, thème récurrent dans tout le Shekhawati

Les « kuas »


Le kua du temple de Lal Balaji

Les kuas, sont dans le language local, les puits du Shekhawati. Entourés de deux ou quatre tours de style minaret, ils ont une architecture unique en Inde. Encore une autre bonne raison pour visiter cette région !

EN SAVOIR + SUR LES KUAS DU SHEKHAWATI

Détails des tours de type perse surplombant les puits du Shekhawati

J’espère que ce post vous aura convaincu.e.s de ne pas passer à côté la beauté de Ramgarh et, plus généralement du Shekhawati, lors de votre prochain voyage au Rajasthan. Contactez-nous pour une visite guidée de la région, c’est une de nos spécialités !

Dinesh Sharma, natif de Nawalgarh, est l’un des meilleurs guides culturels officiels de la région du Shekhawati et le co-directeur de l’agence MATHINI TRAVEL. Riche d’une expérience de plus de 10 ans dans le secteur du tourisme, il n’y a aucun recoin du Shekhawati qui lui échappe. Il aura a coeur de vous faire partager sa passion pour cette région unique en Inde.

Whatsapp: +91 9509122902



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