Lohargal, situé à 30 km de Nawalgarh, est un des hauts lieux de pèlerinage de la région du Shekhawati (Rajasthan). Niché au cœur des monts Aravallis, entre banyans et manguiers centenaires, le village abrite un temple dédié à Surya et un bassin sacré qui attire une foule considérable de pèlerins ; la légende raconte, en effet, que les Pandavas du Mahabharata sont venus s’y baigner pour expier leurs péchés.
La route qui nous mène à Lohargal traverse les paysages ondulants des monts Aravallis. Les derniers kilomètres sont ponctués de plusieurs temples plus ou moins récents comme celui dédié à Parshuram (le sixième avatar du dieu Vishnou) qui, selon la croyance populaire, serait resté de longues années à Lohargal pour y méditer.
A quelques enjambées de ce temple, le « Chetan Das Ka Baori », un des plus grands puits à degrés du Rajasthan s’étale sur 40 mètres de longueur. Composé de sept étages et de 108 marches, il aurait été construit par le Thakur local, à la demande d’un saint homme du nom de Chetan Das, il y a 500 ans de cela. L’architecture est remarquable, mais l’endroit mal entretenu.
En arrivant aux portes du village, plusieurs demeures aux fresques délicates, bien que coincées entre deux commerces, nous rappellent que Lohargal devait être, à une certaine époque, aussi florissant que Nawalgarh ou les autres villes phares du Shekhawati.
Les derniers mètres vers le temple de Surya se font à pied à travers les venelles du village bordé de magasins de souvenirs et surtout de vendeurs « d’achaar », les condiments indiens. Car, oui, c’est la spécialité culinaire ici. La plantation principale de Lohargal étant le manguier (ils se comptent par milliers tout autour) l’achaar de mangue verte est le condiment le plus réputé.
Après une courte montée, nous arrivons au bassin sacré. Lors de cérémonies particulières, il est bondé de pèlerins. C’est le cas du mois de Shravan (août) ou lors de Kartik Amavasya (novembre) qui marque le début de la saison des mariages. C’est là aussi que les fidèles viennent rendre hommage à leurs défunts quand ils ne peuvent pas se permettre d’aller jusqu’à Varanasi ou Haridwar.
Pour comprendre pourquoi cet endroit est si populaire, il faut se pencher sur un épisode de l’épopée du Mahabharata. Après la sanglante bataille de Kurukshetra, lors de laquelle les Pandavas durent tuer leurs demi-frères (Kauravas), ils furent rongés par le remords. Sur les conseils du Seigneur Krishna, ils entreprirent de visiter tous les lieux de pèlerinage qui pourraient absoudre leurs péchés. Lors de leurs pérégrinations, ils tombèrent sur le Surya Kund. Quand les Pandavas plongèrent dans le bassin sacré pour y faire leurs ablutions, leurs armes furent dissoutes automatiquement dans l’eau, leur signifiant ainsi qu’ils avaient été pardonnés. Dès lors, le lieu fut nommé « Lohargal » dont le sens littéral est « l’endroit où le fer fond ».
En souvenir de cette histoire, un temple dédié aux Pandavas se trouve juste avant le Kund. Des statues grandeur nature représentent les cinq frères et leur épouse commune Draupadi. Le seigneur Krishna est placé au milieu. Les fidèles hindous ont coutume de leur offrir des saris et des châles.
Le temple du soleil de Lohargal est situé aux pieds des monts Aravallis. Il surplombe le bassin sacré. Bien qu’il ait été repeint à de nombreuses reprises (orange lors de ma dernière visite) et qu’il soit flanqué d’affiches peu esthétiques des différents « gourous » du lieu, on discerne sur sa partie gauche des morceaux de fresques, preuve qu’il a été construit comme un petit haveli.
Avant d’entrer dans le sanctuaire principal, nous découvrons, dans l’arrière-cour, d’autres temples ; un dédié au dieu-singe Hanuman et l’autre à Ganga Mata. Entre les deux, se love un petit bassin qui alimente le Surya Kund. Pendant la mousson, une immense cascade tombe de la falaise jusque dans ce point d’eau.
Selon la légende, le temple du Soleil à Lohargal a été construit par le roi Suryabhan après que le handicap de sa fille ait miraculeusement été guéri en la baignant dans l’eau sacrée du kund.
Nous finissons la visite par le saint des saints, le temple dédié à Surya accompagné de ses deux épouses Chaya (l’ombre) et Suvarchala (la luminosité). Certains textes lui ajoutent une troisième épouse, Samjana (la compréhension).
Chaque année, au lendemain du festival de Rakhi et jusqu’à Amavasya (la nouvelle lune), une parikrama (circumambulation) de 24 kos* (environ 70-73 km) est effectuée pendant sept jours dans les monts Aravalli autour de Lohargal. Le pèlerinage commence par un « Snan », un bain dans l’eau bénite du Surya Kund de Logargal, il se termine de la même façon.
*Le « kos » est une ancienne unité de distance indienne. Elle représente une distance d’environ 3 kilomètres.
Les différentes étapes entre ces deux bains sacrés sont : Gyan Bawdi, le temple Shiv Gora Golyana, Chirana, Kirodi, la vallée de Delsar, le village de Kot, le temple Shakambhari Mata, le Nag Kund, le temple Tapkeshwar Mahadev, Shobhavati, Bara-Tibara, la vallée de Neemdi, Raghunathgarh, Rampura, Khori Kund, Rampura et Golyana.
La parikrama est menée par le palanquin de Malkhetu ji* porté par les pujaris de Lohargal. Des milliers de pèlerins emboîtent le pas accompagnés de chants de dévotion.
*Malkhetu baba était un saint homme considéré comme une incarnation du Seigneur Vishnou.
Le parcours du pèlerinage de Lohargal est ardu, car il demande de grimper plusieurs monts. Comme il n’y a pas ou peu d’aménagements prévus sur le chemin, les fidèles doivent transporter leur propre nourriture pour une semaine et la préparer sur place. Ils dorment à même le sol et se douchent au broc ou dans des ruisseaux.
Je me suis promise d’effectuer ce pèlerinage un jour. J’adore cette atmosphère d’allégresse et ce sentiment de « vivre l’instant » que procurent les pèlerinages… À suivre donc !
Comme je le mentionne dans le paragraphe précédent, Baba Malkhetu ji est un personnage important à Lohargal. Son temple, perché sur une colline située à une centaine de mètres du Surya Kund, est un site incontournable.
Pour l’atteindre, vous devrez grimper 400 marches pavées. Le chemin est boisé et la vue sur les monts environnants et Lohargal est superbe. C’est aussi l’occasion de papoter avec les autres pèlerins tout au long du chemin.
Le temple Malkhetu abrite des idoles de Naag Devta, le dieu serpent et celle de Baba Malkhetu ji. Assurez-vous que le temple est ouvert avant de faire la montée !
Si vous êtes en forme et avez de temps, planifiez une journée à Lohargal et partez pour une randonnée jusqu’au temple de Barkhandi Baba posé sur le plus haut sommet de Lohargal. Cet endroit tient son nom d’un ermite qui a passé toute sa vie en méditation sur ce mont. Aujourd’hui encore, un saddhou y vit reclus.
Le chemin jusqu’au temple est difficile et serpente à travers les rochers et la végétation rase. La vue est à couper le souffle. Prévoir le trek après la mousson (septembre) pour éviter les averses, tout en profitant des paysages luxuriants.
Lohargal est une des perles du Shekhawati. Nous vous invitons à venir découvrir les autres trésors de cette région accompagné d’un guide culturel. À bientôt !
Dinesh Sharma, natif de Nawalgarh, est l’un des meilleurs guides culturels officiels de la région du Shekhawati et le co-directeur de l’agence MATHINI TRAVEL. Riche d’une expérience de plus de 10 ans dans le secteur du tourisme, il n’y a aucun recoin du Shekhawati qui lui échappe. Il aura a coeur de vous faire partager sa passion pour cette région unique en Inde.
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Superbe reportage sur Lohargal. Nous y sommes allés il y aun an et ça reste un merveilleux souvenir bien que nous n’ayons pas vu tout ce dont vous parlez.
Merci Sabine ! Le Shekhawati se déguste sans fin/faim 😉 ! Il faudra y revenir ! A bientôt pour le nord-est de l’Inde ! Bien cordialement, Mathini