Les grottes d’Undavalli situées à 10 km de Vijayawada (Andhra Pradesh) sont un des meilleurs exemples de l’art rupestre en Inde qui a fleuri du 322 avant notre ère jusqu’au 15e siècle EC sur tout le sous-continent indien. Habitées tout d’abord par des moines bouddhistes et jaïns, les grottes d’Undavalli s’enrichiront par la suite, sous le règne des souverains Vishnukundin, de délicates images hindoues.
L’architecture rupestre* de l’Inde, la plus développée au monde (plus de 1500 sites), a fait son apparition aux environs de 322–185 avant notre ère avec les grottes de Barabar dans l’état du Bihar suivies, sans être exhaustive, de Udayagiri & Khandagiri dans l’Odisha, de Pavleni, d’Ajanta et d’Ellora dans le Maharasthra, de Badami au Karnataka et de Mahabalipuram dans le Tamil Nadu. Les temples-grottes jaïnes de Gwalior (Madhya Pradesh) et les grottes d’Ankai (Maharashtra) marqueront la dernière phase de cet art, du 7 au 15e siècle EC.
*structure taillée dans la roche
On pense que les grottes d’Undavalli ont été construites à partir du 4e siècle EC, elles servaient alors de Vihara, c’est-à-dire de monastère bouddhiste. Suite au déclin du bouddhisme en Inde amorcé dès le 6e siècle EC, les lieux furent investis par des moines jaïns.
Sous l’influence des souverains Vishnukundin (5e-7e siècle EC) qui firent d’Amaravathi puis de Vijayawada leur capitale, l’hindouisme connut un renouveau dans la région. Des idoles du panthéon hindou s’installèrent alors dans les grottes d’Undavalli.
Les grottes d’Undavalli ont été creusées sur trois niveaux dans la paroi rocheuse d’une colline surplombant la rivière Krishna.
Le premier niveau comprend une salle à piliers simples qu’on pense être le vihara avec des cellules taillées grossièrement dans la roche.
Le deuxième niveau affiche déjà plus de sophistication, il est principalement dédié au dieu Vishnou accompagné de plusieurs représentations de la « Trimurti », la Trinité hindoue : Brahma, Vishnou et Shiva.
Dans la même salle, dans une alcôve, se tient une superbe sculpture de Ganesha, le dieu à tête d’éléphant, en position de « rajalilasana » (la pose assise royale) ; une image imposante et tranquille à la fois.
Lors de ma visite, des fleurs venaient d’être fraîchement déposées sur chaque statue, ajoutant au charme et à la beauté du lieu.
Le troisième niveau est le plus spectaculaire : dans une chambre étroite, on découvre avec bonheur une statue de 5 mètres de long de Vishnou Anantashayana taillée dans un seul bloc. Le dieu protecteur de l’univers est ici représenté sous sa forme de « Padmanabha »*, allongé sur le serpent mythique Sheesha.
*Padmanabha signifie littéralement « celui qui a un lotus qui sort de son nombril ». Les anciennes écritures racontent qu’à l’aube de la création, le Seigneur Vishnou dormait sur l’océan primordial d’Ekarnav. Un lotus émergea du nombril du dieu, dans lequel le Seigneur Brahma, le créateur de notre univers, est né.
La beauté sereine du visage de Vishnou est frappante tout comme celle des deux ascètes assis au pied du dieu, complètement immergés dans la Bhakti (dévotion). Contrastant avec cette béatitude, deux guerriers armés d’un sabre et d’une massue se tiennent debout à l’entrée de la chambre : peut-être des gardiens ou des avatars de Vishnou.
Toujours sur ce troisième niveau, en sortant sur la terrasse, on trouve ce qui semble être des Rishis, des saints hommes, assis, en train de méditer. L’un d’entre eux jouant du luth est flanqué de deux lions. L’identité de ces personnages, s’il y en a une, est inconnue jusqu’à présent.
Le tout dernier étage était supposé abriter trois temples, mais il n’a jamais été achevé.
Finissons cet article avec une légende : la croyance populaire veut que, dans cette grotte, il y ait un passage souterrain de 9 kilomètres menant jusqu’à la montagne sacrée de Mangalgiri. Les habitants des environs pensent que les entrées ont été fermées et cachées par les autorités pour éviter les accidents.