Brahma, le dieu créateur de l’univers, dit un jour : « j’ai dû, à maintes reprises, créer le monde, mais Varanasi est d’une toute autre nature, elle a été créée par Shiva en personne ». Située sur la rive gauche du Gange, Varanasi (anciennement Bénarès) est l’une des sept villes les plus sacrées de l’Inde (Sapta Puri) et elle est aussi considérée comme la capitale spirituelle de l’Inde. La cité du seigneur Shiva n’est pas une ville que l’on visite, c’est une ville que l’on ressent…
La légende tirée des textes sacrés hindous raconte que Shiva créa une cité qu’il plaça sur son trident. Il déclara que cette cité serait dédiée à l’ascèse et que les fidèles devraient s’y rendre pour bénéficier de son aura spirituelle. Une boucle d’oreille tomba de l’oreille de Shiva là où se trouve l’actuel Manikarnika ghat. Shiva apparut en ce lieu et consacra un Jyotir-lingam. Il déclara que ce lingam était une partie de lui-même. Il fit descendre la cité du haut de son trident et la plaça sur les bords du Gange. Ainsi naquît Varanasi.
Varanasi est un pôle culturel et artistique majeur en Inde notamment en ce qui concerne la musique classique hindoustanie. Quant à son influence spirituelle, elle remonte à des temps ancestraux : elle est depuis toujours un centre d’apprentissage brahmanique (formation des prêtres hindous) mais aussi un haut lieu de pèlerinage bouddhiste ; le Bouddha donna son premier sermon à Sarnath, à quelques kilomètres de Varanasi.
On pense que le nombre de temples à Varanasi s’élèverait à plus de 20 000 ; elle abrite notamment l’un des 12 Jyotir-lingams ou ‘lingams de lumière’ (voir plus bas). Cependant, une grande partie de la ville a été pillée et détruite par les troupes de Mohammed Ghauri au 12e siècle (sultanat de Delhi). Les temples actuels de la ville sont pour la plupart relativement récents (18e siècle).
Sans conteste le plus beau festival de Varanasi. Dev Diwali « le Diwali des dieux » tombe le jour de la pleine lune, 15 jours après Diwali. À cette occasion, les ghats de Varanasi se parent de milliers de diyas (lampes à huile) en l’honneur de Ganga, la déesse du fleuve. La légende raconte que ce jour-là, les dieux descendent sur terre pour prendre un bain dans le Gange…
LIRE LA SUITE +Le festival ‘Nag Nathaiya’ est une cérémonie spirituelle qui célèbre la victoire du seigneur Krishna sur le serpent Kaliya. Il a lieu au Tulsi ghat pendant le mois d’octobre. Une branche de l’arbre Kadamba est plantée au bord du Gange et le jeune garçon jouant le rôle de Krishna saute de la branche d’arbre dans la rivière où une effigie du serpent Kaliya l’attend. Krishna monte alors sur la tête du serpent et, propulsés par des assistants, Kaliya et Krishna défilent dans le Gange devant des milliers de spectateurs.
La Dhrupad Mela est un festival musical de cinq jours consacré au style de musique classique « dhrupad » organisé au Tulsi ghat. Au cours de ces journées, des artistes de renom de toute l’Inde viennent se produire. Cet événement est très populaire auprès des amateurs de musique classique indienne.
Ramlila Ramnagar est une représentation théâtrale sur la vie du dieu Rama qui, selon la grande épopée du Ramayana, commence à sa tendre enfance et se termine avec sa bataille de 10 jours avec le roi-démon Ravana. Ram Leela est une ancienne tradition religieuse et culturelle qui dure 10 nuits successives. Une grande foire se tient également pendant cette période. Le festival a lieu à Ramnagar situé sur les rives du Gange (voir plus bas).
Ce que je préfère à Varanasi ? Déambuler dans les « galis », les venelles de la vieille ville aux façades colorées… J’aime m’y perdre… Puis, m’imprégner de l’atmosphère des ghats, particulièrement de nuit, il y règne une ambiance très particulière.
On compte 88 ghats à Varanasi, du Assi Ghat au Shri Panch Agni Akhara Ghat. La plupart sont ghats d’ablutions et de rituels hindous, les autres sont des ghats privés ou de crémation (voir plus bas). Ils furent construits dans leur grande majorité au 18e siècle alors que la ville faisait partie de l’Empire Marathe.
Une promenade en bateau sur le Gange, le long des ghats, aux premiers rayons du soleil, est une des attractions les plus populaires de Varanasi. Pour les photographes, c’est le moment idéal pour capturer la beauté mystique de la ville.
On compte deux ghats de crémation à Varanasi, Manikarnika et Harishchandra. Manikarnika est le plus connu.
La crémation est un rite de passage pour les hindous et Varanasi est considérée comme le lieu le plus sacré en Inde pour se faire incinérer. Selon la croyance, celui qui meurt à Kashi, un autre nom de la ville, obtient Moksha, la libération du cycle des réincarnations. Ici, la vie côtoie la mort en toute simplicité, comme une normalité. C’est aussi ça Varanasi, une leçon de vie.
Chaque année environ 30 000 corps sont incinérés dans cette ville. Cette pratique est devenue controversée pour la pollution qu’elle cause au fleuve. Plusieurs actions sont maintenant en cours pour lutter contre les sources de pollution le long des Ghats de Varanasi. Il faudra cependant encore attendre un certain temps pour que Varanasi devienne propre, ces pratiques et habitudes millénaires ne peuvent changer en un seul clic.
Le temple au dôme d’or est le cœur de Varanasi. Il est dédié à Shiva représenté par un lingam connu sous le nom de Vishwanatha qui signifie « maître de l’univers ». Ce lingam n’est pas ordinaire, c’est un des douze ‘Jyotir-lingam’ ou « lingam de lumière”.
Le 13 December 2021, un couloir de plus de 400 de long et de 50 000 m2 reliant directement le temple d’or aux ghats Manikarnika et Lalita a été inauguré. Ce réaménagement à créé un espace convivial pour les piétons autour du temple. Avant cela, il n’y avait pas d’accès direct depuis le Gange et les fidèles devaient emprunter des ruelles étroites et encombrées pour atteindre le temple. Ce réaménagement a aussi vu la rénovation de plusieurs bâtiments patrimoniaux et la construction d’un musée et d’un centre culturel.
À l’intérieur du sanctuaire, comme dans tous les hauts lieux sacrés en Inde, vous n’aurez le darshan (vision) du lingam que pendant quelques secondes, et ce, en jouant des coudes ; mais que cela ne vous décourage pas, l’aura mystique de l’endroit en vaut vraiment la peine.
À noter : si vous êtes étranger, vous devrez vous présenter aux policiers près du temple ; ils noteront les détails de votre passeport dans leur registre et vos motivations ; vous devrez aussi payer 600 INR par pers. vous pourrez ensuite pénétrer dans le saint des saints.
Annapurna est la déesse suprême de la ville de Varanasi. Anna signifie « nourriture » en sanscrit et Purna « complet ou plein ». Elle symbolise le bonheur et la prospérité. Le temple est situé dans la même rue que celui de Vishwanath. Il est d’ailleurs de coutume de visiter le temple d’Annapurna juste après celui du jyotir lingam.
L’arati au Gange est un rituel qui honore le fleuve le plus sacré de l’Inde. Il a lieu tous les soirs au coucher du soleil au Dashashwanedh ghat et est exécuté d’une façon très chorégraphiée par des prêtres brahmins, au son des mantras et bhajans (chants de dévotions). C’est à mon avis plus un spectacle qu’un rituel authentique, mais on ne peut faire l’impasse sur une des attractions principales de la ville.
L’arati est un rituel hindou que j’aime appeler « offrande de lumière ». Des mèches imbibées de ghi (beurre clarifié) ou du camphre sont allumés et offerts à la déité. L’arti est généralement exécuté deux à cinq fois par jour, le matin et le soir.
Ce superbe temple de style népalais, situé sur le Lalitha ghat, est une curiosité à Varanasi. Il a été bâti il y a 170 ans par le roi du Népal Rana Bahadur Shah en exil en Inde et se veut une réplique du fameux temple de Pashupatinath de Kathmandou. Il abrite un Shiva lingam du même nom.
On admirera la richesse de ses façades finement travaillées dans le bois et, à l’arrière du temple, quelques scènes érotiques… À ce titre, certains l’on surnommé « le petit Khajuraho« .
En vous baladant sur le Scindia ghat, vous remarquerez un temple partiellement submergé. Il est dédié au Seigneur Shiva ; on pense qu’il temple s’est peu à peu enfoncé dû à son poids excessif.
En continuant plus au nord, près du Ganga Mahal ghat, on tombe sur le temple Sankahtha Mata, dédié à la « déesse des remèdes ». On dit qu’elle apporte la prospérité et maintient une bonne énergie dans le corps.
La cour intérieure du temple avec son arbre banyan centenaire dont les racines s’entremêlent autour de plusieurs petits temples vaut en soi le détour.
En sortant des ghats et toujours plus au nord, dans un dédale de ruelles du quartier de Visheshar Ganj, on trouve le temple de Kalbhairav, une incarnation du seigneur Shiva, sous sa forme féroce. L’idole, dont on ne voir que le visage en argent, porte une guirlande de crânes et on dit que même la mort a peur de cette divinité.
La croyance populaire veut que l’on demande l’autorisation de Kaal Bhairav avant de rester ou de sortir de la ville.
Bharat Mata est situé dans le campus Mahatma Gandhi Kashi Vidyapeeth, non loin du temple de Vishwanath. Il abrite une carte en relief de l’Inde sculptée dans le marbre représentant la déesse ‘Bharat Mata’ qui personnifie l’Inde. Le temple, cadeau du philanthrope Shiv Prasad Gupta, a été inauguré par le Mahatma Gandhi en 1936 comme plateforme cosmopolite pour les personnes de toutes les religions, castes et races.
À cinq minutes de l’Assi Ghat, les voyageurs ne manqueront pas de visiter le « monkey temple », un sanctuaire hindou du 18e siècle, tout de rouge vêtu, dédié à la déesse hindoue Durga. Il est aussi appelé « temple aux singes » en raison justement de la présence de nombreux singes.
La tradition populaire raconte que la statue de Durga qui y réside n’a pas été créée de main d’homme, mais est apparue d’elle-même. Lors de Navaratri, une des plus grandes fêtes religieuses hindoues, des millions de pèlerins viennent s’y recueillir.
Sankat Mochan Hanuman est l’un des temples hindous les plus sacrés de Varanasi. Il est situé près du Durga Monkey Temple et abrite l’idole du dieu-singe Hanuman. Sankat Mochan signifie en hindi « celui qui efface les problèmes ».
La structure actuelle a été construite au début des années 1900 par Pandit Madan Mohan Malviya, le fondateur de l’Université hindoue de Bénarès.
La légende veut cependant que le temple ait été fondé par Tulsidas qui est l’auteur de la Ramacharitamanasa, une version en Awadhi (dialecte de l’Uttar Pradesh) de l’épopée du Ramayana, écrite à l’origine en sanscrit par Valmiki.
Ce temple a été construit en 1964 par la famille d’industriels Birla à l’endroit où aurait été écrit le Ramcharitmanas, une retranscription en dialecte hindi de l’épopée du Ramayana, par le poète-saint Goswami Tulsidas (16e siècle). Ce temple imposant en marbre blanc est dédié au dieu Rama et contient quelques vers du Ramcharitmanas.
Le nouveau temple Vishwanath est situé dans l’université hindoue de Bénarès (BHU). Il est aussi appelé le temple Birla, du nom de la célèbre famille d’industriels indiens qui l’ont fait construire. Consacré à Shiva, le temple se veut une réplique celui de la vieille ville, cependant, côté atmosphère, rien à voir avec le « vrai » Vishwanath.
Nous sortons de Varanasi pour nous rendre à Sarnath, un des plus hauts lieux du bouddhisme. C’est l’endroit où le Bouddha aurait délivré son premier sermon. On dit que le célèbre mantra Buddham Sharanam Gachhami trouve son origine à Sarnath.
La veille de sa mort, le Bouddha mentionna à ses disciples que Sarnath était, avec Lumbini, Bodh Gaya et Kushinagar, les quatre lieux les plus sacrés pour les bouddhistes.
Les édifices bouddhistes les plus importants à Sarnath sont le Stupa Dhamekha construit en l’an 500 avant J.-C. (où Bouddha aurait prononcé son premier sermon après avoir atteint l’illumination) et le Stupa Chaukhandi.
On trouve aussi tout autour plusieurs monastères de différentes écoles bouddhistes entre autres japonaises, chinoises, thaïlandaises et birmanes. L’organisation bouddhiste indienne ‘Mahabodhi Society’ a construit un temple entouré d’un immense parc où une relique d’une dent du Bouddha serait conservée.
LIRE AUSSI : DANS LES PAS DU BOUDDHA EN INDECe fort qui, il faut le dire, n’est pas en très bon état de conservation est la maison ancestrale du Maharaja de Bénarès, Balwant Singh. Il fit construire ce château-fort au 18e siècle dans le style architectural moghol. Il abrite un musée présentant la collection Royale et aussi plusieurs temples hindous.
Ramnagar s’anime pendant le festival Ram Lila qui dure un mois où différents épisodes du Ramayana sont représentés (voir en début de page).
Merci de toutes ces explications. N’oubliez pas de corriger le Temple d’or. L’accès est maintenant payant pour les touristes, un guichet se trouve sur la main road. La tenue vestimentaire est devenue plus stricte dernièrement. Le corridor qui relie le temple et le ghat de crémation est devenu la nouvelle attraction.
Bonjour Patrick, merci de votre message. Oui en effet, j’ai oublié de faire la mise à jour suite à la construction du corridor. Je vais le faire de ce pas ! Namaskaram ! Mathini
Il y a toutes sortes d’images mais pas Shiva avec son trident?
C’est rajouté ! Merci de votre attention. Jai Mahadev !
Super Exposé comme à chaque fois !
Merci Mehdi 🙂