À Haridwar, vous franchissez une porte invisible : celle du sacré. Cette cité, située dans l’état de l’Uttarakhand, (Inde du nord), est l’une des sept plus vénérées de l’Inde, connues sous le nom de ‘Sapta Puri’. Les fidèles hindous y affluent par million chaque année afin de rendre un dernier hommage à leurs ancêtres ou pour venir faire un voeux aux trois Déesses-Mères trônant sur leur piton rocheux. Haridwar est aussi célèbre pour être l’une quatre villes indiennes qui accueillent l’incroyable Kumbh Mela, le plus grand rassemblement spirituel au monde.
Haridwar signifie littéralement « porte de dieu ». On dit que dans les temps védiques (l’Inde antique), les trois grands dieux de la trimurti (trinité hindoue) à savoir Brahma, Vishnou et Shiva ont visité la cité.
Haridwar est surtout la porte d’entrée du Gange qui, après avoir parcouru plus de 250 kilomètres à partir de sa source dans le glacier de Gangotri, entre dans la plaine indo-gangétique pour la première fois à Haridwar.
Haridwar donne aussi l’accès au pèlerinage des ‘Char Dham de l’Himalaya’, les quatre lieux sacrés hindous de l’Uttarakand : Gangotri, Yamunotri, Kedarnath et Badrinath. Traditionnellement, les fidèles hindous visitent tout d’abord Haridwar avant de procéder au pèlerinage des ‘Chota Char Dham’.
En référence à ce pèlerinage, les shivaïtes (adeptes du dieu Shiva) appellent Haridwar, ‘Har Dwar’, c’est à dire : porte du seigneur Shiva qui réside dans le temple de Kedarnath, tandis que les vishnouïtes (adeptes du dieu Vishnou) l’appellent ‘Hari Dwar’, porte du seigneur Vishnou qui réside dans le temple de Badrinath.
Selon la mythologie hindoue, Haridwar est l’un des quatre sites avec Ujjain, Nasik et Allahabad où une goutte d’Amrita, l’élixir d’immortalité, est tombée accidentellement après le barattage de l’océan par le dieu Vishnou (Manthan Samudra). Ceci se manifeste tous les douze ans par un festival religieux absolument grandiose, la Kumbh Mela, réunissant des millions de pèlerins.
LIRE LA SUITE +Autour d’Haridwar, se tiennent trois temples dédiés à la Shakti (l’aspect féminin du divin) : Mansa Devi, Chandi Devi et Maya Devi (voir ci-dessous). Selon l’hindouisme, ces trois lieux sont appelés ‘Siddha Peeth’, c’est à dire des endroits où les fidèles croient que leurs voeux seront exaucés.
Pour un pèlerinage complet, les dévots se rendant à Haridwar se doivent de visiter les « Panch Tirth », les cinq lieux les plus sacrés d’Haridwar, à savoir le ghat d’Har-Ki-Pauri, les temples de Mansa Devi et Chandi Devi, la ville de Khankal et Kushwart (les Ghats de Kankhal).
Haridwar compte plusieurs ghats* de baignade et d’ablutions mais les pèlerins se concentrent tout particulièrement autour du ghat Har-Ki-Pauri qui signifie « empreintes de pied du seigneur Vishnou ». Les empreintes de pied du dieu Vishnou se trouveraient gravées dans une pierre au Brahma Kund. Une baignade dans ce lieu est donc considérée comme hautement sacrée. * Les ghats sont les marches menant au fleuve.
Depuis des temps immémoraux, Haridwar (tout comme Bénarès) est connu pour être un lieu important dans la conduite des rituels funéraires (shradh). Dans les védas (textes sacrés hindous), il est inscrit que lorsque un être humain meurt, son corps mortel se transforme en poussière mais que l’âme, cependant, reste et erre jusqu’à ce qu’elle trouve un autre corps mortel dans lequel résider. Le salut de l’âme ne peut être assuré que si ces rituels sacrés sont accomplis par les membres de la famille du défunt.
Chaque matin (au lever du soleil) et le soir (au coucher du soleil), une cérémonie d’offrande de flamme (aarti) se tient au ghat de Har-Ki-Pauri. On remercie et prie Mère Ganga ; pour les hindous le Gange n’est pas un fleuve ordinaire, il est considéré comme une Mère Divine.
Au sommet de la colline Bilwa Parvat, qui surplombe Haridwar, se tient le temple de Mansa Devi dédié à la déesse-serpent Manasa, un des avatars de la déesse Durga.
L’ascension de la colline se fait soit à pied (préférable), soit via un téléphérique (beaucoup d’attente).
Mansa qui signifie « souhait, voeux » en Hindi est un « Siddha Peeth », un lieu où les fidèles sincères voient leurs voeux se réaliser. Pour concrétiser leur voeux, les fidèles nouent des fils bénis autour des branches d’un arbre sacré qui se trouve dans l’enceinte du temple.
Le temple de Chandi Devi est perché au sommet de la colline Neel Parvat à six kilomètres d’Haridwar. C’est un haut lieu de pèlerinage, il est l’un des cinq endroits saints à visiter à Haridwar.
L’ascension de la colline se fait soit à pied (3 km), soit via un téléphérique. La vue sur la vallée du Gange est splendide.
Tout comme le temple Mansa Devi, c’est un Siddha Peetha ; les voeux des fidèles sont soufflés à l’oreille d’un lion, véhicule divin de la déesse.
Situé deux kilomètres d’Haridwar, ce temple du 11e siècle est dédié à la déesse hindoue Maya.
Ce temple est donc non seulement un ‘Siddha Peeth’ tout comme les temples de Mansa Devi et Chandi Devi mais aussi une ‘Shakti Peeth’. La légende veut que le coeur et le nombril de la déesse Sati soient tombés à l’endroit même où se trouve le temple aujourd’hui.
EN SAVOIR + SUR LES SHAKTI PEETHKankhal est un petit village à 3 km de Haridwar. C’est l’un des cinq lieux de pèlerinages de Haridwar.
Kankhal est considéré comme la capitale d’été du seigneur Shiva et ici se trouve son temple Daksha Mahadev. Selon la légende, c’est à cet endroit que Sati, la parèdre de Shiva se serait immolée dans un feu sacrificiel. De là découlent les Shakti Peeth.
L’autre intérêt de Kankhal est l’Ashram de Sri Anandamayi Ma, considérée comme l’incarnation de la Mère Divine par les hindous. C’est là qu’elle répose. Le calme et la sérénité du lieu reflètent la vie de bonté de cette sainte femme.