Char Dham signifie littéralement « les quatre demeures ». Il désigne les quatre lieux de pèlerinage les plus vénérés par les hindous à savoir : Rameshwaram, Puri, Badrinath et Dwarka. Au cours du temps, un autre Char Dham a émergé dans l’état de l’Uttarakhand, au nord de l’Inde, connu sous le nom de « Chota Char Dham » (les quatre petites demeures) ou « Char Dham de l’Himalaya ». Ces quatre lieux sont Yamunotri, Gangotri, Kedarnath et Badrinath.
La plupart des pèlerins commencent leur pèlerinage « Chota Char Dham » à Haridwar, la porte d’entrée du Gange dans la plaine gangétique. D’autres partent de Rishikesh, ou de Dehradun, la capitale de l’Uttarakhand. De là, la tradition est de visiter les quatre lieux dans cet ordre : Yamunotri, Gangotri, Kedarnath et Badrinath.
Les quatre destinations de pèlerinage ne sont accessibles que pendant six mois de l’année (de mai à octobre). Je vous conseille fortement d’éviter la saison des pluies (de juillet à août) en raison des possibilités d’éboulement sur la route. Le meilleur moment pour s’y rendre est donc de mai à juin ou de septembre à octobre.
Le pèlerinage de Kedarnath nécessite une autorisation et un bilan médical (voir plus bas). Essayez de planifier votre voyage à l’avance pour éviter les files d’attente.
Si vous voyagez seul(e), je vous suggère de prendre un guide ou de rejoindre un groupe pendant les randonnées. La montagne, on ne le dira jamais assez, est imprévisible.
Les treks de Yamunotri et Kedarnath ne poseront aucun problème particulier pour les sportifs ; pour les autres, il est bon de se mettre en condition physique avant d’entreprendre ces pèlerinages.
Si vous avez du temps, des bus sont disponibles jusqu’aux quatre destinations. La meilleure option, cependant, est de louer une voiture avec chauffeur ou de partager une voiture. Cela vous permettra de vous arrêter quand vous le voulez et de visiter différents lieux d’intérêt en chemin.
Situé à une altitude de 3 293 mètres, Yamunotri, le premier « Dham », est la source de la Yamuna, l’une des sept rivières sacrées de l’Inde avec le Gange, la Sarasvati, l’Indus, la Godavari, la Narmada et la Kaveri.
Pour l’atteindre, il nous faut marcher 14 km aller-retour à pied. Pour ceux qui ne entreprendre cette randonnée, des poneys et des porteurs sont disponibles à Janki Chatti où commence le yatra.
Le temple de Yamuna, posé sur la rive gauche de la rivière sacrée, a été construit par le Maharaja Pratap Shah de Tehri Garhwal. Il abrite une idole, taillée dans le marbre noir, représentant la rivière Yamuna. La Yamuna, tout comme les autres rivières sacrées de l’Inde, est personnifiée et considérée comme une Mère Divine par les hindous.
Près du temple, des sources d’eau chaude jaillissent des cavités de la montagne. Les pèlerins (les hommes et femmes ont des bains différents) peuvent profiter de ces eaux relaxantes.
L’une de ces sources chaude est nommée « Surya Kund ». Traditionnellement, des pommes de terre et du riz, enveloppés dans un linge, sont plongés dans cette eau bouillante. En quelques minutes seulement, la nourriture est cuite et emportée par les pèlerins en tant que « prasad » ou nourriture sanctifiée.
Uttarkashi, est l’un des arrêts les plus intéressants sur le chemin qui mène à Gangotri, principalement en raison de son ancien temple Kashi Vishwanath.
Uttarkashi, signifie « Kashi du Nord ». Selon une légende hindoue, cette ville a été créée par le seigneur Shiva lui-même le long des rives du Gange. Elle est liée au temple de Kashi Vishwanath de Varanasi dans l’Uttar Pradesh ; on dit que ce sanctuaire sera le seul Kashi Vishwanath restant (Bhavisya Kashi Vishwanath) lorsque Varanasi sera submergée par les eaux dans la deuxième partie de l’ère du Kali Yuga.
Le temple Kashi Vishwanath est dédié au dieu Shiva représenté par un Shivalingam de 60 cm de hauteur. Il a été construit sur un ancien autel, en 1857 EC, par la reine Khaneti Devi, selon l’architecture traditionnelle des temples de l’Himalaya.
On raconte que le sage Rishi Markandeya avait tant de dévotion envers le seigneur Shiva que ce dernier le protégea contre Yama, le dieu de la mort, qui était venu prendre la vie du sage à l’endroit même où le temple est érigé.
En face du temple de Vishwanath, on trouve le sanctuaire de Durga ou Shakti (la force féminine). La déesse guerrière est représentée ici sous la forme d’un « trishul » ou trident géant (6 mètres de hauteur), qui serait vieux de plus de 1500 ans ; à cet égard, il est considéré comme l’une des plus anciennes reliques de l’Uttarakhand.
Ce trishul a une caractéristique particulière : il ne bouge que lorsque vous le poussez d’un seul doigt.
La ville de Gangotri est située à plus de 3 000 mètres d’altitude, proche de la source du Gange. Il n’y a pas besoin de trek pour atteindre cette cité sacrée, par contre un trek sera nécessaire pour voir le Gange (ou plutôt la Bhagirathi) sortir du glacier de Gaumukh (voir détails ci-dessous).
A noter : le Gange est appelé Bhagirathi à sa source et prend ensuite le nom de Ganga (Gange) à Devprayag où la Bhagirathi rencontre la rivière Alaknanda (voir plus bas).
Tout au bout de la ville de Gangotri, sur la rive gauche de la Bhagirathi, se tient le temple du même nom construit par le général Gorkha Amar Singh Thapa, au 18e siècle ; il est dédié à la déesse-fleuve Ganga.
Le soir, pour rendre hommage au Gange, une cérémonie des flammes (arati) est effectuée sur les rives de la rivière puis dans le temple de gangotri. Un spectacle spirituel à ne pas manquer.
Les logements à Gangotri sont plutôt sommaires, chauffage manquant et eau chaude rare. Si vous souhaitez plus de confort, moyennant un budget plus important, je vous conseille de vous arrêter à l’hôtel « Prakriti The Retreat », à quelques kilomètres de Gangotri.
Il y a plusieurs superbes randonnées à partir de Gangotri. Une autorisation est cependant exigée. Vous pouvez l’obtenir à Uttarkashi ou directement à Gangotri.
La zone étant sensible au niveau écologique, le gouvernement de l’Inde a mis en place un système de quota ne permettant qu’un petit nombre de personnes par jour dans le parc national.
Le glacier Gaumukh (la source du Gange) est le plus connu des treks et offre une vue imprenable sur le mont Shivling et la chaîne Bhagirathi. Il se trouve à 4 255 m d’altitude et est atteint après une randonnée (niveau facile) de 18 km à partir de Gangotri.
Selon la mythologie hindoue, c’est ici que la déesse-fleuve Ganga est descendue lorsque le Seigneur Shiva l’a libérée de ses cheveux…
Pour les randonneurs chevronnés, vous pouvez continuer jusqu’à Tapovan, perché à une altitude de 4 463. Après avoir traversé plusieurs prairies, vous arriverez au pied du fameux pic Shivling où plusieurs sadhus vivent dans des grottes pendant la saison estivale.
CONTACTEZ-MOI POUR LE TREK DE TAPOVANÀ 10 km de Sonprayag (départ du pèlerinage de Kedarnath) siège l’ancien temple hindou de Triyuginarayan dédié au dieu Vishnou. On dit qu’il a été construit par Adi Shankaracharya, un saint homme du 8e siècle.
Ce sanctuaire est hautement sacré pour les hindous car, selon la légende, c’est l’endroit où le mariage céleste du seigneur Shiva et de la déesse Parvati eut lieu. Et depuis ce jour, un feu perpétuel est entretenu devant le temple principal. On dit que la flamme ne s’est jamais éteinte depuis l’union divine. Les pèlerins qui visitent ce temple considèrent donc que les cendres du feu sont sacrées et il est de coutume de ramener un peu de cet « or gris » chez soi.
Le temple de Kedarnath est situé à environ 3 583 m d’altitude près du Glacier Chorabari. Il abrite l’un des 12 Jyotir Lingams ou Lingams de lumière, symbole du seigneur Shiva. Le temple n’est pas directement accessible par la route. On l’atteint après un trek de 19 km. Pour ceux qui ne peuvent entreprendre ce trek, des poneys, des porteurs, et même des hélicoptères (oui, malheureusement) sont disponibles !
Selon la légende, les cinq frères Pandavas de l’épopée du Mahabaratha voulurent rencontrer le dieu Shiva pour lui demander l’absolution des meurtres commis lors de la guerre contre les Kauravas. Shiva décida de les tester et partit se cacher. Il arriva finalement à Kedarnath sous la forme d’un buffle. Bhima, un des frères Pandavas le reconnu ; le buffle-Shiva s’enfonça alors dans le sol, ne laissant apparaître que sa bosse à la surface. On dit que c’est cette bosse qui est vénérée dans le temple de Kedarnath en tant que Jyotir-Lingam.
Même si les stigmates du catastrophique glissement de terrain de 2013 sont encore visibles tout autour du temple, Kedarnath a conservé néanmoins ses vibrations mystiques. La ferveur spirituelle de l’arati du soir et le darshan du matin, lorsque le soleil se lève lentement derrière les montagnes, sont des moments magiques.
Il y a de nombreux logements à Kedarnath, plus ou moins de bonne qualité. À moins de faire l’aller-retour dans la même journée (36 km tout de même), vous n’avez guère le choix, une nuit s’impose dans ce lieu sacré… Et c’est tant mieux !
Après les dramatiques inondations de juin 2013, le gouvernement indien a restreint le nombre de pèlerins par jour.
Un permis biométrique est requis. Vous pouvez l’obtenir directement à Guptkashi ou en ligne : www.onlinechardhamyatra.com
Depuis peu de temps, vous devez également vous munir d’un certificat médical. Il peut être obtenu auprès des centres médicaux de Guptkashi et de Sonprayag. Au poste de Sonprayag, la police vérifira votre certificat médical et votre carte d’inscription.
La ville de Badrinath, le dernier « Dham » est située à une altitude de 3 000 mètres sur les rives de la rivière Alaknanda.
Selon les textes sacrés hindous du Bhagavata Purana, c’est là que le dieu Vishnou, dans son incarnation en tant que Narayana, a mené une grande pénitence pour le bien-être de tous les êtres vivants.
Le temple de Badrinath est l’attraction principale de la ville. La légende raconte que le sage Adi Shankara a découvert, dans la rivière Alaknanda, une figurine en pierre saligram (pierre noire sacrée) du dieu Badrinarayan (Vishnou). Elle fut d’abord placée dans une grotte puis, au 16e siècle, le roi du Garhwal la déplaça dans le temple actuel.
La statue de vishnou est considérée par beaucoup d’hindous comme l’une des huit « swayam vyakta kshetras » ou statues auto-manifestées de Vishnou.
Juste en contrebas du temple, se trouvent un groupe de sources d’eau chaude (Tapt Kund) considérées comme médicinales ; elles ont une température de 45° C toute l’année. De nombreux pèlerins s’y baignent avant de visiter le temple.
À ne surtout pas manquer : les bhajans enjoués du soir (chants de dévotion) dans le temple de Badrinath !
À 3 km de Badrinath, vous ne manquerez pas de visiter Mana, le dernier village avant la frontière entre l’Inde et le Tibet. On dit que c’est ici que la rivière Saraswati fait une brève apparition avant de couler de façon souterraine.
Les habitants du village sont des Bothias, un peuple d’origine tibéto-mongol. Les femmes, qui ne se font photographier qu’après un petit « tip », tricotent des vêtements et tissent des tapis en laine de mouton qu’elles vendent aux touristes. Vers le mois de novembre, en raison des conditions climatiques, les habitants quittent le village pour ne revenir qu’en avril.
Mana est également lié à la mythologie hindoue. On dit que les frères Pandavas de l’épopée du Mahabharata, traversèrent Mana lors de leur voyage de retour vers les cieux. Un pont naturel fait de roches, le « bhim pul », a été dressé par Bhim (un des frères Pandavas) au-dessus de la Saraswati.
Juste en haut du pont, un « naga sadhu » ou « sadhu nu » a établi son ermitage estival dans une grotte. Les sadhus (renonçants), en raison de leur mode de vie fait de nombreuses ascèses, sont très respectés en Inde et jouissent souvent du statut de saint.
Au-dessus du village, deux petites grottes sont aussi à visiter ; l’une s’appelle « Vyas Gufa » et l’on dit que le saint Maharshi Vyas y a composé le Mahabharata, une autre est dédié à Ganesha, le dieu à tête d’éléphant.
Mana est également le point de départ de nombreux treks comme celui menant à Satopanth (4 350 m), un lac sacré de forme triangulaire aux eaux couleur jade, près du massif de Chaukhamba (7 138 m). On dit que les dieux de la Trimurti (Brahma, Vishnou et Shiva) ont médité sur un des coins du lac…
CONTACTEZ-MOI POUR LE TREK DE SATOPANTHEn revenant vers Rishikesh, après avoir effectué le Yatra des Char Dham, un arrêt s’impose pour observer la confluence la plus sacrée de l’Inde : la Devprayag. Ici, les rivières Alaknanda et Bhagirathi se rejoignent ; de leur union naît Ganga ou le Gange, le fleuve le plus sacré de l’Inde.
On dit que le sage Devasharma a mené à ce même endroit une vie d’ascèse, donnant son nom à ce point de confluence.
Bonjour,
Combien de temps minimum faut-il prévoir pour ce pélérinage? Je suis une femme et je postpose à chaque fois mais avec voter site l’appel revient..
Merci
Bonjour Renata, merci de votre message. Il faut compter 10 jours minimum en voiture avec chauffeur privé. Il faut aussi éviter la période de la mousson (juillet-août). Donc partir début juin ou en septembre. bien cordialement, Mathini
J ai effectué ces chota char dham en 1974 à pieds à partir de Dehradun. j avais 21ans). Quelles magnificences de paysages et de rencontres dans la ferveur Hindou. Cela a changé on regard sur la vie et lui a donné un sens.
Et à ce moment là les indiens n avaient pas encore rencontré le plastique !!!
Oh super! Oui ce devait être bien différent à l’époque. Sûrement plus authentique. Ce fut une très belle expérience pour moi aussi, cependant je regrette que le surnombre de chevaux et l’hélicoptère qui a récemment fait son apparition. Pour moi, un pèlerinage se fait à pied, c’est un effort et c’est le but d’ailleurs. Merci d’avoir raconté votre expérience 🙂
merci pour ce merveilleux site internet je l’aime beaucoup
Merci Roger ! Au plaisir de vous croiser en Inde !
votre site est passionnant. Moi qui suis un amoureux de l’Inde ( neuf voyages), j’y ai retrouvé plein d’informations, d’éclairages, d’émotions. Textes, photos, vidéos, tout est de qualité. Bravo !
Merci Patrick ! Votre sympatique message m’encourage à continuer à faire découvrir l’Inde, mon pays d’adoption, ma passion… bien à vous, Mathini