Je visitais le Gujarat pour la deuxième fois. J’avais décidé, cette fois-ci, de « m’attaquer » à la région côtière de la péninsule du Saurashtra : Diu, Somnath et Dwarka. Je ne sais plus comment je me suis retrouvée à Pingleshwar, j’ai toujours pour habitude de voyager sans guide pour laisser de la spontanéité lors de mes voyages. Ce dont je me souviens par contre, c’est que ce fut une journée précieuse à la rencontre des habitants de la région.
Je reprenais la route après avoir grimpé la colline de Palitana, un des grands pèlerinages jaïns de l’Inde. Alors que ma voiture longeait la côte de la mer d’Oman, je fis une pause à Mahuva qui est connue pour son climat doux et ses paysages verdoyants dans une région plutôt aride. Elle est parfois surnommée le « Cachemire du Saurashtra » pour cette raison… Un « tantinet » exagéré.
Après la visite de plusieurs temples dans cette petite cité (voir mon article sur Mahuva), je continuai ma route à travers un chemin poussiéreux bordé de buissons épineux. Après deux ou trois kilomètres, l’horizon finit par s’ouvrir sur une vaste plage dorée terminée de roches volcaniques couleur ébène. Un contraste saisissant.
Nous garons la voiture près d’un petit temple décoré de céramiques colorées ; il est abrité par un imposant arbre banyan. Sous ce figuier, un ermite saddhou a posé ses valises, un bric-à-brac d’ustensiles de cuisine et d’ingrédients pour les poujas (rituels). Ses longs cheveux entremêlés semblent se confondre avec les racines aériennes de l’arbre. Son nom est Gokul Giri, il entretient avec bienveillance ce petit sanctuaire dédié à Shiva.
L’intérieur du temple, dont le gardien improbable est un chat blanc aux yeux verts perçants, est doté de deux Shiva-lingams en pierre posés côte à côte, avec une des yonis (base) enchâssée dans l’autre.
Mais ce n’est pas là le temple principal. Celui que viennent voir les dévots est le sanctuaire de « Pingleshwar Mahadev », posé sur une plateforme au milieu de la mer ; les visites se font au grè des marées. Alors que je m’apprête à m’y rendre, une famille gujaratie d’une vingtaine de membres s’avance vers moi, sûrement piquée par la curiosité : ce n’est pas tous les jours qu’une personne étrangère doit visiter ce lieu.
Après de brèves présentations, nous partons tous ensemble en direction du temple ; le chemin pavé recouvert d’algues est très glissant. Nous avançons prudemment jusqu’à la plateforme sur laquelle sont érigés deux lingams qui semblent très anciens.
Le temps d’un darshan et de quelques photos, nous voici de retour sur la terre ferme ; la famille m’invite cordialement à déjeuner avec eux. J’accepte sans me faire prier, j’aime à découvrir la gastronomie de chaque région de l’Inde. Je suis devenue une vraie foodie au fil des ans !
Les femmes sont déjà en train de s’activer dans la cuisine attenante au temple : curry de légumes, pain chapati et sucreries. Le tout cuit au feu de bois.
Pendant que les mets mijotent, j’accompagne quelques membres de la famille dans un autre lieu ; les femmes portent des plateaux d’offrandes composés de laddous, de noix de coco, de poudres de kumkum et de santal.
Le sentier broussailleux mène à une clairière au milieu de laquelle trône un minuscule sanctuaire. Il est également dédié au seigneur Shiva. Nous nous asseyons tranquillement tout autour de l’autel où des rituels prennent place. Une noix de coco est brisée pour commencer la pouja sont de bons auspices et plusieurs sucreries laddous sont déposées devant la lampe à huile. Sûrement, la famille fêtait-elle ce jour-là un événement particulier. Immergée dans l’instant présent, je n’ai pas pensé à leur poser la question.
Quand nous revenons sur nos pas, le repas est prêt et je suis conviée à la « table » familiale. Les mets servis avec générosité sont tout simplement succulents. L’incroyable hospitalité indienne n’est pas une légende et, malgré les années passées en Inde, cela m’impressionne encore. Pourrait-on, en France, inviter de parfaits inconnus à partager un repas avec nous ?
Le repas fini, il est temps de partir vers d’autres aventures, il est déjà 16 h. Nous échangeons nos numéros de portables et je prends congé de mes chaleureux hôtes.
Le temple de Pingleshwar est maintenant recouvert par la marée. Au loin, la famille me fait des signes d’adieu.
Bonjour
Très beau reportage comme d’habitude
Merci beaucoup
Cordialement
Merci beaucoup de vos nombreux messages Ady, à bientôt sur instagram 😉