Lovée autour de son lac sacré, Pushkar, la ville du Dieu Brahma possède cet enivrant parfum de spiritualité émanant des hauts lieux de pèlerinages. Chaque année en octobre, cette ville paisible s’anime lors de la ‘Pushkar fair’ qui rassemble des milliers de chameliers et de pèlerins.
Pushkar (lotus bleu en sanscrit) est l’une des plus anciennes villes de l’Inde. La légende veut que le dieu Brahma la fondât en personne. On dit qu’il tua le Démon Vajra Nabh à l’aide d’une fleur de lotus. Les pétales de cette fleur s’envolèrent vers la terre atterrissant dans trois endroits distincts d’où jaillirent trois lacs parmi lesquels celui de Pushkar.
Selon la tradition hindoue, Pushkar doit être visitée après les ‘Char Dham‘, les quatre lieux de pèlerinage les plus sacrés en Inde. C’est ainsi que les pèlerins obtiendraient la Mosksha (le salut).
Une fois par an, lors de Kartik Purnima, la pleine lune du mois lunaire hindou de Kartik (octobre – novembre), une fête religieuse a lieu en l’honneur du dieu Brahma. Des milliers de pèlerins viennent se baigner dans le lac sacré de Pushkar et divers rites sont également organisés dans le temple Jagatpita Brahma. Cette date marque aussi le début de la fameuse foire aux chameaux de Pushkar (Pushkar Camel fair ou Pushkar Mela).
Pushkar accueille chaque année au mois de novembre une foire aux chameaux unique, la plus grande de l’Inde. Des dizaines de milliers chameaux et autres bestiaux sont réunis dans le but d’être échangés ou vendus. C’est aussi l’occasion de nombreuses festivités exposant la richesse de la culture du Rajasthan…
LIRE LA SUITE +Le lac et ses 52 ghats (marches menant au lac) sont à vivre à toute heure de la journée. Cependant, le moment le plus favorable est le matin tôt, quand les pèlerins viennent faire leurs ablutions rituelles. À noter qu’on est tenu de respecter l’intimité des fidèles pendant leurs rituels et de ne pas prendre de photos de près ; des prêtres vous rappellent très vite à l’ordre.
Tout comme à Varanasi ou à Haridwar, chaque soir, au coucher du soleil, a lieu l’arati, une cérémonie religieuse dédiée au lac, avec une offrande de flammes accompagnée de chants sacrés.
Il y a plus de 400 temples à Pushkar, cependant le temple de Jagatpita est le plus sacré et le plus vénéré d’entre tous car il est le seul temple actif en Inde dédié au dieu Brahma, le créateur de l’univers selon l’hindouisme.
En Inde, tous les dieux et déesses ont de multiples temples qui leur sont consacrés, disséminés aux quatre coins du pays. Mais le dieu Brahma ne doit se contenter que d’un seul temple en Inde, celui de Pushkar.
La raison à cela se trouve dans la mythologie hindoue. On raconte qu’en même temps que Brahma était en train de créer l’univers, il créa aussi une divinité féminine connue sous le nom de Shatarupa. Cette déesse était si belle que Brahma en tomba follement amoureux et il ne cessa de la suivre du regard partout où elle allait.
Shatarupa, gênée par cette extrême attention, tentait d’échapper à son regard en partant dans toutes les directions. Pour continuer à la suivre partout où elle allait, Brahma développa quatre têtes. Désespérée, Shatarupa s’enfuit vers le ciel ; Brahma fit alors pousser une cinquième tête au sommet des quatre autres.
Ce comportement impie du dieu Brahma irrita fortement le seigneur Shiva ; il le réprimanda en coupant sa cinquième tête et en lui interdisant d’être vénéré dans les temples. L’histoire de Brahma rappelle aux croyants de ne pas être trop attachés aux choses matérielles qui sont temporaires, mais plutôt de se concentrer sur le développement du Soi qui est permanent.
La structure actuelle du temple de Jagatpita date du 14e siècle, mais on dit que les origines de ce temple remonteraient à plus de 2000 ans. Ce haut lieu de pèlerinage rassemble des milliers de fidèles lors du festival hindou ‘Kartik Purnima’ au mois d’octobre lors de la fameuse ‘Pushkar Camel Fair‘.
Le temple de la déesse Savriti se trouve au sommet de la colline Ratnagiri surplombant la ville. Le sanctuaire est assez récent (20e siècle) mais la statue de Savitri remonterait au 7e siècle EC.
Pour l’atteindre, il vous faudra grimper environ 600 marches (env. 50 min) ou prendre le téléphérique récemment aménagé. Cela dit, rien ne vaut une petite randonnée, parmi les fidèles Indiens, qui sera amplement récompensée par une superbe vue panoramique sur tout Pushkar. À faire de préférence le matin pour profiter du lever du soleil sur la ville est pour éviter la chaleur caniculaire.
Ce temple trouve son origine dans une légende : on raconte que lorsque le dieu Brahma exécuta un yagna (rituel au feu) au bord du lac de Pushkar, Savitri sa première épouse, ne put venir à temps pour participer au rituel. Brahma exécuta donc le rituel avec une autre déesse, Gayatri, qui devint par la suite la seconde épouse de Brahma. Ceci mit Savitri tellement en colère qu’elle se réfugia au sommet d’une colline autour du lac et s’y établit. Elle obtient ensuite que Brahma qu’elle soit vénérée avant Gayatri. La tradition perdure encore de nos jours. L’arati (offrande de flammes) est d’abord faite à Savitri et ensuite à Gayatri.
Dans les années soixante, l’aura spirituelle et sereine de Pushkar attira nombre d’hippies occidentaux. De nombreux hôtels et restaurants bon marché fleurirent alors tout autour du lac. À l’heure actuelle, la ville accueille toujours de nouvelles générations de hippies qui se mélangent aux touristes de passage et aux fidèles hindous.
Si vous voulez découvrir un autre visage de Pushkar, loin du vacarme touristique, éloignez-vous des rives du lac et de ses bazars et perdez-vous dans les ruelles en haut de la ville. Vous trouverez-là, la vraie vie indienne avec des habitants accueillants, des boutiques authentiques et d’anciennes demeures joliment décorées de fresques.
En retournant vers les rives du lac, on trouve le ‘Old Rangji Temple’, construit en 1823 par Seth Puran Mal Ganeriwal d’Hyderabad, dans l’Andhra Pradesh. Ce temple gracieux est dédié à Rangji, une des incarnations du dieu hindou Vishnou.
Sa particularité est d’être construit dans trois styles architecturaux différents : moghol, rajpoute et dravidien (Inde du Sud). Il est malheureusement interdit aux non-hindous mais vaut le coup d »œil de l’extérieur.
Un autre ‘Rangji temple’ plus récent, se trouve à l’entrée de la ville. Il est également interdit aux étrangers.
Pushkar est également un lieu important pour la communauté sikhe. Elle compte deux Gurdwaras dédiés à Guru Nanak et à Guru Gobind Singh. L’un des ghats de baignade, le Gobind ghat, a été construit à la mémoire de Guru Gobind Singh et marque l’endroit où il a séjourné de 1705 à 1706 après avoir été expulsé d’Anandpur par Aurangzeb, souverain de l’Empire moghol.
À mi-chemin sur la route des temples d’Ajay Pal et d’Ajgandheshwar (voir ci-dessous) on tombe sur une curiosité : l’ashram d’un sadhou que l’on surnomme Aloo Baba, car ses repas ne sont composés que de pommes de terre (‘aloo’ signifie pomme de terre en hindi).
Son ashram, qui comprend plusieurs petits temples, est recouvert de graffitis divers témoignant de l’originalité et du sens de l’humour du sadhou. Beaucoup d’Indiens et d’occidentaux s’arrêtent ici pour passer un peu de temps avec cet ascète très convivial qui n’hésite pas à partager son shilom avec ses visiteurs. 😉
On accède aux temples d’Ajay Pal et d’Ajgandheshwar Mahadeva par une route caillouteuse, sillonnant les monts Avarallis. La balade en elle-même en vaut la peine, les paysages sont de toute beauté et, pour les photographes, vous croiserez aussi plusieurs villages typiques.
Le temple d’Ajay Pal dédié à Shiva a été construit au 11e siècle par Raja Ajay Pal, le fondateur de la ville d’Ajmer, il est posé près d’une rivière où les hindous font leurs ablutions.
Le Temple d’Ajgandheshwar est aussi consacré à Shiva. Il est composé de plusieurs sanctuaires renfermant des Shiva lingams ainsi qu’un emplacement ancien pour les yagams (rituels du feu).
Juste en bas de la route après les temples, un sadhou charismatique a installé son ermitage. Il vous accueille chaleureusement et, si vous avez le temps, il vous montrera des postures de yoga impressionnantes.
La ville d’Ajmer, à 16 km de Pushkar, entoure le lac Anasagar. Cette cité bouillonnante, troisième ville du Rajasthan, est célèbre pour son sanctuaire ‘Sharif Dargah‘ dédié au saint soufi Khwaja Moinuddin Chishti.
Des milliers de pèlerins de toutes confessions viennent s’y recueillir. Le Dargah se compose de plusieurs bâtiments en marbre blanc disposés autour de deux cours et de la mosquée Akbari construite par l’empereur moghol Shah Jahan ; elle contient la tombe en forme de dôme du saint soufi.
Ajmer est aussi connue pour son temple jaïn ‘Soniji Ki Nasiyan’ construit à la fin du 19e siècle.
Ce temple, plutôt simple d’apparence, renferme une salle unique en Inde appelée ‘Swarna Nagari’ ou cité d’or. Cette chambre dorée représentant la cité d’Ayodhya contient pas moins de 1000 kg d’or. Il aura fallu 25 ans pour achever cette réplique de la ville d‘Ayodhya construite selon les descriptions contenues dans l’Adi Purana (ancienne écriture indienne).