La ville de Becharaji est célèbre pour son temple dédié à Bahuchar Mata, déesse de la fertilité et sainte patronne des hijras, les personnes transgenres. C’est aussi l’une des très révérées Sidha Shakti Peetha, un lieu où une partie du corps de la déesse Sati serait tombée et où les voeux sincères des fidèles se voient exaucés.
La ville de Becharaji tire son nom du temple Bahuchar Mata. Bahuchara Mata est une déesse hindoue, une des formes de Durga, fille d’un guerrier de la caste Charan.
La légende raconte qu’elle et ses sœurs étaient parties en voyage quand un maraudeur nommé Bapiya attaqua leur caravane. Chez les hommes et les femmes Charan, la coutume est de ne pas céder à l’ennemi ; Bahuchara et ses sœurs se coupèrent les seins en réponse à l’attaque et maudire Bapiya qui devint impuissant. La malédiction n’était levée que lorsqu’il vénérait Bahuchara Mata en s’habillant et en agissant comme une femme. C’est pour cela qu’aujourd’hui Bahuchara Mata est considérée comme sainte patronne de la communauté hijra en Inde.
Les symboles de Bahuchara Mata sont l’épée, les écritures saintes, le mudra abhay hasta (la main qui bénit) et un trident. Elle est assise sur un coq, qui symbolise l’innocence.
Les hijras désigne, dans la culture indienne, les transgenres. Le terme hijra désigne également la caste ou communauté regroupant les hijras. Les hijras ont difficilement la possibilité de former une vraie famille et même de trouver un travail. Ils vivent la plupart du temps de l’aumône et de la prostitution.
Les hijras sont considérés en Inde avec respect tout autant qu’avec méfiance. Pour les hindous, leur nature unique leur confère un pouvoir de fertilité. Ils assistent, contre rémunération, à des mariages et viennent chanter, danser et bénir le couple nouvellement marié et assurent ainsi que le couple soit fertile. La méfiance vient du fait qu’ils sont également considérés comme capables de jeter le « mauvais œil ».
Le festival Koothandavar est une grande fête qui réunit chaque année les hijras de toute l’Inde. Il se déroule à la pleine lune, pendant 18 jours au mois d’avril et mai, dans le village de Koovagam, à 200 km au sud de Madras, dans le Tamil Nadu. Les hijras viennent y revivre un épisode du Mahabharata.
En avril 2014, la cour suprême indienne a reconnu l’existence d’un ‘troisième genre‘, ni masculin, ni féminin. En reconnaissant leur existence, la cour suprême indienne a contraint l’Inde à donner aux transgenres les mêmes droits que le reste de la population.
Le caractère hautement sacré du temple vient du fait que c’est une Shakti Peetha, les mains de Sati seraient tombées ici. Elle est donc l’une des trois Shakti Peetha du Gujarat avec Ambaji et Kalika à Pavagadh.
Bahucharaji est aussi une Sidha Peetha, un lieu où les voeux sincères des fidèles se voient exaucés. Les parents ne pouvant pas avoir d’enfants et les parents de nouveau-nés ayant un handicap physique viennent faire diverses offrandes et prières à la déesse.
D’un point de vue religieux, ce temple a la même importance que d’autres lieux de culte renommés du Gujarat comme Ambaji, Pavagadh, Dwarka, Somnath, Palitana, Girnar et Dakor.
Je vous recommande vivement d’assister à l’arati du soir (rituel des flammes) quand les chants sacrés inondent le temple accompagnés de percussions frénétiques. Ambiance inoubliable (voir vidéo ci-dessous).
Les véritables hijras sont castrés lors d’une cérémonie d’initiation ; les hijras vivant confortablement de la mendicité, de nombreux hommes se font passer pour des hijras, il ne sont bien sûr pas considérés comme tels.
Bonjour, merci de votre commentaire. En fait les Hijras ne sont pas forcément des eunuques et, au sein des Hijras, il y a plusieurs groupes avec différents rituels. C’est une communauté encore très secrète. Et, pour avoir discuté avec eux à maintes reprises, je peux vous dire qu’ils n’aiment absolument pas mendier, d’ailleurs qui aime mendier ? Ils sont souvent pousser à la mendicité car ils sont encore ostracisés. Par contre, oui, il y a des mafias qui se sont organisées autour des Hijras avec parfois castration forcée. C’est un sujet complexe.